mercredi 24 novembre 2021

 

Métanies et culte


Un article de : Père Paul Siladi - 24 novembre 2021

source : Ziarul Lumina - Primul cotidian creştin din România

L'homme est corps et âme. Cela signifie qu'aucune de ses actions ne peut être exclusivement corporelle ou exclusivement spirituelle. Il y a une composante physique et corporelle de toutes les actions de l'âme et, inversement, chaque mouvement de l'âme peut impliquer le corps d'une manière ou d'une autre. La coupure qui sépare l'âme du corps n'est pas nette et pure, au contraire. On peut aller jusqu'à dire qu'on ne sait pas où finit le corps et où commence l'âme.

La modernité aime les distinctions et les séparations, ce qu'elle fait souvent de manière totalement brutale. C'est aussi l'une des sources des illusions contemporaines. Une telle illusion (ou peut-être vaudrait-il mieux l'appeler tentation directe) est du spiritisme. J'entends par là la croyance (qui vient rarement à être formulée comme telle) que la vie de l'esprit est quelque chose de ponctuel, lié uniquement à l'âme (avec l'esprit, l'émotion, le cœur), que la religion et la foi sont des réalités antagonistes et ainsi de suite . L'orthodoxie, en revanche, conserve sa vision holistique. Les distinctions ne sont pas niées ou réfutées, mais intégrées et harmoniquement surmontées. Le fer de lance de cette transcendance est la prière, dans laquelle se rassemble tout l'homme. Dans la prière, l'esprit traverse la matière, l'imprègne et enfin la transfigure.

Dans son parcours historique, le christianisme s'accompagne, comme une ombre permanente, des doctrines gnostiques en mosaïque, qui gardent le dualisme comme fil rouge. C'est-à-dire qu'ils ont en commun la croyance en la séparation radicale et violente entre l'esprit et la matière, expressions temporelles de principes coéternels, dans une emprise permanente : le bien et le mal. L'ombre du gnosticisme a, dans l'histoire, été plus dense ou plus claire, mais elle n'a jamais complètement disparu. En opposition au dualisme, la vision chrétienne holistique est de plus en plus esquissée. De cette compréhension naît l'ascèse, dont le but est la transfiguration du corps et non sa mortification.

Le premier pas vers la transfiguration est l'implication du corps dans la prière et, plus généralement, l'implication spirituelle du corps à travers l'adoration, les métanies et le jeûne.

Si nous impliquons aussi le corps dans la prière, nous devenons encore plus conscients de notre propre humanité, avec ses faiblesses et ses réalités les plus diverses. Souvent, le corps s'avère être un poids qui nous maintient les pieds sur terre. De cette façon, nous sommes libérés des illusions. Nous prenons conscience de nos propres limites et commençons à apprendre, pas à pas, l'humilité.