mercredi 27 mai 2020


CE QUI SERAIT VRAIMENT INQUIÉTANT




Un vécu biblique –

La prière est liée aujourd’hui à l’expérience de l’épreuve permise par Dieu comme dans la Bible. Ce qui nous est donné de vivre est une situation biblique. Nous sommes le Peuple de Dieu, et nous recevons de sa part un message paternel : les fléaux,  phénomènes fréquents dans l’histoire du monde, sont permis par le Créateur et nous parlent. Mais « l’homme stupide ne les connaîtra pas, et l’insensé ne pourra les comprendre ! » (Ps. 91, 7). Au temps de Noé, Dieu permit le fléau du déluge. A nous d’être, confinés comme dans l’Arche, préservés de la destruction. « Va, mon peuple, entre dans tes chambres, ferme la porte, cache-toi un peu de temps, jusqu’à ce que soit passée la colère du Seigneur » (Is. 26, 20).

L’intercession

Nous supplions le Seigneur d’épargner nos familles, notre peuple, nos enfants et même nos ennemis. Moïse détourna la colère de Dieu en se dressant devant lui (Ps. 105) et Phinéas « se leva et obtint le pardon et le fléau s’arrêta » (Ps 105, 30) : dans toutes nos communautés, de la sainte Montagne à nos humbles paroisses, des supplications s’élèvent vers le Seigneur. Nous lui demandons d’arrêter « par son bras miséricordieux » le fléau qui frappe les peuples !

L’action de grâce

Mais nous remercions le Seigneur. Dans cette épreuve, nous comprenons bien qu’Il est présent, qu’Il a un plan pour nous, pour l’Église et pour la société civile. Rendre grâce à Dieu dans la pandémie c’est confesser avec foi sa présence et chercher à entendre le message qu’Il nous adresse : « Écoute, Israël ! » Le Seigneur nous offre un carême véritable car tous voient la coïncidence providentielle entre le temps liturgique et l’heure du fléau. « Gloire à toi, notre Dieu, gloire à toi ! » Nous acceptons son projet ; nous adhérons au message paternel qu’Il nous adresse. Nous sommes des adultes responsables. Tout semble nous être retiré, ce qui relève du pouvoir – institution ecclésiastique, force économique, règne de nos idoles d’argent et de confort. Et Dieu nous propose un chemin d’intelligence et de réconciliation avec lui, avec sa Création et avec nous-mêmes.

Le repentir

« Repentez-vous »: tel est le message apporté par la pandémie – nous remettre en question de fond en comble ; réviser complètement notre conception de la société ; revoir à fond notre comportement d’Église et reconnaître à quel point nous sommes loin de la vérité. Qui osera dénoncer notre compromission avec le monde, l’obsession de l’institution ecclésiale d’être reconnue et soutenue par l’État ? Dieu nous le dit à travers le fléau : redressez la tête ; corrigez vos pensées ; rectifiez votre comportement… Écoutons la parole des prophètes… Ce n’est pas un accident ; nous ne sommes pas des bébés qui se plaignent. Supplions Dieu de nous montrer nos erreurs. Il nous exaucera et nous donnera des larmes de repentir.

L’impénitence

Nous manquons d’humilité ; nous manquons de pénitence ; nous cherchons à contourner l’épreuve au lieu de l’affronter. Posons-nous plutôt la question : qu’avons-nous fait ? Qu’ai-je fait, moi, pour qu’on en soit là ?    Très alarmant est le fait que le fléau ne nous conduise pas au repentir, à nous couvrir de sac et de cendre. Qu’est-ce que Dieu pourra trouver pour nous réveiller si cette épreuve ne sert à rien ? Dans le souci chrétien de maintenir le culte et l’institution, nous ne reconnaissons pas l’accent des prophètes qui savaient avertir Israël du message que le Seigneur délivrait à travers les grandes épreuves historiques. C’est extrêmement inquiétant. Si nous ne nous repentons pas, ce sera terrible : que fera Dieu alors pour nous montrer sa volonté et le chemin de notre Salut ?

De la miséricorde à la colère

Si nous ne nous réformons pas en profondeur à l’occasion providentielle de ce fléau, Dieu nous abandonnera à nous-mêmes, ce qu’on appelle la colère de Dieu : le christianisme disparaîtra, comme une idéologie, un pouvoir politico religieux, parce qu’il n’aura pas été capable d’entendre. Ce que nous vivons actuellement, c’est la miséricorde de Dieu qui nous avertit; mais elle ne touche pas notre conscience. Redoutons sa colère. Aurons-nous des oreilles pour entendre ce que Dieu dit à son Eglise? Nos pasteurs sauront-ils assumer l’esprit des prophètes? Y a-t-il dans le Peuple cet « homme au cœur profond” dont parle le psaume 63 et par qui Dieu et sa sagesse miséricordieuse seront exaltées?

Source: Sagesse orthodoxe

lundi 11 mai 2020


PANDÉMIE ET DISCERNEMENT DES PENSÉES

Sagesse-Orthodoxe

La vigilance 

Les Pères du désert, depuis saint Antoine, ont fait l’expérience du discernement des pensées et de la garde du cœur. Ils ont parlé de vigilance, à la suite de l’apôtre Pierre : « soyez sobres, veillez ! Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi » (1 Pi 5, 8).  Très actuelle, en ce temps d’épreuve, la garde des pensées… Examinons nos pensées. Discernons les pensées. Choisissons les pensées… Toutes sortes de messages nous parviennent par les médias et les réseaux sociaux, telle information et son contraire, certaines alarmistes, certaines rassurantes, d’un extrême à l’autre…

Le tourment des pensées

Ne nous laissons pas entraîner à droite et à gauche… messages conspirationnistes ou messages lénifiants… Certaines fois nous sommes persécutés par des pensées d’angoisse, de peur des jours qui viennent, des menaces d’oppression ou de nouvelles épidémies, la peur nous menace, cette peur qui est l’instrument de tous les despotismes, “j’ai passé les nuits sans sommeil… tout le jour mes ennemis m’outragent…”, dit le Prophète (Ps 101). Persécution, tourment des pensées négatives qui nous font voir des ennemis partout, qui nous font soupçonner tout, tous et chacun, qui nous feraient douter de Dieu lui-même!

La pensée divine

Cherchons surtout la pensée divine. “La pensée de l’homme te confessera”, dit le Prophète (Ps. 75).  Gardons le cap de la foi droite en Dieu et en sa parole: “Dieu est le roi de toute la terre” (Ps 46). Surveillons nos pensées: “dès le matin je mettais à mort tous les pécheurs de la terre afin d’exterminer de la cité du Seigneur tous ceux qui commettent l’iniquité” (Ps 100).

Deux lectures pour ce verset :

– la déviation de notre pensée qui, dès le matin, commence à vouloir tuer tout le monde… Le verset cité est une espèce d’auto portrait de notre conscience…

– la juste attitude qui consiste à détruire (“mettre à mort”, “exterminer”) les pensées négatives (“tous les pécheurs”) qui envahissent notre conscience (“la terre”) et notre cœur (“la cité du Seigneur”). Cela consiste justement à mettre à mort les pensées de mort, les jugements, les condamnations, les soupçons… Pourquoi ? – parce que le Seigneur nous enseigne le non jugement à l’égard des personnes, et que, d’autre part, Il nous dit : « Pourquoi cette peur, gens de peu de foi ? » (Mat 8, 26) et encore : « Courage ! Je suis là ! » (Marc 6, 50). La pensée divine nous rappelle sa présence et sa seigneurie.

Le choix des pensées

Nous avons la liberté de penser. Toute la tradition ascétique enseigne et prouve que l’homme peut choisir ses pensées. Lisons un peu la Philocalie… Lisons un peu saint Jean Cassien. Comment exercer cette liberté – en refusant l’entrée à ces pensées ou en les chassant, en les remplaçant, surtout, par des pensées divines ; en pratiquant la louange… et l’amour des ennemis, gage de résurrection !

Cultivons des pensées nobles, généreuse, créatrices, intelligentes, prometteuses, qui se rapportent à la royauté du Seigneur: “le Seigneur rebâtira Sion, et on le verra dans sa gloire” (Ps. 101); “au principe, Seigneur, Tu as fondé la terre, et les cieux sont l’oeuvre de tes mains… Tu demeures… Tu restes le même, et tes années ne passeront point” (Ps. 101)

Que pense Dieu ?

Disons tous les jours le canon du dimanche précédent (des Myrrhophores, du Paralytique, etc.) pour nous imprégner de la pensée divine. Pensons à Dieu ; interrogeons-nous sur ce que pense Dieu ; réfléchissons à la pensée divine car les pensées des hommes, souvent, “sont vaines” (Ps.93, 11). Au contraire, “la nuit je peinais en mon cœur et mon esprit cherchait à comprendre”, dit le Prophète (Ps. 76).
Einstein, ce grand homme de science disait: “Je veux savoir comment Dieu a créé le monde, je ne suis pas intéressé par tel ou tel phénomène, par le spectre de tel ou tel élément. Je veux connaître ses pensées, le reste n’est que détails.” — Albert Einstein, cité dans «Une conversation avec Einstein» de E. Salaman,(1955) 370-371.

dimanche 3 mai 2020


Homélie de Père Elie de Terrasson-LavilleDieu 
pour le Dimanche de Thomas



Père Elie
Le 25 avril 202
            Huit jours après Pâques plusieurs enquêtent encore, plus ou moins discrètement, pour savoir s’il y a eu du monde au monastère pour célébrer Pâques, malgré le « confinement » rigoureux.
Eh bien après tout, pourquoi vous cacherais-je la vérité ? Oh que oui, il y avait du monde ! Et du beau monde ! Vous voulez des noms ?
            Attendez un peu, après une longue introduction, que je crois nécessaire,  je vais vous en révéler quelques-uns. Vos investigations pourtant m’étonnent : quoi ! Vous ne les avez pas vus ?

La Liturgie pascale sur le monde

Ou : Pâques 2020 au monastère de la Tansfiguration

Cela ne s’était jamais produit depuis 2000 ans : ce que les grands empereurs romains persécuteurs n’avaient pas réussi à faire, les Néron, Domitien, Trajan, Adrien, Antonin, Marc-Aurèle, Septime-Sévère, Maximin le Thrace, Dèce, Valérien, Aurélien, Dioclétien et Maximin, Julien l’Apostat… ce à quoi n’étaient pas parvenus les Sarrasins et les Seldjoukides, les Jacobins et les Bolcheviques, ni les régimes issus de la Grande Révolution maoïste et celle de Khmers Rouges, le « Nouvel-Ordre Mondial », lui, a réussi. Nikos Kazantzakis avait écrit « le Christ recrucifié », nous attendons qu’un auteur génial écrive une relation historique intitulée : « Le Christ reconfiné ».

Certes, des persécutions il y en a eu ; et il y en a de plus en plus !!! Certaines ouvertes, d’autres clandestines, toujours larvées. Des prêtres ont été déportés, des églises ont été détruites ou fermées, des chrétiens ont été arrêtés, torturés, pendus, empalés, égorgés, et cela continue ! L’éducation religieuse a été brimée, les écoles fermées, les œuvres caritatives interdites, les léproseries, les hôpitaux et les hospices spoliés, les biens des Églises confisqués et vendus, dilapidés. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Mais, même appliquées à grande échelle, ces persécutions restaient locales. Dans d’autres contrées, l’Église chrétienne vivait, se développait ou vivotait, survivait, espérait ; respirait.

En l’an 33, Jésus crucifié et mort sur la croix a été enfermé, sous scellés officiels, dans une chambre sépulcrale. Il a été « mis en confinement » dans le creux d’un rocher, gardé par des soldats mandatés et soudoyés pour qu’on ne puisse pas Le dérober ! Peine perdue, comme on le sait aujourd’hui dans le monde entier, personne ne L’a dérobé : Il s’est soustrait tout seul à la mort en ressuscitant ! Ouch ! Incroyable, mais vrai ! Et maintenant Il vit ! (mais autrement et presque imperceptiblement…) Mais voilà, deux mille ans après, Il a été « re-confiné », pas en un lieu seulement, en une région ou en un pays, mais presque, nous osons à peine le dire tout bas, mondialement. « On » aurait voulu que ce fût universellement !