La
Nouvelle Jérusalem :
participer
au renouveau de Dieu
en
attendant son accomplissement
Beaucoup de gens pensent que le salut se résume simplement à aller au ciel après leur mort – une évasion personnelle de ce monde vers un monde meilleur. Mais le christianisme orthodoxe enseigne quelque chose de bien plus vaste : le salut ne consiste pas à fuir le monde, mais à le transformer.
Le but ultime n’est pas que nous quittions la terre, mais que Dieu la renouvelle pour en faire le Paradis, la Nouvelle Jérusalem. Cette vision transforme notre compréhension de la vie, de la mort et de l’éternité. Elle enseigne que la Nouvelle Jérusalem fait déjà son apparition dans le monde, mais qu’elle n’est pas encore pleinement là ; nous vivons dans la tension entre le « déjà » et le « pas encore ». Le Paradis n’est pas seulement un lieu spirituel, mais un monde transfiguré, pleinement uni à Dieu. Les saints et les martyrs font déjà l’expérience du Paradis, tandis que nous autres attendons la résurrection et le plein renouveau de la création. En attendant, nous ne nous contentons pas d’attendre ; nous sommes appelés à participer activement à ce renouveau, tout en restant humbles et attentifs au retour du Christ.
La portée
cosmique du salut : pas seulement une question d'âmes
Beaucoup pensent que le salut ne concerne que les âmes
individuelles, mais le christianisme orthodoxe enseigne que le salut est
cosmique : il inclut toute la création. Le péché n’a pas seulement affecté
les êtres humains ; il a perturbé l’harmonie du monde entier. Saint Paul
l’exprime dans sa lettre aux Romains : « Car la création attend avec
un ardent désir la révélation des enfants de Dieu… elle-même sera affranchie de
la servitude de la corruption, et aura part à la liberté de la gloire des
enfants de Dieu » (Romains 8, 19-21). Ce passage révèle que le salut ne
concerne pas seulement les âmes humaines ; il s’agit de guérir le cosmos
tout entier. L’œuvre rédemptrice du Christ ne se limite pas aux
individus ; elle s’étend à toutes choses. Comme l’écrit Paul :
« Par lui [Jésus], Dieu a réconcilié avec lui-même toutes choses, tant sur
la terre que dans les cieux » (Colossiens 1, 19-20). Les Pères de l’Église
font écho à cette vérité. Saint Irénée affirme que le Christ « a récapitulé en
lui-même toute la création, ramenant toutes choses à l’harmonie avec Dieu »,
tandis que saint Athanase affirme que « le même Verbe [Jésus] qui a créé le
monde le renouvelle maintenant ». Le salut ne consiste donc pas seulement à
atteindre le ciel ; il s’agit de Dieu restaurant et transfigurant le cosmos
tout entier.
Qu'est-ce
que le paradis ? Un monde renouvelé, pas un autre endroit
Beaucoup imaginent le Paradis comme un royaume lointain et
éthéré. Mais le christianisme orthodoxe enseigne qu'il ne s'agit pas d'un autre
lieu ; il s'agit plutôt de ce monde transfiguré par la présence de Dieu.
Lors du Second Avènement, les morts ressusciteront avec des corps glorifiés, le
monde sera renouvelé et Dieu habitera pleinement avec sa création. L'Apocalypse
décrit cette réalité : « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle
terre… Et j'entendis une voix forte venant du trône, qui disait : “Voici
le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils
seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux comme leur Dieu” »
(Apocalypse 21:1-3). Ce passage affirme que le but ultime n'est pas notre
départ de la terre, mais la transformation de Dieu en son Royaume. Nous
n'existerons pas comme de simples esprits dans un royaume céleste ; nous
aurons des corps réels, ressuscités, dans un monde glorifié. Saint Maxime le
Confesseur explique que « le Logos [le Christ] désire unir toutes choses en
Lui-même, restaurant le monde dans sa beauté originelle. » La Nouvelle
Jérusalem n’est pas un abandon de la création, mais son accomplissement.
Sommes-nous
déjà au paradis ? La tension du « déjà-pas-encore »
Si certains sont déjà au Paradis, le renouveau complet n'est
pas encore arrivé. Les saints, la Mère de Dieu et les martyrs demeurent déjà en
présence de Dieu, mais eux aussi attendent la résurrection finale de leurs
corps. Cette réalité se reflète dans l'Apocalypse, lorsque saint Jean voit les
âmes des martyrs s'écrier : « Seigneur, jusqu'à quand jugeras-tu et vengeras-tu
notre sang ? » (Apocalypse 6:9-10). Ce passage illustre que les martyrs font
l'expérience de la présence de Dieu, mais attendent encore la restauration
finale de la création. Lors du Second Avènement, tous recevront des corps
glorifiés, et le ciel et la terre seront pleinement unis dans la Nouvelle
Jérusalem.
Comment
vivons-nous ? Maintenir l'équilibre
Puisque la Nouvelle Jérusalem fait déjà irruption dans le
monde, mais n'est pas encore pleinement révélée, nous devons vivre en
équilibre, en conciliant plusieurs perspectives. La tradition mystique
(apophatique) enseigne l'humilité et la prière, nous rappelant que le Royaume
de Dieu dépasse l'entendement humain. Notre rôle est de purifier nos cœurs et
de nous préparer à entrer dans la vie divine, comme l'enseigne saint Grégoire
de Nysse : même dans l'éternité, nous continuerons à grandir dans la vie
infinie de Dieu. La vision liturgique voit l'Église comme la Nouvelle Jérusalem
déjà présente dans le monde. Saint Nicolas Cabasilas décrit la Divine Liturgie
comme une participation directe au Royaume de Dieu, faisant du culte non
seulement un symbole, mais un véritable avant-goût du monde transfiguré. La
perspective eschatologique nous incite à la vigilance et au repentir, comme
l'avertit saint Jean Chrysostome : la Seconde Venue surviendra de manière
inattendue, tel un voleur dans la nuit. Enfin, la vision participative nous
appelle à être des collaborateurs du renouveau de la création. Chaque acte
d'amour, de beauté et de miséricorde contribue à cette transformation. Saint
Maxime le Confesseur enseigne que l’humanité est appelée à unir le ciel et la
terre par son travail créatif et spirituel, et Nikolaï Berdiaev affirme que «
la rédemption de Dieu s’étend à toute la création, appelant l’humanité à la
responsabilité créatrice ».
Vivre en
tant que citoyens de la Nouvelle Jérusalem
L'orthodoxie rassemble toutes ces vérités. Nous ne sommes pas
des spectateurs passifs, mais des participants actifs du renouveau de Dieu.
Nous sommes appelés à veiller, prier, adorer et contribuer à la transformation
du monde. La Nouvelle Jérusalem n'est pas un espoir lointain : c'est une
réalité qui commence maintenant, dans l'Église, dans nos vies et à chaque
instant de grâce divine. Ne nous contentons pas d'attendre la Nouvelle
Jérusalem ; vivons dès maintenant comme ses citoyens, en adorant dans la
liturgie, en prenant soin de la création, en transformant nos vies et en nous
préparant à la transfiguration finale de toutes choses en Christ.
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Le salut
n’est pas individualiste :
il inclut toute la création
Beaucoup de gens considèrent le salut comme un cheminement
personnel : « être sauvé » et accéder au paradis. Mais dans le
christianisme orthodoxe, le salut est bien plus vaste. Il s'agit du
renouvellement du cosmos tout entier, et pas seulement de l'accès au paradis
pour des individus.
Le plan de Dieu n'est pas seulement de sauver les âmes
humaines, mais de racheter, de sanctifier et de restaurer tout ce qui a été
brisé par le péché, en le ramenant en harmonie avec Lui. Cela inclut les
humains, la terre et toute la création.
1. La
vision biblique du salut cosmique
Saint Paul le dit clairement lorsqu’il dit :
« Car la création attend avec un ardent désir la révélation
des enfants de Dieu… et elle-même sera affranchie de la servitude de la
corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. »
(Romains 8:19-21)
Cela
signifie:
• La création elle-même souffre à cause du péché – pas
seulement les humains, mais le monde entier a été affecté.
• Lorsque le Christ sauve l’humanité, il sauve également la création.
• Le but final du salut n’est pas seulement d’aller au ciel, mais le
renouvellement complet de l’univers.
Cette idée est présente dans toute l’Écriture :
•
Colossiens 1:19-20 :
« Dieu a réconcilié avec lui-même toutes choses, tant celles qui sont sur la
terre que celles qui sont dans les cieux. »
Cela nous dit que le salut est pour toutes choses, pas seulement pour les
personnes.
• Apocalypse 21:1 :
« Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la
première terre avaient disparu. »
La Bible enseigne que Dieu ne détruit pas le monde, mais le renouvelle.
Ainsi, le salut n’est pas une évasion du monde, c’est la
guérison et la transfiguration du monde.
2. Ce
qu'enseignent les Pères de l'Église
L’Église primitive comprenait le salut comme la restauration
du cosmos tout entier.
Saint
Irénée de Lyon (IIe siècle) :
« Le Christ a récapitulé en lui-même la création entière, rétablissant toutes
choses dans leur harmonie originelle avec Dieu. »
( Contre les hérésies, livre 5 )
Cela signifie que le Christ n’est pas venu seulement pour sauver des individus,
il est venu pour tout restaurer.
Saint
Athanase le Grand (IVe siècle) :
« Le renouvellement de la création a été l’œuvre du même Verbe qui l’a faite au
commencement. Ainsi, l’œuvre de la rédemption est aussi l’œuvre de la
recréation. »
( Sur l’Incarnation )
Le salut ne consiste pas à abandonner le monde, mais à le refaire.
Saint
Maxime le Confesseur (VIIe siècle) :
« Le Logos [le Christ] désire unir toutes choses en Lui-même, en restaurant le
monde dans sa beauté originelle et en mettant toute la création en harmonie
avec Dieu. »
( Ambiguum 7 )
Le péché a causé la division et la corruption, mais le salut du Christ guérit
et unit toutes choses.
Saint
Isaac le Syrien (VIIe siècle) :
« Ne croyez pas que la miséricorde de Dieu s'adresse uniquement aux hommes. La
création tout entière sera également restaurée dans son ordre. »
L'amour et la miséricorde de Dieu s'étendent à l'univers tout entier, et pas
seulement aux êtres humains.
C’est pourquoi le christianisme orthodoxe rejette l’idée selon
laquelle le salut se résume à « moi et Jésus ». Il s’agit de la guérison de
toutes choses en Christ.
3.
Comment le salut inclut-il la création ?
Si le salut inclut toute la création, comment cela se
produit-il ?
A. La
chute de l'humanité a affecté toute la création
Lorsqu’Adam et Ève sont tombés, ils ont brisé non seulement
leur propre âme, mais aussi l’harmonie de toute la création.
Genèse 3:17-19 dit que la terre fut maudite à cause du péché,
et que la mort entra dans le monde.
C’est pourquoi la nature elle-même est déchue, pourquoi nous
voyons la destruction, la souffrance et la mort dans le monde.
Ainsi, lorsque le Christ guérit l’humanité, il guérit
également la création elle-même, car les deux sont liés.
B. La
résurrection du Christ est le début de la nouvelle création
Lorsque le Christ est ressuscité des morts, il n’a pas
seulement sauvé des âmes : il a commencé le renouvellement de la création
elle-même.
Son corps glorifié est la première partie de la « nouvelle
création » qui sera pleinement révélée à la fin des temps.
La Transfiguration du Christ (Matthieu 17:1-2) a donné un
aperçu de ce à quoi ressemblera la création lorsqu’elle sera pleinement
renouvelée.
Les Pères de l’Église disent que le monde entier sera «
transfiguré » de la même manière que le Christ l’a été lors de la Résurrection.
C. Le
renouvellement final de toutes choses
Lors de la Seconde Venue, le monde ne sera pas détruit mais
transformé.
Apocalypse 21:1 parle d’un nouveau ciel et d’une nouvelle
terre.
La terre sera purifiée, guérie et renouvelée, et l’humanité y
vivra avec des corps ressuscités.
Comme le dit Nikolaï Berdiaev :
« Le salut a une portée cosmique ; il ne peut se limiter
aux seules âmes individuelles. La rédemption de Dieu s'étend à toute la
création, appelant l'humanité à une responsabilité créatrice. »
( Le sens de l'acte créateur )
Cela signifie que nous n’attendons pas seulement le ciel :
nous sommes appelés à participer au renouveau de la création.
4. Ce que
cela signifie pour nous
Si le salut n’est pas seulement personnel, mais cosmique,
alors nous avons un rôle à jouer dès maintenant dans ce renouveau.
Voici comment :
1.
L'adoration et la prière aident à établir le Royaume maintenant
La Divine Liturgie est déjà une participation à la Nouvelle
Création.
Chaque fois que nous prions, adorons et recevons la communion,
nous apportons la présence de Dieu dans le monde.
2. L'amour
et le pardon aident à guérir le monde
Chaque fois que nous pardonnons au lieu de haïr, nous nous
rapprochons du Royaume.
Lorsque nous servons les pauvres, aidons les faibles et
faisons preuve de miséricorde, nous participons au renouveau du monde par Dieu.
3. Prendre
soin de la création montre notre rôle dans le salut
Si Dieu renouvelle la création, nous devons la respecter
maintenant.
Saint Éphrem le Syrien appelait le monde « une icône vivante
de Dieu ».
Les saints orthodoxes comme saint Séraphin de Sarov vivaient
en harmonie avec la nature dans le cadre de leur vie spirituelle.
4. Vivre
une vie sainte nous prépare à la nouvelle création
Lorsque nous combattons le péché et grandissons dans la
sainteté, nous nous alignons sur le plan de renouveau de Dieu.
Saint Syméon le Nouveau Théologien dit : « Quand nous le
verrons, nous deviendrons semblables à lui ; notre humanité sera entièrement
imprégnée de la beauté divine. »
Conclusion
:
Le salut est un événement cosmique, et nous en faisons partie
Le salut ne concerne pas seulement les individus : il s’agit
du renouvellement de toute la création en Christ.
Les saints enseignent que le ciel et la terre seront unis et
que toutes choses seront restaurées.
Nous n’attendons pas simplement que cela se produise : nous
sommes appelés à y participer.
Alors prions, aimons, pardonnons et prenons soin du monde, car
Dieu fait toutes choses nouvelles et nous faisons partie de son plan.
+++
Publié par le Père Charles Joiner