lundi 11 mai 2020


PANDÉMIE ET DISCERNEMENT DES PENSÉES

Sagesse-Orthodoxe

La vigilance 

Les Pères du désert, depuis saint Antoine, ont fait l’expérience du discernement des pensées et de la garde du cœur. Ils ont parlé de vigilance, à la suite de l’apôtre Pierre : « soyez sobres, veillez ! Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi » (1 Pi 5, 8).  Très actuelle, en ce temps d’épreuve, la garde des pensées… Examinons nos pensées. Discernons les pensées. Choisissons les pensées… Toutes sortes de messages nous parviennent par les médias et les réseaux sociaux, telle information et son contraire, certaines alarmistes, certaines rassurantes, d’un extrême à l’autre…

Le tourment des pensées

Ne nous laissons pas entraîner à droite et à gauche… messages conspirationnistes ou messages lénifiants… Certaines fois nous sommes persécutés par des pensées d’angoisse, de peur des jours qui viennent, des menaces d’oppression ou de nouvelles épidémies, la peur nous menace, cette peur qui est l’instrument de tous les despotismes, “j’ai passé les nuits sans sommeil… tout le jour mes ennemis m’outragent…”, dit le Prophète (Ps 101). Persécution, tourment des pensées négatives qui nous font voir des ennemis partout, qui nous font soupçonner tout, tous et chacun, qui nous feraient douter de Dieu lui-même!

La pensée divine

Cherchons surtout la pensée divine. “La pensée de l’homme te confessera”, dit le Prophète (Ps. 75).  Gardons le cap de la foi droite en Dieu et en sa parole: “Dieu est le roi de toute la terre” (Ps 46). Surveillons nos pensées: “dès le matin je mettais à mort tous les pécheurs de la terre afin d’exterminer de la cité du Seigneur tous ceux qui commettent l’iniquité” (Ps 100).

Deux lectures pour ce verset :

– la déviation de notre pensée qui, dès le matin, commence à vouloir tuer tout le monde… Le verset cité est une espèce d’auto portrait de notre conscience…

– la juste attitude qui consiste à détruire (“mettre à mort”, “exterminer”) les pensées négatives (“tous les pécheurs”) qui envahissent notre conscience (“la terre”) et notre cœur (“la cité du Seigneur”). Cela consiste justement à mettre à mort les pensées de mort, les jugements, les condamnations, les soupçons… Pourquoi ? – parce que le Seigneur nous enseigne le non jugement à l’égard des personnes, et que, d’autre part, Il nous dit : « Pourquoi cette peur, gens de peu de foi ? » (Mat 8, 26) et encore : « Courage ! Je suis là ! » (Marc 6, 50). La pensée divine nous rappelle sa présence et sa seigneurie.

Le choix des pensées

Nous avons la liberté de penser. Toute la tradition ascétique enseigne et prouve que l’homme peut choisir ses pensées. Lisons un peu la Philocalie… Lisons un peu saint Jean Cassien. Comment exercer cette liberté – en refusant l’entrée à ces pensées ou en les chassant, en les remplaçant, surtout, par des pensées divines ; en pratiquant la louange… et l’amour des ennemis, gage de résurrection !

Cultivons des pensées nobles, généreuse, créatrices, intelligentes, prometteuses, qui se rapportent à la royauté du Seigneur: “le Seigneur rebâtira Sion, et on le verra dans sa gloire” (Ps. 101); “au principe, Seigneur, Tu as fondé la terre, et les cieux sont l’oeuvre de tes mains… Tu demeures… Tu restes le même, et tes années ne passeront point” (Ps. 101)

Que pense Dieu ?

Disons tous les jours le canon du dimanche précédent (des Myrrhophores, du Paralytique, etc.) pour nous imprégner de la pensée divine. Pensons à Dieu ; interrogeons-nous sur ce que pense Dieu ; réfléchissons à la pensée divine car les pensées des hommes, souvent, “sont vaines” (Ps.93, 11). Au contraire, “la nuit je peinais en mon cœur et mon esprit cherchait à comprendre”, dit le Prophète (Ps. 76).
Einstein, ce grand homme de science disait: “Je veux savoir comment Dieu a créé le monde, je ne suis pas intéressé par tel ou tel phénomène, par le spectre de tel ou tel élément. Je veux connaître ses pensées, le reste n’est que détails.” — Albert Einstein, cité dans «Une conversation avec Einstein» de E. Salaman,(1955) 370-371.