jeudi 11 avril 2024

 

Assemblée des évêques orthodoxes 

de France :

 Déclaration sur la constitutionnalisation

de l’IVG et fin de vie !

COMMUNIQUÉ DÉCLARATIONS FRANCE

11 avril 2024 par Jivko Panev



La réunion périodique des évêques orthodoxes de France s’est tenue le jeudi 4 avril 2024 sous la présidence du métropolite Dimitrios de France (Patriarcat œcuménique), au siège de l’AEOF. Diverses informations ont été échangées sur la vie des diocèses en France et les sujets d’intérêt commun.

Les évêques ont évoqué plus particulièrement, les inquiétudes qui se sont exprimées en France à l’occasion de l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Préoccupés de même par les interrogations suscitées par la réforme en préparation de l’accompagnement de la fin de vie, les évêques orthodoxes de France ont adopté une Déclaration qui revient sur l’impact des réformes dites sociétales sur les équilibres éthiques et anthropologiques de nos sociétés, et sur le socle de leurs valeurs pluriséculaires.

Les évêques orthodoxes de France expriment leur solidarité avec le peuple de Russie qui a été visé en mars dernier par une attaque sanglante à Moscou. Les évêques orthodoxes de France condamnent de nouveau les guerres meurtrières et destructrices qui se poursuivent au Proche Orient et en Ukraine. Ils sont très préoccupés par la situation humanitaire tragique de la population civile à GAZA qui continue à payer le prix fort en dignité et en vie humaine, en raison d’un blocus intolérable et de bombardements extrêmement destructeurs et meurtriers. Ils appellent l’ONU et la communauté internationale à agir pour imposer un cessez-le-feu immédiat pour faire cesser cette tragédie insoutenable, pour soulager les populations civiles meurtries, et permettre la libération des otages et des prisonniers, ouvrant la voie à un chemin de dialogue et de pacification, prélude à un règlement juste et définitif de ces litiges.

Déclaration des évêques orthodoxes de France
sur la constitutionnalisation de l’IVG et la fin de vie 04 avril 2024

Le 4 mars dernier, le Congrès du Parlement en France a procédé à la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Selon plusieurs spécialistes de droit constitutionnel en France, cette entreprise n’était pas nécessaire, le Conseil Constitutionnel ayant déjà pris des décisions protégeant le dispositif de la Loi VEIL qui introduisait en 1974 un droit à l’avortement, tout en préservant, par la clause dite de « conscience », la liberté des praticiens. En arrière-fond de la sanctuarisation constitutionnelle, se trouvaient les craintes suscitées aux Etats-Unis à la suite de l’arrêt de la Cour suprême des États-Unis de juin 2022 infirmant dans la Constitution américaine, la reconnaissance d’un droit implicite d’avorter.

Plusieurs voix se sont élevées en France pour s’opposer par conviction à cette constitutionalisation, ou pour éviter l’affaiblissement de la Constitution par l’introduction pêle-mêle de certaines mesures sociétales à l’exclusion d’autres. Devenue effective, cette inscription de l’IVG dans la Constitution, non seulement heurte la foi de millions de français, mais suscite aussi de nombreuses interrogations et inquiétudes quant au cadre dans lequel s’exercera cette liberté garantie par la Constitution, et si elle sera en rupture avec l’équilibre qui mettait sur le même plan dans la Loi VEIL, le droit à l’avortement et la clause de conscience des praticiens.

Le pouvoir politique s’apprête de même, à franchir un nouveau Rubicon en introduisant en France, sous couvert du masque sémantique de l’aide à mourir, une forme d’euthanasie, légalisant ainsi un droit de se donner la mort dans un cadre qui viendrait contraindre médecins et personnels soignants, à y participer. Il s’agit là encore, d’un changement de paradigme qui fait passer la France du cadre législatif équilibré de l’accompagnement de la fin de vie, institué par les lois LEONETTI-CLAEYS, à celui de l’accompagnement pour donner la mort. Une telle mutation est non seulement préoccupante mais suscite aussi bien des interrogations, tant existentielles qu’éthiques et médicales.

Que ce soit dans les cas d’avortement, ou bien dans ceux de la fin de vie, il s’agit toujours, de terribles épreuves humaines de vie qui affectent des personnes en souffrance et leur entourage familial et amical. Les chrétiens ne peuvent être indifférents à ces souffrances qui doivent susciter chez eux une profonde compassion, et les engager dans une écoute pastorale attentive et aimante, et dans un accompagnement par la prière, et un soutien moral et spirituel, marqués par l’impératif évangélique du soin de l’autre.

Or les réformes dites sociétales, de la constitutionnalisation de l’IVG à l’ambiguïté normative de l’aide à mourir, érigent en norme supérieure, des situations d’exception au détriment des valeurs de la vie. En cela, elles provoquent un renversement des valeurs, et une transformation radicale des paradigmes. Il y a là une véritable entreprise de régression humaine qui abolit progressivement la valeur intrinsèque de la vie.

Sous couvert de progressisme et d’égalitarisme, ces réformes sociétales ne se préoccupent pas, en réalité, du soin de l’autre, mais en disent long, au contraire, sur cette inversion normative et éthique qui est à l’œuvre aujourd’hui dans nos sociétés. Marque de notre époque qui tend à normaliser les situations d’exception, cette inversion met en œuvre progressivement une éthique détachée de toute transcendance.

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