Saint Tikhon avait raison : la souffrance endurée par de nombreux chrétiens dans les pays soumis pendant la majeure partie du XXe siècle à l’idéologie soviétique totalitaire ne restera pas stérile. Puisse leur témoignage rester toujours le fondement d’une nouvelle évangélisation, d’un second baptême, des pays de l’Europe orientale et servir d’exemple de courage et de fidélité aux chrétiens vivant partout dans le monde.
Ce dimanche l’Église orthodoxe russe fait mémoire des milliers de nouveaux martyrs et confesseurs de la foi qui ont rendu témoignage au Christ au cours des persécutions antireligieuses dans la Russie post-révolutionnaire du XXe siècle. C’est le concile de Moscou de 1917-1918, témoin des bouleversements de la Révolution et de la terreur instaurée par les pouvoirs bolcheviks, qui a décidé de commémorer les victimes des persécutions contre l’Église.
La date du 25
janvier 1918 est le commencement symbolique du long et effroyable chemin de
croix de l’Église orthodoxe dans ce qui deviendra, quelques années plus tard,
l’Union soviétique. C’est le jour où à Kiev, auprès des murs du premier
monastère de la Sainte Russie – la Laure des Grottes – fut sauvagement exécuté
par des révolutionnaires le métropolite Vladimir de Kiev. Le métropolite Euloge
qui fut évêque en Ukraine avant de devenir, dans son exil à Paris, le pasteur
de la diaspora orthodoxe russe en France, décrit le martyre de Vladimir de Kiev
dans ses Mémoires. Le plus terrifiant, c’est qu’il semblerait que les moines
présents n’aient pas fait grand-chose pour défendre leur évêque, d’abord
torturé, puis amené par des bandits pour être fusillé auprès des murs du
monastère.
Le métropolite Vladimir de Kiev, canonisé par l’Église orthodoxe russe comme
martyr en 1992, sera suivi des dizaines de milliers d’autres chrétiens –
évêques, prêtres, moines et moniales, de très nombreux laïcs (hommes et femmes).
La multitude de ces nouveaux martyrs et confesseurs de la foi a été
solennellement canonisée par le concile de Moscou de l’an 2000 qui a déclaré
que leur sang, leurs souffrances, leur témoignage sont le fondement sur lequel
renaît la foi chrétienne dans les pays libérés du joug soviétique.
Le saint patriarche Tikhon, ce confesseur de la foi qui exerça son ministère
patriarcal dans les premières années du nouveau régime, de 1917 à 1925, et qui
mourut, dans d’étranges circonstances, à l’âge de soixante ans le jour de
l’Annonciation, écrivait : « En ces jours troublés, le Seigneur a fait surgir
des nouveaux martyrs… Si le Seigneur nous envoie l’épreuve des persécutions, de
la prison et même de la mort, nous affronterons tout cela avec persévérance,
parce que nous croyons que tout cela nous arrivera non sans la volonté de Dieu
et que notre endurance ne restera pas stérile à l’image des souffrances des
martyrs chrétiens des premiers siècles qui ont acquis le monde à la parole du
Christ ».
Нomélie prononcée par le p. Alexandre (Siniakov)