Page histoire : "c'est quoi l'histoire"...
petit rappel :
Il était une fois sur une autre planète….
Alliance
franco-russe
Source :
Vikidia…
Un
vitrail réalisé en 1895, il célèbre l'alliance franco-russe de 1893. Église de
Forcelles-Saint-Gorgon en Meurthe-et-Moselle.
À gauche un soldat français, à droite un soldat russe.
L'alliance franco-russe, est une alliance entre la République
française et l'empire russe. Elle a été définitivement conclue en
1893. Les deux pays cherchaient à sortir de leur isolement diplomatique, face à
l'Allemagne et
à l'Autriche-Hongrie. Cette alliance peut
paraître surprenante, car elle se fait entre la France, régime républicain de
démocratie parlementaire, héritier des traditions révolutionnaires de la Révolution française et du Premier
Empire et la Russie qui est un régime absolutiste et violemment
hostile aux idées issues de la Révolution française.
Complétée par l'Entente
cordiale avec le Royaume-Uni, l'alliance franco-russe donnera naissance à
la Triple Entente, qui sera le noyau du camp dit
des Alliés pendant
la Première Guerre mondiale.
Pendant le gouvernement de Bismarck (1870-1890),
l'Allemagne a toujours entretenu de bonnes relations avec l'empire russe. Il
s'agissait de priver la France d'alliés en Europe afin de l'empêcher de prendre
sa revanche à
la suite de sa défaite de 1871. La Russie
était d'ailleurs désireuse de ne pas favoriser une guerre de revanche, ni de
s'allier à la France, qui est le symbole de tout ce contre quoi luttent les
différents gouvernements russes depuis près d'un siècle, pour le tsar Alexandre
III la République française était un régime « répugnant ».
Les relations Germano-Russes se sont fortement détériorées à
la suite de l'affaire bulgare. En Bulgarie, en 1886, les Russes chassent
un souverain qui veut
prendre de la liberté par rapport à son protecteur russe. Mais il est remplacé
par le candidat de l'Autriche-Hongrie, un prince allemand Ferdinand de Saxe-Cobourg.
Malgré une menace de guerre la Russie doit accepter le fait et n'a plus que
le Monténégro comme
seul allié dans les Balkans.
Par ailleurs, la Russie n'arrive pas à convaincre les
épargnants allemands de souscrire des emprunts russes afin de développer
l'armée et les chemins de fer russes. Les Allemands placent volontiers leurs
capitaux dans l'Turquie, autre adversaire de la Russie. Comme il
n'est pas question d'avoir de l'argent des Britanniques (en rivalité avec la
Russie en Perse et en Afghanistan),
il ne reste que les épargnants français.
De plus avec la mise à l'écart de Bismarck en 1890, l'empereur allemand Guillaume II veut se libérer de l'alliance russe pour conclure une alliance plus étroite avec l'Autriche-Hongrie (qui est la grande rivale de la Russie dans les Balkans). Guillaume II pense que jamais la Russie ne s'alliera avec la France.
À l'époque, la France républicaine fait figure d'exception
dans une Europe où presque tous les pays sont des monarchies. De plus en raison
de son récent passé révolutionnaire, la France inspire beaucoup de méfiance. En
outre du fait de sa politique coloniale en Tunisie, la France a perdu son allié
italien, qui avait aussi des visées sur la Tunisie. L'Italie a rejoint
l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie et forme depuis 1882 l'alliance appelée Triplice. Le
renouvellement de la Triplice est d'ailleurs conclu en mai 1891. Pour pouvoir
envisager une guerre de revanche contre l'Allemagne, la France doit trouver un
allié qui menacerait son adversaire. La Russie est dans cette position, car
elle a des frontières communes avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie.
La France est un pays riche et les épargnants français
disposent d'un « bas de laine » très rempli. Cet argent doit être
placé pour valoriser l'épargne. La Russie offre toutes les garanties nécessaires
pour sécuriser les capitaux qui s'y investiraient, car le régime tsariste
semble inébranlable. De plus, le pays a des besoins considérables pour sortir
du sous-développement industriel et des moyens de transport, sans compter la
modernisation de son armée, qui a des effectifs considérables.
Au cours du XIXe siècle, les relations entre les Français et
les Russes ont souvent été difficiles. Les Français n'ont pas oublié que les
« cosaques campaient sur les Champs-Élysées » en 1814. Beaucoup de
Français, soutiens des patriotes polonais luttant contre la
domination russe, n'ont pas pardonné aux Russes d'avoir violemment fait
« régner l'ordre à Varsovie » en 1830 puis en 1863. Les Russes par
ailleurs n'ont pas oublié l'incendie de Moscou en 1812 et leur
défaite pendant la Guerre de Crimée en 1855 où ils étaient
opposés aux franco-britanniques.
Mais la recherche d'alliance à tous prix, est plus importante
que de revenir sur les oppositions du passé. C'est donc par « petits
pas » que le rapprochement franco-russe se met en place. En mai 1890, la
famille impériale russe, qui réside normalement à Saint-Pétersbourg, visite officiellement une
exposition organisée à Moscou par des industriels français. En août 1890,
le général de Boisdeffre,
sous-chef de l'État-major général français est invité aux manœuvres militaires
russes ... en même temps que l'empereur allemand
Surtout le 25 juillet 1891, une escadre française est reçue
avec tous les honneurs dans le port militaire russe de Cronstadt,
près de Saint-Pétersbourg. Par réciprocité, en octobre 1893, une escadre russe
est reçue triomphalement dans le port militaire de Toulon (c'est un événement
car tout au long du XIXe siècle, une des obsessions de la diplomatie française,
comme celle des Britanniques, était de ne pas permettre à la flotte militaire
russe d'accéder à la mer Méditerranée).Les négociations commencèrent en
1890. Pendant l'été 1891, les deux gouvernements, par un échange de lettres
confirment l'accord. Une convention secrète (portant sur les aspects militaires
et diplomatiques) est signée en août 1892. Le tsar signe officiellement
l'accord fin décembre 1893 et le président français Sadi Carnot en fait de même
début janvier 1904.
La convention était défensive. Si la France était attaquée par
l'Allemagne ou par l'Italie (soutenue par l'Allemagne), la Russie intervient
contre l'Allemagne. Si l'Allemagne ou l'Autriche-Hongrie (soutenue par
l'Allemagne), attaquent la Russie, la France intervient en attaquant
l'Allemagne. La mobilisation totale ou partielle des soldats dans un des États
membres de la Triplice, entrainerait automatiquement la mobilisation générale
en France et en Russie.
Il était prévu que les Russes fourniraient une armée de 700 à
800 000 hommes, la France apporterait 1,3 millions de soldats. L'ouverture
des combats contre l'Allemagne devait se faire sur les deux fronts (à l'ouest
et à l'est) et le plus rapidement possible pour étouffer l'armée allemande
(celle-ci répondra à cette double menace par le plan
Schlieffen)
La France tenta par ailleurs de négocier une convention navale
avec la Russie, cela n'aboutit pas.
Par la suite, et jusqu'à la veille de la première Guerre mondiale, régulièrement
des délégations françaises ou russes sont invitées en visite officielle d'État
ou pendant les manœuvres militaires dans chacun des pays. Pendant la guerre de
1914-1918, les Russes enverront des soldats combattre sur le front français.