PANDÉMIE
ET DISCERNEMENT DES PENSÉES
Sagesse-Orthodoxe
La
vigilance
Les Pères du désert, depuis saint Antoine, ont fait
l’expérience du discernement des pensées et de la garde du cœur. Ils ont parlé
de vigilance, à la suite de l’apôtre Pierre : « soyez sobres,
veillez ! Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde,
cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi » (1 Pi 5,
8). Très actuelle, en ce temps d’épreuve, la garde des pensées… Examinons
nos pensées. Discernons les pensées. Choisissons les pensées… Toutes sortes de
messages nous parviennent par les médias et les réseaux sociaux, telle
information et son contraire, certaines alarmistes, certaines rassurantes, d’un
extrême à l’autre…
Le
tourment des pensées
Ne nous laissons pas entraîner à droite et à gauche… messages
conspirationnistes ou messages lénifiants… Certaines fois nous sommes
persécutés par des pensées d’angoisse, de peur des jours qui viennent, des
menaces d’oppression ou de nouvelles épidémies, la peur nous menace, cette peur
qui est l’instrument de tous les despotismes, “j’ai passé les nuits sans
sommeil… tout le jour mes ennemis m’outragent…”, dit le Prophète (Ps 101).
Persécution, tourment des pensées négatives qui nous font voir des ennemis
partout, qui nous font soupçonner tout, tous et chacun, qui nous feraient
douter de Dieu lui-même!
La pensée
divine
Cherchons surtout la pensée divine. “La pensée de l’homme te
confessera”, dit le Prophète (Ps. 75). Gardons le cap de la foi droite en
Dieu et en sa parole: “Dieu est le roi de toute la terre” (Ps 46). Surveillons
nos pensées: “dès le matin je mettais à mort tous les pécheurs de la terre afin
d’exterminer de la cité du Seigneur tous ceux qui commettent l’iniquité” (Ps
100).
Deux lectures pour ce verset :
– la déviation de notre pensée qui, dès le matin, commence à
vouloir tuer tout le monde… Le verset cité est une espèce d’auto portrait de
notre conscience…
– la juste attitude qui consiste à détruire (“mettre à mort”,
“exterminer”) les pensées négatives (“tous les pécheurs”) qui envahissent notre
conscience (“la terre”) et notre cœur (“la cité du Seigneur”). Cela consiste
justement à mettre à mort les pensées de mort, les jugements, les
condamnations, les soupçons… Pourquoi ? – parce que le Seigneur nous
enseigne le non jugement à l’égard des personnes, et que, d’autre part, Il nous
dit : « Pourquoi cette peur, gens de peu de foi ? » (Mat 8,
26) et encore : « Courage ! Je suis là ! » (Marc
6, 50). La pensée divine nous rappelle sa présence et sa seigneurie.
Le choix
des pensées
Nous avons la liberté de penser. Toute la tradition ascétique
enseigne et prouve que l’homme peut choisir ses pensées. Lisons un peu la
Philocalie… Lisons un peu saint Jean Cassien. Comment exercer cette liberté –
en refusant l’entrée à ces pensées ou en les chassant, en les remplaçant,
surtout, par des pensées divines ; en pratiquant la louange… et l’amour
des ennemis, gage de résurrection !
Cultivons des pensées nobles, généreuse, créatrices,
intelligentes, prometteuses, qui se rapportent à la royauté du Seigneur: “le
Seigneur rebâtira Sion, et on le verra dans sa gloire” (Ps. 101); “au principe,
Seigneur, Tu as fondé la terre, et les cieux sont l’oeuvre de tes mains… Tu
demeures… Tu restes le même, et tes années ne passeront point” (Ps. 101)
Que pense
Dieu ?
Disons tous les jours le canon du dimanche précédent (des
Myrrhophores, du Paralytique, etc.) pour nous imprégner de la pensée divine.
Pensons à Dieu ; interrogeons-nous sur ce que pense Dieu ;
réfléchissons à la pensée divine car les pensées des hommes, souvent, “sont
vaines” (Ps.93, 11). Au contraire, “la nuit je peinais en mon cœur et mon
esprit cherchait à comprendre”, dit le Prophète (Ps. 76).
Einstein, ce grand homme de science disait: “Je veux savoir
comment Dieu a créé le monde, je ne suis pas intéressé par tel ou tel
phénomène, par le spectre de tel ou tel élément. Je veux connaître ses pensées,
le reste n’est que détails.” — Albert Einstein, cité dans «Une conversation
avec Einstein» de E. Salaman,(1955) 370-371.