samedi 4 avril 2020


Une interview de Jean-Claude Larchet
par Orthodoxie.com
L’origine, la nature et le sens de la pandémie actuelle.
4 avril 2020 par Jivko Panev

Jean-Claude Larchet, vous êtes un des premiers à avoir développé une réflexion théologique sur la maladie, la souffrance, la médecine. Votre livre « Théologie de la maladie » paru en 1991 a été traduit en de nombreuses langues, et en relation avec l’épidémie du covid-19, il va paraître prochainement en traduction japonaise. Vous avez publié aussi une réflexion sur la souffrance : « Dieu ne veut pas la souffrance des hommes », qui a paru également dans divers pays.

Tout d’abord quelle est votre opinion générale sur l’épidémie que nous connaissons actuellement ?

Je n’en suis pas étonné : il y a, depuis des millénaires, environ deux grandes épidémies par siècle, et plusieurs autres épidémies de moindre importance. Leur fréquence s’accroît cependant de plus en plus, et la concentration de population dans notre civilisation urbaine, la circulation favorisée par la mondialisation, ainsi que la multiplicité et la rapidité des moyens de transport modernes les transforment facilement en pandémies. La présente épidémie était donc prévisible, et annoncée par de nombreux épidémiologistes qui ne doutaient pas de sa venue, ignorant seulement le moment précis où elle surviendrait et la forme qu’elle prendrait. Ce qui est surprenant, c’est le manque de préparation de certains États (l’Italie, l’Espagne et la France notamment), qui au lieu de prévoir le personnel médical, les structures hospitalières et le matériel nécessaire pour affronter le fléau, ont laissé se dégrader l’hôpital et laissé externaliser (en Chine, comme tout le reste) la production de médicaments, de masques, de respirateurs, dont on manque aujourd’hui cruellement.

Les maladies sont omniprésentes dans l’histoire de l’humanité, et il n’est pas d’homme qui ne les rencontre pas au cours de sa vie. Les épidémies sont simplement des maladies qui sont particulièrement contagieuses et se répandent rapidement jusqu’à atteindre une part importante de la population. La caractéristique du virus covid-19 est qu’il affecte gravement le système respiratoire des personnes âgées ou fragilisées par d’autres pathologies, et qu’il a un haut degré de contagiosité qui sature rapidement les systèmes de soins intensifs par le grand nombre de personnes atteintes simultanément dans un court laps de temps.

Les Églises orthodoxes ont réagi par étapes, à des vitesses et sous des formes variables. Qu’en pensez-vous ?

Il faut dire que les différents pays n’ont pas été atteints par l’épidémie au même moment ni au même degré, et chaque Église locale a adapté sa réaction à l’évolution de la maladie et aux mesures prises par les États. Dans les pays les plus atteints, la décision d’arrêter la célébration des offices a été prise rapidement, à quelques jours de différence seulement. Ne prévoyant pas un tel arrêt dans l’immédiat, certaines Églises (comme l’Église russe) ont pris des mesures pour limiter la contamination possible au cours des services liturgiques ou de la dispensation des sacrements ; aujourd’hui elles sont contraintes de demander aux fidèles de ne pas venir à l’église.
Ces différentes mesures ont suscité des débats et même des polémiques, de la part du clergé, des communautés monastiques, des fidèles, des théologiens…

Un premier objet de polémique a été la décision de certaines Églises de modifier les modalités de la communion eucharistique.

À cet égard, il faut distinguer deux choses : les à côtés de la communion et la communion elle-même.

Il peut y avoir un risque de contamination par les « à côtés » de la communion : le fait d’essuyer les lèvres de chaque communiant avec un même linge (comme on le fait de manière appuyée dans certaines paroisses de l’Église russe), ou de boire, après la communion, comme c’est la coutume dans l’Église russe également, la « zapivka » (mélange d’eau douce et de vin) dans les mêmes coupes. C’est la raison pour laquelle les mesures prises d’utiliser dans le premier cas des serviettes en papier et dans le deuxième cas des gobelets à usage unique (les uns et les autres étant brûlés ensuite) ne se prête à mon sens à aucune objection.

En ce qui concerne la communion elle-même, plusieurs Églises ont renoncé à la façon traditionnelle de la donner aux fidèles, qui est de l’introduire dans la bouche avec la Sainte Cuiller. Certaines Églises ont préconisé dans verser le contenu dans la bouche ouverte en gardant une certaine distance par rapport à celle-ci, d’autres – comme l’Église russe – ont proposé de désinfecter la Cuiller dans de l’alcool entre deux communiants, ou d’utiliser des cuillers à usage unique qui seront ensuite brûlées. Je crois qu’aucune Église n’a supposé que le Corps et le Sang mêmes du Christ, dont toutes les prières avant et après la communion rappellent qu’il est donné « pour la santé de l’âme et du corps » soit par lui-même un facteur de contamination (on ne trouve cette dernière idée que dans un article – devenu viral sur Internet, c’est pour cette raison que je le cite – de l’archimandrite Cyrille Hovorun, qui est une somme d’hérésies). Mais des doutes sont portés sur la Cuiller elle-même, et cela suscite un débat, certains considérant surtout le fait qu’elle touche la bouche des fidèles, d’autres considérant surtout le fait qu’étant trempée dans le Corps et le Sang du Christ, elle est désinfectée et protégée par eux. Ces derniers notent que les prêtres qui, dans de grandes églises où il y a inévitablement parmi les fidèles des malades de toute sorte, consomment à la fin de la Liturgie le reste des Saints Dons sans jamais contracter de ce fait aucune maladie. Ils notent aussi que, durant les grandes épidémies du passé, les prêtres ont donné la communion aux fidèles contaminés sans être eux-mêmes contaminés. En ce qui concerne ce dernier point, je n’ai pas d’information sûre provenant de documents historiques. En revanche, le commentaire que, dans son « Pidalion » (recueil et commentaires des canons de l’Église orthodoxe), saint Nicodème l’Hagiorite (qui a vécu dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle) fait du canon 28 du 6e Concile Œcuménique, admet que « les prêtres fassent quelque changement dans les périodes de peste » dans leur façon d’administrer la communion aux malades, « en plaçant le Pain sacré dans quelque récipient sacré, afin que les mourants et les malades puissent le prendre avec des cuillères ou quelque chose de similaire », « le récipient et les cuillères devant être placés ensuite dans du vinaigre, et le vinaigre devant être versé dans un creuset de fondeur, ou de toute autre manière possible, plus sûre et canonique ». Cela suppose qu’à son époque (et probablement déjà avant), il était admis que l’on donne la communion par plusieurs récipients et cuillères, et que ceux-ci soient ensuite désinfectés (le vinaigre ayant, par son degré d’alcool et son acidité, des propriétés antiseptiques et antifongiques (qui, entre parenthèses, seraient tout à fait insuffisantes contre le covid-19). C’est sur ce texte, cité également dans le manuel de référence du grand liturgiste russe du XIXe siècle S. V. Boulgakov, que l’Église russe a appuyé les dispositions qu’elle a prises.

Je pense pour ma part que celui qui a une foi suffisante pour communier avec confiance avec la cuiller ne court aucun risque, et que les Églises qui ont pris des dispositions spéciales l’ont fait, dans le meilleur des cas, en ayant en vue les fidèles ayant une foi plus faible et ayant des doutes. Les Églises ont en quelque sorte suivi le précepte de saint Paul qui dit : « J’ai été faible avec les faibles, afin de gagner les faibles » (1 Corinthiens 9, 22). Il faut rappeler que la communion n’a pas un effet magique : comme pour tous les sacrements, la grâce est donnée en plénitude, mais la réception de la grâce est proportionnelle à la foi du récepteur (les Pères grecs utilisent le mot grec « analogia » pour désigner cette proportionnalité) à tel point qu’il est même dit par saint Paul, et rappelé, dans les prières avant la communion, que celui qui communie indignement peut en devenir malade d’âme et de corps (1 Corinthiens 11, 27-31), ou peut communier « pour sa propre condamnation ».

En tout état de cause, chaque Église locale est souveraine pour prendre, par économie, toutes les dispositions utiles dans chaque circonstance particulière.

Le deuxième objet de polémique a été la fermeture des églises et l’arrêt des services liturgiques.

Il faut noter tout d’abord que la plupart des États n’ont pas ordonné la fermeture des églises, limitant seulement leur accès à quelques personnes, puis les visites à des individus isolés ; mais les mesures de confinement ont rendu tout déplacement et toute visite impossibles. Dans la plupart des Églises locales, cependant, la célébration des Liturgies continuent avec le prêtre, un chantre, éventuellement un diacre et un servant (sauf en Grèce, où cela a été proscrit même dans les monastères, ce qui est paradoxal s’agissant d’un pays à l’identité orthodoxe forte et où l’Église bénéficie d’une reconnaissance officielle par l’État).

Des extrémistes ont développé des théories complotistes, voyant derrière les décisions des États la volonté de certains groupes d’influence de détruire le christianisme. Ils ont établi un parallèle avec la période des persécutions dans les premiers siècles, appelant les chrétiens à la résistance et citant les martyrs en exemple. Ces positions sont évidemment excessives et le parallèle avec l’époque des persécutions abusif. On ne demande pas aux chrétiens de renoncer à leur foi et d’adorer un autre dieu. Les églises ne sont pas fermées, et les limites posées à leur fréquentation sont provisoires. Les États n’ont fait que leur devoir pour protéger la population en prenant la seule mesure dont on dispose – le confinement – pour limiter la contagion, pouvoir soigner au mieux ceux qui sont malades et limiter le nombre de décès.

J’ajouterai qu’une église n’est pas un endroit magique, totalement à l’abri du monde environnant, où l’on ne pourrait contracter aucune maladie, surtout si celle-ci est hautement contagieuse. C’est vrai que dans les temps anciens, lors d’épidémies, on avait une attitude différente : les gens se rassemblaient dans les églises et les processions se multipliaient. Ce que l’on oublie, c’est que les églises devenaient des mouroirs. Ainsi, pendant les grandes épidémies qu’a connu l’empire byzantin, il n’était pas rare de trouver des centaines de cadavres entassés dans les églises.

L’Église a le devoir de protéger la santé et la vie de ses fidèles, mais de protéger aussi ceux qu’ils pourraient contaminer à l’extérieur, et de ne pas compliquer le travail des soignants, qui, si le système est saturé, risquent de ne plus pouvoir traiter tout le monde, de devoir faire des tris, autrement dit d’abandonner et de laisser mourir les personnes les plus fragiles. En outre, s’il y a trop de morts en même temps, on ne peut plus leur assurer des obsèques : nous avons tous été attristés de voir, en Italie, une file de camions de l’armée conduisant des dizaines de morts directement au crématorium, sans aucune présence familiale ni religieuse possible… En Chine, on a brûlé à la chaîne des milliers de cadavres, et c’est seulement plusieurs semaines plus tard que les familles peuvent venir récupérer les cendres de leurs parents défunts sur des palettes où s’entassaient les urnes funéraires.

Les communautés monastiques (y compris celles du Mont-Athos) ont toutes pris la décision, en fermant leurs portes, de protéger leurs visiteurs et pèlerins contre une contamination mutuelle, mais aussi de protéger leurs membres, ce qui leur permet de continuer à célébrer la Liturgie et d’accomplir une de leurs tâches essentielles, dont nous avons particulièrement besoin en cette période : prier pour le monde.
Le fait qu’il soit devenu pour un certain temps impossible de communier pose un grave problème à certains fidèles. Là encore certains extrémistes voient l’effet réussi d’un complot anti-chrétien…

Je ne partage pas ces théories complotistes en tant qu’elles mettent en cause des hommes ou des organisations, d’autant que, comme je l’ai dit, les épidémies sont récurrentes et cycliques dans l’histoire de l’humanité ; je pense néanmoins que dans cette épidémie et dans ses conséquences, le diable est à l’œuvre ; je vous dirai pourquoi dans la suite de notre entretien.

En ce qui concerne la privation de communion on peut dire plusieurs choses. Ceux qui sont habitués à communier chaque semaine (ou plus) et tirent de la communion de grandes forces pour leur vie, souffrent beaucoup de cette situation et on les comprend. À titre de consolation, on peut rappeler que sainte Marie d’Égypte, dont nous commémorons solennellement la vie sainte le cinquième dimanche du Grand Carême, n’a communié qu’une seule fois dans sa vie, juste avant sa mort, et qu’à son époque (cela est rappelé dans sa Vie que nous lisons à l’église à l’occasion de cette commémoration), la coutume était que les moines vivant en communauté se retirent individuellement dans le désert au début du Grand Carême, et ne reviennent au monastère que le Jeudi Saint pour recevoir la communion. On peut rappeler aussi que beaucoup de Pères retirés dans le désert ne communiaient, au plus, qu’une fois par an. Nous sommes par la force des choses soumis au même éloignement de la communion pendant ce Grand Carême, et pouvons ainsi, grâce aussi au confinement dans notre appartement (qui est devenu pour beaucoup, dans notre monde de mouvement incessant et d’occupations extérieures, aussi austère qu’un désert) partager un peu leur expérience. Nous pouvons en tirer certains bénéfices. Tout d’abord aujourd’hui, dans la diaspora surtout, la communion est devenue fréquente (alors qu’il y a quelques décennies, dans les pays orthodoxes, elle était au contraire rare), à tel point qu’il y a un risque qu’elle se banalise. Il y a quelques années, j’avais parlé de cela avec Mgr Athanase Jevtić, qui m’avait dit qu’il est utile de jeûner périodiquement de la communion, afin de retrouver le sens de sa gravité, et de s’approcher d’elle en en ressentant véritablement le désir et le besoin. Ensuite, on peut rappeler que les effets de la communion ne se dissipent pas après l’avoir reçue. Ses effets sont proportionnels à la qualité de notre réceptivité, et cette réceptivité concerne non seulement notre état de préparation à la communion, mais notre état à son égard après l’avoir reçue. Pour nous aider, l’Église nous fournit une série de prières avant la communion et après la communion. Je connais plusieurs pères spirituels qui incitent leurs enfants spirituels à lire chaque jour les prières après la communion jusqu’à la communion suivante, de manière à garder la conscience « des dons précieux qui ont été reçus » et à continuer à actualiser la grâce qu’ils nous ont apportée.

Par rapport à l’impossibilité de participer aux services liturgiques, que peut-on dire ?

Je pense qu’il est possible de les célébrer chez soi sous les formes prévues en l’absence de prêtre, en lisant notamment les Typiques à la place de la Liturgie, bien qu’évidemment ils ne puissent pas complètement la remplacer, et même qu’il y manque l’essentiel : la célébration du Saint Sacrifice qui ne peut être accomplie que par un prêtre. Beaucoup de fidèles ont les textes liturgiques à la maison (notamment le Petit euchologe prévu précisément pour une célébration domestique, en cas d’absence de prêtre) ; sinon la plupart des textes sont trouvables sur Internet. On peut aussi développer la pratique de la Prière de Jésus : au Mont-Athos, les petites communautés ou les ermites qui vivent dans les « déserts » et n’ont pas de prêtre, remplacent les offices par une quantité donnée d’invocations adressées au Christ, à la Mère de Dieu et aux saints. Saint Éphrem de Katounakia, se référant à saint Jean Chrysostome, disait : « Les gens dans le monde qui n’ont pas la possibilité de se rendre à l’église ni le samedi, ni le dimanche peuvent à ce moment-là faire de leur âme un autel en disant la Prière. »
Il est possible aussi, dans les pays orthodoxes, de suivre la Liturgie transmise en direct à la télévision ou sur Internet, comme le font habituellement beaucoup de personnes âgées ou de malades qui ne peuvent se déplacer. Cela ne remplace pas une participation réelle, avec une présence physique au sein de la communauté, mais l’on peut néanmoins s’associer à la célébration et éprouver le sentiment d’une identité d’appartenance et d’action communautaire en une même période de temps, la communauté ecclésiale s’étendant au-delà du visible et des personnes présentes (c’est ce que l’on appelle « la communion des saints »).

Dans une interview récente, la métropolite de Pergame, Jean Zizioulas, condamnant la décision de certaines Églises de fermer les églises et d’arrêter les célébrations, affirmait que lorsque la Liturgie n’est plus célébrée, il n’y a plus d’Église. Qu’en pensez-vous ?

Sa position se comprend par sa doctrine personnaliste qui donne le primat au relationnel, et qui identifie de ce fait la Liturgie avec la synaxe (l’assemblée des fidèles) plus qu’avec le sacrifice eucharistique lui-même. En fait, la Liturgie continue à être célébrée dans toutes les Églises (dans les monastères, mais aussi en très petit comité dans beaucoup d’églises). Et c’est cela qui est important. La valeur de la Liturgie ne dépend pas du nombre de participants présents, ni la valeur et la porté du Saint Sacrifice du nombre de Liturgies célébrées. Lorsque des centaines de milliers d’églises célèbrent simultanément la Liturgie, elles actualisent (c’est là le sens du mot « anamnèse », qui désigne le cœur de la Liturgie) l’unique sacrifice du Christ. S’il n’y avait plus qu’une seule Liturgie qui soit célébrée, y compris par une seule des Églises locales, cet unique Sacrifice serait célébré également, avec la même portée, car il s’étend à tout l’univers. En ce qui concerne les fidèles, il faut rappeler que la Liturgie de saint Basile, que nous célébrons pendant ces dimanches du Grand Carême, prévoit explicitement leur absence éventuelle, une prière demandant à Dieu de se souvenir de « ceux qui sont absents pour de justes raisons », ce qui les associe d’une certaine manière aux fidèles présents et à la grâce qui leur est dispensée.

Comment vivre le confinement ? Cela pose apparemment des problèmes à nos contemporains…

Nous avons la chance que la quarantaine imposée par l’État coïncide en partie avec la « sainte quarantaine » du Grand Carême. C’est la tradition, pour nous orthodoxes, pendant cette période, de limiter nos sorties, nos activités de loisir et notre consommation ; c’est la tradition aussi de profiter de cette période de calme et de plus grande solitude, pour faire retour en nous-même, augmenter nos lectures spirituelles et prier davantage. Pour tout cela, nous avons l’expérience des années passées ; il faudra seulement prolonger l’effort de quelques semaines.

Globalement, le confinement est une bonne occasion d’expérimenter l’hésychia chère à la spiritualité orthodoxe, état fait de solitude et surtout de calme extérieur et intérieur, de se reposer ainsi du mouvement incessant, du bruit et du stress liés aux conditions de vies habituelles, et de ré-habiter notre demeure intérieure, ce que les Pères hésychastes appellent « le lieu du cœur ».

Le confinement permet aussi au couple et aux enfants d’être ensemble plus souvent que d’habitude, et c’est bénéfique pour tous. Certes cela ne va pas toujours de soi, car certains ne sont pas habitués à la vie commune sur une longue durée, mais ce peut être justement l’occasion de la renforcer positivement.

Ce retour sur soi et sur la vie conjugale et familiale ne doit pas pour autant être un oubli des autres. L’aumône, qui fait partie des pratiques habituelles du carême, peut prendre la forme d’une assistance plus soutenue et régulière aux personnes que nous connaissons et qui souffrent de maladie, de solitude ou d’inquiétude excessive. Pour cette activité, les moyens de communication modernes ont du bon…

Je note que beaucoup de nos concitoyens doivent s’inventer des activités sportives en appartement. Pendant le carême, nous avons l’habitude de faire des grandes 
prosternations. Nous pouvons les multiplier (les moines ont pour règle d’en faire au moins 300 par jour, certains d’entre eux en font jusqu’à 3000 !). Le patriarche Paul de Serbie, qui en a fait chaque jour jusqu’à l’âge de 91 ans (seule une blessure au genou a pu l’arrêter !), disait, fort de ses études de médecine et de son bon état de santé, que c’est la meilleure gymnastique que l’homme puisse faire pour se maintenir en forme…

Venons-en maintenant, si vous le voulez bien, à des questions plus théologiques. Tout d’abord à qui ou à quoi peut-on rapporter l’épidémie actuelle et les maladies en général ?

Une épidémie est une maladie contagieuse qui se répand. On peut en dire tout ce que l’on dit de la maladie, sauf que le caractère massif qui s’impose à une région, à un pays ou au monde entier, comme c’est le cas actuellement, suscite des questions supplémentaires. Il n’est pas étonnant, dans le discours religieux, de voir ressurgir le thème de l’Apocalypse, de la fin du monde, ou l’idée d’un châtiment divin pour les péchés des hommes, avec des allusions au déluge (Gn 6-7), au sort de Sodome et de Gomorrhe (Gn 19), à la peste qui décima le camp de David après le recensement (2 Sm 24, 15-15) ou aux sept plaies d’Égypte (Ex 7-11). Des mises au point s’imposent donc.
Selon la conception orthodoxe développée par les Pères à partir de la Bible, le péché ancestral (que l’on appelle dans la tradition occidentale le péché originel) a eu, sur le plan physique, trois effets : la passibilité (dont la souffrance est une forme majeure), la corruption (dont la maladie est la forme principale) et la mort, qui résulte de cette dernière. Le péché d’Adam et d’Ève a consisté à se séparer de Dieu, ce qui a eu pour conséquence la perte de la grâce qui leur assurait l’impassibilité, l’incorruptibilité et l’immortalité. Adam et Ève étant les prototypes de l’humanité, ils ont en conséquence transmis à leurs descendants leur nature humaine altérée par les effets délétères de leur péché ; le désordre qui a affecté la nature humaine a affecté également la nature tout entière, car l’homme, séparé de Dieu, a perdu son statut de roi de la création, et a privé les créatures de la grâce qu’il leur transmettait en tant que médiateur. Alors qu’à l’origine la création était entièrement bonne, telle que Dieu l’avait créée (selon ce que nous dit le chapitre 1 de la Genèse), le mal s’est introduit en elle comme en l’homme, un mal qui n’est pas seulement moral, mais physique, et se traduit par du désordre qui affecte l’ordre initial de la création, et des processus de destruction de ce que Dieu a établi. La Providence de Dieu a empêché, comme le note Vladimir Lossky, la création d’être entièrement détruite, mais la nature est devenue un champ de bataille où s’affrontent en permanence le bien et le mal. Les organismes vivants se battent constamment pour éliminer des microbes, bactéries ou virus, ou des altérations génétiques (dues au vieillissement ou à des facteurs environnementaux) qui cherchent à les détruire, jusqu’à ce que, affaiblis par l’âge, qui diminue leurs défenses immunitaires, ils soient finalement vaincus et meurent. Des bactéries ou des virus peuvent n’affecter pendant des millénaires que des espèces animales, ou être conservés par elles sans les affecter, et tout d’un coup se transmettre à l’homme. C’est ce qui s’est passé pour les différentes espèces de virus qui ont provoqué des épidémies au cours des dernières décennies.

Vous pointez la culpabilité des premiers parents dans ce processus. Les péchés de leurs descendants, nos propres péchés, jouent-ils un rôle dans ce processus ? Les prières que l’on trouve dans le Grand Euchologe (livre officiel de prières de l’Église) pour les temps d’épidémie, mais aussi les discours de certains évêques, prêtres ou moines, mettent en cause les péchés de tous, voient dans ce qui arrive une sorte de punition à cause d’eux, et invitent à faire pénitence

Selon la conception orthodoxe (qui diffère sur ce point de la conception catholique du péché originel) la faute même d’Adam et d’Ève est personnelle et ne se transmet pas à leurs descendants ; seuls ses effets se transmettent. Cependant leurs descendants, depuis les origines jusqu’à nos jours, ont, comme le dit saint Paul dans le chapitre 5 de l’épître aux Romains, péché d’une manière semblable à celle d’Adam, se sont faits ses imitateurs, et ont confirmé son péché et ses effets par leurs propres péchés. Il y a donc une responsabilité collective dans les maux qui affectent le monde déchu, qui justifie que l’on puisse mettre en cause le péché et appeler à la pénitence. Cependant cela s’applique à un niveau général, pour expliquer l’origine et la subsistance des maladies et d’autres maux, et non à un niveau personnel pour expliquer qu’elle advienne à telle personne en particulier ou à tel groupe de personnes. Si certaines maladies sont rattachables à des fautes personnelles ou à des passions personnelles (par exemple des maladies liées à un excès de nourriture ou de boissons alcoolisées, ou des maladies sexuellement transmissibles), d’autres surviennent indépendamment de la qualité spirituelle des personnes qu’elles affectent. Les enfants malades ne sont coupables d’aucune faute ; les saints n’échappent pas aux maladies et ont souvent plus de maladies que d’autres qui ont une conduite moralement désordonnée. Parfois les épidémies fauchent des monastères entiers ; par exemple une épidémie de peste a frappé, après la Pâque 346, les monastères de la Thébaïde, et a tué un tiers des « pères du déserts » qui y vivaient, dont saint Pachôme le père du monachisme cénobitique, le successeur qu’il avait désigné, et près de cent moines dans chacun des grands monastères de la région. Pendant les grandes épidémies de peste du passé, les observateurs chrétiens étaient bien obligés de constater que la maladie frappait les gens de manière aléatoire pour ce qui concernait leur qualité morale ou spirituelle. La question du rapport de la maladie à un péché d’une personne ou à un péché de ses parents a été posée au Christ, qui a répondu à ses disciples à propos de l’aveugle-né : « Ni lui ni ses parents n’ont péché… ». La maladie a donc un rapport originel, principiel, et collectif au péché, mais n’a que dans une minorité de cas un rapport actuel et personnel. Je pense donc que la question du péché et de la pénitence dans les prières ou les sermons peut être abordée, mais doit l’être de manière discrète. Les personnes qui souffrent de maladie n’ont pas besoin que l’on ajoute à leur souffrance des accusations de culpabilité, mais ont besoin qu’on les soutienne, les console, les soigne avec compassion, et qu’on les aide aussi à assumer spirituellement leur maladie et leur souffrance de sorte qu’elles puissent les faire tourner spirituellement à leur avantage. Si la pénitence à un sens, c’est en tant que retournement, changement d’état d’esprit (sens du mot grec metanoia). La maladie suscite une série d’inter­rogations auxquelles nul n’échappe : pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pour combien de temps ? Que vais-je devenir ? Toute maladie constitue une interpellation d’autant plus vive et plus profonde qu’elle n’est pas abstraite ni gratuite, mais qu’elle s’inscrit dans une expérience ontologique. Cette interpellation est bien souvent cru­ciale. Car la maladie remet toujours plus ou moins en question les fondements, le cadre et les formes de notre existence, les équilibres acquis, la libre disposition de nos facultés corporelles et psychiques, nos valeurs de référence, notre relation aux autres, et notre vie elle-même, car la mort s’y profile toujours plus nettement que d’ordinaire (c’est le cas en particulier pour cette épidémie qui emporte, de manière imprévisible et rapide des personnes, surtout âgées, mais aussi plus jeunes sans qu’elles aient toujours des pathologies graves par ailleurs). La maladie est une occasion pour chaque personne de faire l’expérience de sa fragilité ontologique, de sa dépendance, et de se tourner vers Dieu comme celui qui peut aider à la surmonter, sinon physiquement (car il y a, en réponse à la prière, des guérisons miraculeuses), du moins spirituellement, et permet de lui donner un sens par lequel on se construit, et sans lequel on ne fait que se laisser aller à la destruction.

Il n’est pas rare pourtant que l’on trouve, dans les prières mêmes du Grand Euchologe ou dans d’autres (par exemple des canons et des acathistes), ainsi que dans les discours du clergé qui se sont récemment multipliée sur Internet, l’idée que cette épidémie serait envoyée par Dieu (ou par ses archanges ou anges) pour réveiller les hommes, les amener à se repentir et à se convertir, dans un monde devenu complètement matérialiste et totalement oublieux de Dieu…

Comme je viens de le dire, je suis d’accord pour dire que cette épreuve (comme toute épreuve dans la vie) est l’occasion d’une remise en question, d’une prise de conscience, et d’un retour à Dieu et à une vie plus spirituelle.

J’en ai parlé en ce qui concerne les individus. Mais il est évident – et il y a dans la presse beaucoup d’article pour le noter – que cette épidémie remet aussi en cause les fondements, l’organisation et le mode de vie matérialiste et consumériste de nos sociétés modernes, les faux sentiments de sécurité qu’elles ont tiré des progrès de la science et des techniques ; elle  montre aussi les illusions du transhumanisme, car comme le disent actuellement les spécialistes, de nouveaux virus ne cesseront d’apparaître et les épidémies vont non seulement se maintenir, mais se multiplier dans l’avenir, laissant souvent l’homme impuissant (pensez que l’on n’a pas encore pu trouver de vaccin ni de remède pour les simples rhumes, qui affectent chaque année une grande partie de la population, et qui sont dus à un virus de la famille des coronavirus).
Mais avec tout le respect que j’ai pour les prières ou les clercs, auxquels vous faites allusion, je suis choqué par leur façon de concevoir Dieu et son action vis-à-vis des hommes. On est là dans une façon de voir qui était courante dans l’Ancien Testament mais que le Nouveau Testament a changée. Il y avait dans l’Ancien Testament l’idée que les justes étaient prospères parce qu’ils étaient récompensés par Dieu, tandis que les pécheurs étaient en toute justice châtiés par toutes sortes de maux. Le Nouveau Testament a mis fin à cette « logique », et sa façon de voir est préfigurée par Job. Les discours du clergé auxquels vous faites allusion ressemblent à ceux des amis de Job, qui correspondent à ce syllogisme : « Tu as toutes sortes de malheurs, donc Dieu t’a puni, et s’il t’a puni c’est parce que tu es pécheur. » Job refuse cette idée que Dieu ait pu le punir. Le Nouveau Testament nous révèle un Dieu d’amour, un Dieu compatissant et miséricordieux, qui a en vue de sauver les hommes au moyen de l’amour, et non au moyen de châtiments. L’idée que Dieu aurait répandu ce virus dans le monde ou l’aurait fait répandre par ses anges ou archanges (comme on le lit effectivement dans certains textes) me paraît quasiment blasphématoire, même en se référant à une pédagogie divine qui utiliserait le mal en vue du bien, et ferait donc par là, étrangement, du mal un bien. Dieu est pour nous un Père, nous sommes ses enfants. Quel père, parmi nous, aurait l’idée d’inoculer un virus à ses enfants dans un but prétendument pédagogique ? Quel père ne souffre pas au contraire de voir ses enfants tomber malades, souffrir et risquer de mourir ?

Certains théologiens attribuent les causes de la maladie, de la souffrance et de la mort à Dieu, parce qu’ils craignent que, à la manière des manichéens, si on ne les attribue pas à Dieu, on puisse considérer qu’il y a à côté de Dieu, principe du bien, un principe du mal qui lui soit concurrent et qui limite donc la toute-puissance qui est l’un de ses attributs essentiels. Mais si tout vient de Dieu, il faut aussi admettre qu’il est la cause non seulement des épidémies, mais aussi des guerres, des génocides, des camps de concentration, et qu’il a mis au pouvoir Hitler, Staline ou Pol-Pot pour en faire des instruments de sa prétendue justice et éduquer les peuples…

En fait, selon les Pères, les maux n’ont qu’une source, le péché, lui-même causé par un mauvais usage que l’homme a fait de son libre-arbitre. Ils sont aussi un effet de l’action du diable et des démons (anges déchus pour avoir également fait un mauvais usage de leur libre arbitre), dont le pouvoir, à la suite du péché du premier homme, a pu s’installer dans le monde : l’homme ayant cessé d’être « le roi de la création », Satan a pu devenir « le prince de ce monde ».

Dans ce qui arrive à présent, c’est l’action du diable qu’il faut pointer, et non celle de Dieu et secondairement aussi la faute de celui qui, en Chine, ayant consommé ou touché un animal porteur du virus (ce fut aussi le cas dans toutes les épidémies précédentes), a transmis l’effet de sa faute à toute l’humanité comme Adam a transmis à toute l’humanité l’effet de son péché.

Ce que vous venez de dire pose plusieurs questions. Tout d’abord certains disent que Dieu a créé tous les microbes, tous les virus et que la mort elle-même est incluse dans la création depuis l’origine, et que, comme le dit la Genèse, tout ce que Dieu a créé est bon.  

C’est effectivement une idée que l’on trouve chez certains théologiens catholiques modernes (par exemple Teilhard de Chardin et son disciple Gustave Martelet), et qui a été reprise par certains théologiens orthodoxes (par exemple Jean Zizioulas, métropolite de Pergame, et tout récemment, l’archimandrite Cyrille Hovorun). Ils ont une conception naturaliste, qui se calque en partie sur celle de la science moderne. Notre foi orthodoxe est différente : les Pères sont unanimes à affirmer que Dieu n’a pas créé la mort, et que celle-ci est une conséquence du péché, de même que la maladie et la souffrance, qui n’appartenaient pas à la condition paradisiaque originelle, et qui seront d’ailleurs abolies dans la condition paradisiaque future, dans le Royaume des cieux.

La question de savoir si la maladie, la souffrance et la mort sont des maux, appelle quant à elle une double réponse.

Sur le plan physique tout d’abord, ce sont incontestablement des maux, car ce sont, comme je l’ai dit précédemment, des désordres, des perturbations introduites dans le bon fonctionnement des organismes vivants créés par Dieu. Même d’un point de vue naturaliste, pour un être vivant c’est la santé et la vie qui correspondent à l’état normal, la maladie, les infirmités et la mort qui constituent un état anormal. La maladie, comme je l’ai dit plus haut, est une forme de corruption, c’est un processus de détérioration, de destruction, d’annihilation, et la souffrance un élément qui accompagne ce processus et qui témoigne que quelque chose dans notre corps « ne va pas bien ». Le caractère proprement diabolique des maladies apparaît très clairement dans certaines d’entre elles : par exemple les maladies auto-immunes, où les organes utilisent les ressources de l’organisme pour s’autodétruire (c’est une sorte de suicide) ; le cancer, qui à partir d’une altération génétique, produit des tumeurs absurdes (qui ne jouent aucun rôle sensé dans l’organisme) qui n’ont d’autre but que leur propre accroissement au détriment des autres organes qu’elles vampirisent et détruisent peu à peu, en utilisant, contre les thérapeutiques mises en œuvre contre elles, toutes les ressources que l’être vivant a accumulées, depuis des millions d’années, pour se développer et se protéger ; le virus actuel qui, comme d’autres de la même famille, s’infiltre dans les cellules des poumons et secondairement d’autres organes vitaux, les envahit (comme un ennemi un pays), les colonise et empêche leur fonctionnement ou le perturbe gravement, jusqu’à provoquer la mort.

Sur le plan spirituel, la maladie, la souffrance et la mort restent des maux par leur origine première (le péché), mais peuvent être approchés et vécus spirituellement d’une manière constructive, et devenir en cela des biens, mais des biens spirituels seulement. À l’occasion de la maladie et de la souffrance, où à l’approche de la mort, l’homme, je l’ai déjà dit, peut se tourner vers Dieu, se rapprocher de lui, et développer diverses vertus (c’est-à-dire des dispositions permanentes, autrement dit des états, qui l’assimilent à Dieu et l’unissent à lui). Saint Grégoire de Nazianze dit qu’à travers la maladie beaucoup d’hommes sont ainsi devenus des saints.

Si le Christ est mort pour nous, c’est pour vaincre la mort et nous permettre à la fin des temps, de ressusciter comme il l’a fait lui-même. Mais sa passion et son agonie sur la croix ont aussi un autre sens, que l’on ne souligne pas assez : en souffrant et en mourant, il a aboli le pouvoir de la souffrance et de la mort ; il nous a donné, si nous nous unissons à lui et recevons ainsi la grâce qu’il nous a acquise, de ne plus craindre la souffrance et de nous améliorer spirituellement à travers elle, et de ne plus craindre la mort, mais de mettre notre espérance dans la vie éternelle, si bien que nous pouvons dire avec saint Paul dans le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens : « Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? »

Une autre question est posée par vos propos d’avant : pourquoi Dieu, s’il est bon et tout-puissant, n’abolit-il pas la maladie et la souffrance en ce monde, et pourquoi subsistent-elles alors que le Christ les a vaincues pour toute l’humanité qu’il a assumée en sa personne ?

Cela constitue une objection forte des athées, et suscite souvent le doute parmi les croyants.
La réponse des Pères est que Dieu a créé l’homme libre, et respecte le libre arbitre de l’homme jusque dans ses conséquences. Parce que le péché se perpétue dans le monde, ses consé­quences continuent à affecter la nature humaine et le cosmos tout entier.
Le Christ a supprimé la nécessité du péché, a mis fin à la tyrannie du diable, a rendu la mort inoffensive, mais Il n’a supprimé ni le péché, ni l’action des démons, ni la mort physique, ni en général les conséquences du péché, afin de ne pas forcer et nier les libres volontés qui en sont la cause. Sur le plan physique, le monde déchu reste soumis à sa propre logique. C’est pourquoi aussi la maladie affecte différemment les uns et les autres, et cela est particulièrement frappant lors d’une épidémie : selon leur propre constitution physique individuelle, elle touche les uns et épargne les autres, elle affecte légèrement les uns, gravement les autres, elle fait mourir les uns et laisse les autres en vie, elle tue des adolescents et épargne de grands vieillards.
C’est seulement à la fin des temps que se fera la restauration de toutes choses et qu’apparaîtront « un ciel nou­veau et une terre nouvelle, où l’ordre et l’harmonie de la nature détruits par le péché seront ré­tablis dans une nature élevée à un mode d’existence supérieur, où les biens acquis par le Christ dans son œuvre rédemptrice et déificatrice de notre nature seront pleinement communiqués à tous ceux qui se seront unis à lui.

L’homme qui vit en Christ dans l’Église, où se trouve la plénitude de la grâce, reçoit les « arrhes de l’Esprit », connaît spirituellement les prémices des biens à venir. À ce plan spirituel, le péché, le diable, la mort et la corruption n’ont plus sur lui de pouvoir, ne peuvent l’affecter ; il est spirituellement libre à leur égard. Mais l’incorruptibilité et l’immortalité, si elles lui sont ainsi assurées, ne de­viendront réelles pour son corps qu’après la Résurrection et le Jugement, tout comme la déification de tout son être ne trou­vera son plein accomplissement qu’à ce moment ultime (cf. 1 Co 15, 28).

Dans cette attente, le christianisme se montre soucieux de soulager la souffrance des hommes et de guérir les maladies, et il a toujours encouragé les moyens mis en œuvre pour cela…

L’amour du prochain est avec l’amour de Dieu la principale vertu prônée par le christianisme. L’amour du prochain implique compassion, volonté de l’aider en tout, de le consoler, de le soutenir, de le soulager de ses souffrances, et de soigner ses maladies, de le garder en bonne santé. Les miracles accomplis par le Christ et les Apôtres ont montré l’exemple. C’est pourquoi le christianisme, dès l’origine, a reconnu le bien-fondé de la médecine, n’a pas hésiter à intégrer les médecines « profanes » pratiquées dans la société où il est né et s’est développé, et a même été à l’origine de la création d’hôpitaux. Pendant des siècles, en Orient et en Occident, et jusqu’à une époque relativement récente, les infirmières ont été des religieuses (en Allemagne, on continue à appeler les infirmières « Schwester », sœurs !). Dans l’épidémie actuelle, tous chercheurs, les médecins, les soignants, les ambulanciers, mais aussi tous les agents techniques et le personnel chargé de l’entretien témoignent d’un dévouement et d’un esprit de sacrifice, allant jusqu’à mettre en péril leur santé et leur vie qui sont en tout point conformes aux valeurs chrétiennes. Toutes les Églises les bénissent, et nous devons fortement les soutenir par nos prières.

Puisque vous avez dit qu’en quelque sorte la nature déchue suit sa propre logique, nos prières peuvent-elles avoir un effet sur cette épidémie, pour la ralentir ou y mettre fin ?

Notre devoir est de prier Dieu pour qu’il fasse cesser cette épidémie. Mais il faudrait pour que cela advienne que tous les hommes se tournent vers lui et lui en fasse la demande. Sinon, par respect pour leur libre choix, il n’imposera pas sa toute-puissance à ceux ne veulent pas le reconnaître et demander son aide. C’est la raison pour laquelle l’action divine ne s’est pas manifestée pour arrêter les grandes épidémies du passé. Dieu en revanche a répondu à la demande de petits groupes unis et a arrêté miraculeusement des épidémies localisées. De même des brèches dans la logique du monde déchu ont été faites de tout temps en faveur de personnes particulières par l’intervention de Dieu, de la Mère de Dieu ou des saints. Mais par définition les miracles sont des exceptions à l’ordre commun et habituel. Le Christ lui-même n’a pas opéré de guérisons collectives, mais toujours des guérisons individuelles, et toujours, il faut le souligner, en rapport avec un but spirituel et une action spirituelle concomitante (le pardon des péchés) liée à la vie et au destin d’une personne. Cela me donne l’occasion de rappeler que de même que la maladie peut être, spirituellement, tournée à notre profit, la santé conservée ou retrouvée est inutile si nous n’en faisons pas spirituellement un bon usage. L’une des questions que nous pose l’épidémie actuelle est aussi : qu’avons-nous fait jusqu’à présent de notre santé, et qu’en ferons-nous si nous survivons ?
En ce qui concerne les guérisons miraculeuses accomplies par le Christ, on voit qu’elles ont été accordées parfois à la demande des personnes qu’il a guéries, parfois à la demande de leurs proches. Cela nous rappelle qu’il est important de prier pour nous-même, afin d’obtenir protection et guérison, mais aussi pour nos proches, et plus largement pour tous les hommes, comme le font tous les saints qui prient pour le monde entier parce que dans leur propre personne ils se sentent solidaires de tous.

Les prières de toute sorte ont fleuri sur les sites orthodoxes au cours de ces dernières semaines. Quelle(s) prière(s) recommandez-vous particulièrement ?

Toute prière est bonne, car elle nous rapproche de Dieu et de notre prochain. On peut s’adresser au Christ, à la Mère de Dieu et à tous les saints, car, comme me le disait saint Païssios l’Athonite au cours d’une de mes rencontres avec lui, chaque saint peut guérir toutes les maladies et les saints ne sont pas jaloux entre eux.

Je reste malgré tout un peu sceptique par rapport à certaines formes de piété qui frisent la superstition, mais qui sont inévitables en de pareilles circonstances : on a par exemple ressorti récemment des oubliettes une sainte Corona ; on verra sans doute prochainement lui adjoindre saint Virus (évêque de Vienne au IVe siècle).
Pour ma part, j’aime beaucoup et j’utilise plusieurs fois par jour la prière composée par le patriarche Daniel de Roumanie, qui est à la fois courte, simple et complète. J’en ai très légèrement modifié le texte :

« Seigneur, notre Dieu, qui es riche en miséricorde et qui avec une diligente sagesse guides notre vie, écoute notre prière, reçois notre repentir pour nos péchés, mets un terme à cette épidémie.

Toi qui es le médecin de nos âmes et de nos corps, accorde la santé à ceux qui sont atteints par la maladie, en les faisant promptement se lever de leur lit de douleur, pour qu’ils puissent Te glorifier, Toi le Sauveur miséricordieux.

Préserve de toute maladie ceux qui sont en bonne santé.

Préserve-nous nous-mêmes, tes indignes serviteurs, ainsi que nos parents et nos proches.

Bénis, fortifie et garde, Seigneur, par Ta grâce, tous ceux qui, avec amour pour les hommes et esprit de sacrifice, soignent les malades dans leurs maisons ou dans les hôpitaux.

Éloigne toute maladie et souffrance de Ton peuple, et apprends-nous à apprécier la vie et la santé comme des dons qui viennent de Toi.

Accorde-nous, Seigneur, Ta paix et remplis nos cœurs d’une foi inébranlable dans Ta protection, d’espérance en Ton aide et d’amour pour Toi et pour notre prochain.
Car c’est à Toi qu’il appartient de nous faire miséricorde et de nous sauver, ô notre Dieu, et nous Te rendons gloire : Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen. »


mardi 31 mars 2020


CE QUE LA PANDÉMIE NOUS ENSEIGNE

Athanasios métropolite de Limassol





  
L'Église a sa propre façon de surmonter les défis

Nous ferons ce qui dépend humainement de nous, et nous remercions les parties responsables, les scientifiques, les politiciens et le gouvernement - ceux qui nous expliquent comment nous comporter dans cette situation difficile. Sans ignorer la réalité objectivement difficile et être des gens de l'Église, nous avons certainement notre propre façon de nous aider à juger, évaluer et utiliser pour de bon ces épreuves que nous rencontrons sur le chemin de la vie. Par conséquent, rapportons-nous prudemment à cette épreuve, en observant toutes les mesures - sociétales, scientifiques et autres - mais d'abord avec confiance en Dieu, en la Mère de Dieu et en les saints de notre Église. L'Église nous enseigne toujours et nous invite à prier dans les moments difficiles.

Seule la prière peut changer le cours des événements!

Cette situation critique peut être surmontée. Il peut être surmonté par la prière . Nous devons beaucoup prier. Nous avons besoin de personnes qui, par la force de leur prière, peuvent inverser la situation mondiale, car au final, seule la prière peut changer le cours des événements. Toutes les autres mesures sont l'œuvre de mains humaines. Ils sont bons et utiles, mais la prière peut vraiment, en un instant, tout changer et dissiper cette épreuve qui, soit dit en passant, a un côté positif, car elle nous apprend beaucoup de choses.

Que nous apprend la pandémie?

Il nous apprend notre faiblesse. Il nous apprend la vanité des choses humaines. Il nous apprend que tout ce que nous voyons autour de nous est transitoire. Nous devons comprendre que notre aspiration principale devrait être le Royaume de Dieu. Comme le Seigneur le dit dans le Saint Évangile: Cherchez d'abord le Royaume de Dieu. Tout le reste vous sera donné par le Seigneur de gloire, Christ. Le Royaume de Dieu - c'est ce dont nous avons vraiment besoin. Par conséquent, l'Église nous appelle au podvig de la prière - prière issue du repentir et de l'humilité.

Repentons-nous donc de nos péchés, des péchés du monde entier! Offrons à Dieu le pouvoir de la prière, vivant dans un cœur humble et repentant. Alors le Seigneur aura pitié et changera le cours de l'histoire.

Si nous prions, alors tout change. Si nous ne prions pas, nous suivons un chemin humain, où on ne sait pas comment ce sera et où cela nous mènera.

Les églises sont ouvertes. Celui qui veut, viens!

Les églises [à Chypre. — NDÉ.] Restent ouvertes. Les services divins en eux ne s'arrêteront pas. Nos prêtres et nous sommes tous dans la position dans laquelle le Seigneur nous a placés. En tant que pasteurs de l'Église, nous offrons des prières, des services et la Divine Eucharistie pour le monde entier. Celui qui veut, viens! Ceux qui ressentent une difficulté, un manque de force ou autre, les laissent agir en fonction de leur compréhension de la situation. Nous n'avons le droit de juger personne. Nous prions pour le monde entier, pour tout «Adam», pour l'humanité tout entière.

Quelqu'un peut demander: Mais nous, ceux qui viennent à l'église, ne tomberons-nous pas malades? Nous tomberons malades et nous mourrons. Qui vous a dit que nous serons immortels dans ce monde? Aviez-vous vraiment besoin du coronavirus pour savoir que nous mourrons? Aviez-vous vraiment besoin du coronavirus pour savoir que nous tomberions malades?

Vous souvenez-vous de ce que les saints Quarante Martyrs de Sébaste ont dit? Faisons du bien avec zèle! Puisque nous allons mourir de toute façon, il vaut mieux mourir honnêtement avec nous-mêmes et agréable à Dieu.

Ayons le souvenir de la mort, dont notre compatriote Saint Néophytes le Reclus a dit que la crainte de Dieu au souvenir de la mort est un bien plus élevé que tous les autres biens, car il nous rappelle que nous allons nous éloigner de ce vain monde et tenez-vous devant le Seigneur.

Nous nous dirigeons tous vers Pâques

Qu'est-ce que l'Église nous donne? Intrépidité: victoire sur la peur de la mort . La mort biologique nous attend tous, sans exception, mais pas la mort spirituelle: elle ne menace pas un homme qui croit en Dieu. «Celui qui croit en moi ne verra jamais la mort», dit le Seigneur (cf. Jean 8:51). C'est-à-dire que celui qui croit en Dieu ne verra jamais la mort; biologique - oui, spirituel - non. Mais c'est ce qui nous fait peur - la mort spirituelle, notre séparation éternelle d'avec Christ. Cela nous effraie. Nous espérons que cela ne nous arrivera pas, car la mort biologique est temporaire, mais c'est une séparation éternelle!

Quoi que nous soyons, saints ou pécheurs, nous entrerons tous par les portes de la mort biologique. Quoi que nous soyons, nous nous dirigeons tous vers Pâques, vers la Résurrection du Christ, Qui a piétiné la mort, dont nous entendons parler la nuit de Pâques. Que personne ne craigne la mort. Le Seigneur nous a délivrés de sa peur par sa mort. Il n'y a plus de mort; il y a la vie éternelle, Christ et le Royaume de Dieu à travers les âges.

C'est avec une telle foi que nous passerons l'épreuve qui nous est envoyée - sans panique, sans peur, sans pensées humaines. Nous irons, appelant à l'amour de notre Seigneur Jésus-Christ.

L'amour de Dieu triomphe de la peur

Nous savons que notre vie dans ce monde a une «date d'expiration». Mais nous savons aussi que la mort est une transition des choses vaines aux choses éternelles, au Royaume éternel de Dieu. La crise d'aujourd'hui est un jugement sur notre foi, notre vie, nos pensées et la qualité de notre connexion avec Dieu le Père.

L'Église reste un serviteur priant du Dieu vivant, indépendamment de tout calcul humain et de toute convoitise. Cela donne l'espoir que Dieu est au-dessus de tout - non pas pour négliger les efforts humains, mais pour surmonter la peur de la mort. Il est vaincu par l'amour. L'amour parfait chasse la peur. Celui qui aime Dieu ne craint rien. Il n'est obscurci par aucune épreuve dans ce monde, parce que l'amour de Dieu vainc la peur et donne un sentiment de vie éternelle.

Sans la lumière du Christ, les ténèbres sont insupportables

Dans notre métropole  (Eglise de Chypre), dans la cathédrale et dans d'autres églises, onction sera servie tous les jeudis avant ou après les Grandes Complies pour la guérison de l'âme et du corps. L'Église nous donne des médicaments pour la vie éternelle. Avec des remèdes biologiques et chimiques créés par l'homme, l'Église nous donne le saint sacrement de l'onction, pour donner à nos âmes et à nos corps la force de traverser tout ce qui nous arrive - la vie et la mort - en maintenant notre paix intérieure.

La mort a été mise à mort par la mort du Christ, comme disent les saints Pères de l'Église. Espérons en Christ. Invoquons le Très Saint Théotokos et les saints Pères, et allons de l'avant avec foi et tranquillité d'esprit. Ainsi nous réconforterons nos frères. Pensez à quel désespoir, quelle peur, quelle insécurité, quelle peur vit dans le cœur des gens qui ne sont pas éclairés par la lumière du Christ! Il s'agit d'une véritable tragédie - une vie sans Dieu! C'est une tragédie - une vie sans la sainte Église! L'homme ne peut pas vivre sans Christ. Sans la lumière du Christ, les ténèbres sont insupportables!

Par conséquent, tous ceux qui croient en Christ et invoquent son saint nom apporteront espoir, joie, paix, calme, tranquillité et courage au cœur de nos frères, en appelant à la présence et à l'amour de notre Seigneur Jésus-Christ.

Athanasios métropolitain de Limassol
Traduit par Jesse Dominick
Pravoslavie.ru
31/03/2020

vendredi 27 mars 2020


" Une épreuve de vérité, de rappel de notre condition la plus profonde : nous sommes des êtres de communion » par le père Jean Gueit "
27 mars 2020 

Frères et sœurs,

La première semaine de confinement est passée. Nous avons été bousculés par la soudaineté; nous entrons maintenant dans un temps plus ou moins long de confinement renforcé qui va se traduire pour beaucoup par des situations de solitude. Celle-ci, à de rares exceptions, constitue une épreuve qui peut être une épreuve de vérité, de rappel de notre condition la plus profonde : nous sommes des êtres de communion. Sans doute nous apprécions des instants de solitude, de recueillement, qui sont certes de plus en plus souvent bienvenus et nécessaires dans ce monde de sur-activité, profondément agité en définitive, et à ce titre «désintégrant». Un monde de «sans visage», le monde de «Mr Market» comme certains l’ont appelé, le monde de Mammon coupé de l’image de Dieu, «l’homme animalisé, robotisé, réduit à sa dimension biologique et mécanique, l’individu génétique, dépersonnalisé, mais qui tente de prendre la tête de l’humanité»[1].

L’être humain, créé à l’image de Dieu, est une personne, un être de communion, tourné vers l’autre. L’épreuve d’aujourd’hui révèle le mal être résultant du confinement qui impose l’isolement de chacun. Dans le même temps elle suscite, à la faveur des moyens de communication modernes, l’établissement, parfois le rétablissement des liens de voisinage, fraternels, familiaux qui ont pu être distendus par le fonctionnement sociétal foncièrement individualiste. Aujourd’hui, les manifestations de solidarité fraternelle, le dévouement, sont saisissants. Ce mouvement rappelle s’il en faut qu’ultimement nous ne pouvons pas (sur) vivre sans l’autre, nous ne sommes pas «
sauvés» sans l’autre.
La lecture spirituelle de cette tribulation majeure a déjà été largement développée et le sera encore assurément.[2]

Une autre dimension de l'évènement paraît très symptomatique : la nature du mal provoqué par le virus : une double paralysie. La paralysie de la rencontre de visage à visage
; la paralysie respiratoire. Le masque sépare. Les poumons sont asphyxiés, ne laissant plus passer l’oxygène vital, le souffle de vie.

Ces quelques éléments nous suggèrent de rappeler que la prière de l’Église (assemblée) est fondamentalement une prière communautaire – liturgique qui elle aussi, ou plutôt en premier lieu, nous rappelle que nous ne nous sauvons pas seuls.

Ainsi les prières, dites «initiales» par lesquelles nous commençons les offices, et que nous sommes supposés prononcer quotidiennement sont toutes des prières communautaires :

Roi céleste, consolateur…….demeure en nous….purifie nous de toute souillure et sauve nos âmes….

(Rappelons que l’invocation de l’Esprit saint revêt une importance toute particulière, car il s’agit précisément du saint Souffle, donateur de vie, la véritable antidote à l’asphyxie….)

Très Sainte Trinité aie pitié de nous, Seigneur purifie nous, Maître pardonne nous nos offenses, comme nous pardonnons (ensemble) La seule prière que nous a transmis le Seigneur est une prière communautaire qui fonde toutes les autres : Notre Père, donne-nous aujourd’hui…… , pardonne-nous…. , ne nous soumets pas…… mais délivre nous.
Kyrie eleison – Seigneur aie pitié – peut-être à la fois personnelle (aie pitié de moi) et communautaire (aie pitié de nous). Le Mont Athos suggère en ce moment de prier à la même heure (22 h) : Seigneur aie pitié de ton peuple.

Ainsi frères et sœurs, prions le saint Souffle pour qu’il demeure en nous tous, qu’il nous donne toujours la vie; et c’est par Lui que nous communions au Fils, que nous prions comme Maître de MA vie; mais cette prière personnelle, et non individuelle nous place en relation avec l’autre, pour que nous soit épargné l’esprit de domination, et de vaines paroles, de jugement du frère. Mais que nous soit accordé un esprit d’intégrité (qui s’oppose à la désintégration), d’humilité de patience et d’amour.

Seigneur Jésus-Christ aie pitié de moi pêcheur

Seigneur Jésus-Christ aie pitié de nous pêcheurs

P. Jean Gueit (photographie : source)
[1] L’homme. Éléments d’anthropologie chrétienne, collectif, éd. Apostolia, 2019
[2] Notons en particulier archiprêtre Vladimir Zelinsky : « La quarantaine, quel sens tirons-nous de cette épreuve ? »  in Orthodoxie.com ; archimandrite Syméon : « Oui, nous sommes dans le désert! » in Orthodoxie.com.

dimanche 22 mars 2020


DIEU NOUS PARLE DANS L’ÉPREUVE

Paternité de Dieu

Je vérifie aujourd’hui que Dieu a sa façon de rééquilibrer sa Création et ses lois, quand celles-ci viennent à être trop malmenées, trop bouleversées. Il a sa façon miséricordieuse de nous éduquer, de nous guider, de nous éclairer, de nous éveiller. Les moments de bouleversements que nous vivons doivent nous faire réfléchir pour qu’ils ne soient pas vains, stériles et infructueux. Que devons-nous entendre, comprendre et déchiffrer individuellement et collectivement dans cette situation ?

La pause !

Dans une phase où le réchauffement climatique semble avoir des conséquences irréversibles, mais face auquel certaines nations restent complètement  inconscientes, certains pays sont forcés à être mis sur pause. Le pays ralentit, l’économie s’écroule et avec elle, la pollution. L’air que nous respirons devient plus sain. Nous portons peut-être des masques mais nous respirons ! Il ne faut donc pas se résigner ou abdiquer ! Il n’est pas trop tard !

Nous, les ségrégués…

Dans une période où nous voyons resurgir certaines idéologies et systèmes politiques ségrégationnistes d’une violence extrême, qui nous apportent sa vague de candidats au refuge, un virus arrive à passer nos frontières, lui aussi : encore un ! En quelques jours nous devenons les ségrégués, les bloqués à la frontière, les rationnés, les contagieux, les confinés, les personnes à risque. Nous sommes pourtant blancs, occidentaux.. nous ne voyageons pourtant pas en bateau de fortune mais en première classe.

La course en caddie !

La peur du manque nous manœuvre vers des conduites démesurées de stockage, d’accumulation de produits, même non vitaux, comme le papier toilette. Ce dernier est devenu la star des réseaux sociaux, l’inspiration stimulant une fabuleuse créativité satirique. Il y a encore quelques semaines, les mêmes personnes réprouvaient des pères et des mères fuyant leur pays sous la frayeur des bombes et des crimes ; elles maudissaient des pères et des mères prêts à tout, non pas pour pouvoir s’essuyer agréablement le derrière, mais pour sauver la vie de leur enfant. Bourrons nos cœurs d’empathie et de compassion autant que nos caddies de papier toilette et de Lustucru ! Allons enfants de la pâtes-riz !

Co-vide…Co-mmunion

Dans ce climat d’individualisme et d’égoïsme, le Covid-19 nous envoie  un texto clair : la seule façon de nous en sortir est la coopération, l’appartenance, la responsabilité collective, la conscience partagée que chacun dépend de l’autre aussi grand, aussi petit soit-il. La communion comme seul moyen de guérison ! Super idée ! Il fallait y penser ! J’en ai mis du temps à comprendre !

Pardon, les hôpitaux

Quand le service public est décrié et détérioré, où l’hôpital et les soignants vivent des heures sombres depuis des années aux profits d’intérêts autres, nous voilà confrontés de plein fouet aux conséquences et aux dommages de ces choix. Nos idoles s’inclinent devant la maladie. Les hôpitaux sont débordés ? Mais enfin, c’est bien c’qu’on vous dit depuis des années ! Ces gens, tout d’un coup si extraordinaires, pleurent depuis si longtemps… Le virus fait de nombreuses victimes. Guérissons de la surdité et de la cécité ! Demandons pardon !

Redécouvrir l’essentiel Co-vide…

À une époque où notre moteur est l’avoir, le faire, le faire pour avoir, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, week-end et jours fériés, la sentence tombe : stop ! Tout le monde à la maison (ou presque) ! Du temps ?  Aïe ! Ce fameux temps dont nous rêvions ! Don inattendu ! Nous voyons bien à quel point nous avons peur du vide. Il n’y a qu’à voir le nombre de vidéos, de sites, d’applications proposant ces derniers jours des activités, des idées, pour remplir ce temps de confinement. Nous avons besoin de remplir nos esprits autant que nos placards. De quoi avons-nous peur cette fois-ci : de manquer ? Encore ! Du silence ? Du retour à notre état naturel ? Nombreux professionnels sont envoyés au front, et on nous demande de rester sur notre canapé ! Redécouvrons un trésor caché… Rendons-lui sa valeur, lui qui n’a pas de prix. Faisons fructifier nos talents !

En famille

Les enfants sont à la maison ! Personne à qui déléguer ? Ni association, ni institution ? Ça va durer longtemps, cette histoire ? – Réapprenons à communiquer, à transmettre, à jouer, à éduquer, à faire ensemble, à vivre ensemble, à partager… Refaisons famille ! Ensemble, c’est tout !

Jeûner des autres

À l’ère où les relations, les interactions, la communication, la socialisation se développent particulièrement dans des espaces virtuels, au sein des réseaux sociaux qui nous donnent l’illusion de la proximité, de la sollicitude, de l’intérêt pour autrui et du dialogue, ce virus nous prive de ce partage, le vrai, le bien réel. Chacun chez soi ! Ça ne change pas tant que ça finalement ! Et pourtant… Nous allons peut-être découvrir les limites de ces réseaux de communication virtuelle : tout cela manque un peu de toucher, de caresses, de regards, de douceur de voix, d’éclats de rire, de parfums qui font saliver, de saveurs à partager, de mémoire, de souvenirs. Génial : nous allons nous manquer !

La responsabilité

Alors plutôt que de chercher le coupable, de faire des procès d’intention, de fouiner pour dénicher le complot, d’accuser et de diviser : regardons-nous, examinons-nous, dévisageons-nous ! En quoi suis-JE responsable ? Retirons le masque ! Soyons attentifs à ce que Dieu nous offre avec pédagogie et miséricorde. Nous avons sérieusement exagéré, minimisé, abusé, déraisonné. Nous avons sérieusement déliré. Alors : éveillons nos consciences, réalisons, comprenons, changeons, faisons changer, agissons, discernons, choisissons, arrêtons ! Stoppons nos réactions et démarrons nos actions ! Qu’il y ait un avant et un après virus.

L’action de grâce

Un avant et un après carême ! Rendons grâce à Dieu pour sa tellement bonne et bienveillante divine paternité. Supplions-le d’épargner nos vies. Prouvons-lui que c’est bon, que ça va, qu’on a compris. La prière de saint Éphrem (oisiveté/découragement/domination/parole facile/pureté/humilité/patience/charité) prend un sens particulier aujourd’hui à la lumière de cette épreuve permise par Dieu pour notre salut. Ne passons pas à côté d’une telle opportunité… Saisissons l’occasion de nous mettre en route vers une conversion et un repentir véritables et que Dieu (re)devienne le vrai Maître de nos vies !

(paroissienne Louveciennes)



Les causes de la pandémies

Beaucoup nous demandent quelles sont les causes de la pandémie COVID-19 , s'il s'agit d'un phénomène naturel ou s'il y a des acteurs au niveau de l'État qui ont généré cette épidémie.

Nous devons comprendre que cette façon de penser est déformée.

Ne blâmez pas les autres

Nous devons d'abord penser pourquoi Dieu parfait a permis que cela nous arrive. Rien n'est accidentel.

Ainsi, la cause est nous, nos péchés. Puisqu'il s'agit d'une douleur générale, il est clairement démontré que ce péché est général - et cela en raison de l' indifférence aux questions spirituelles , une indifférence à Dieu.

Ainsi, nous méritons la séparation des services et de la sainte communion, en raison de l'indifférence générale de ceux qui ne connaissent presque rien à la foi, et de ceux qui connaissent la foi mais ne pleurent pas et ne prient pas pour leur état et la société en général.

Nous devons pleurer et prier intensément, patiemment et, espérons-le, en attendant la solution. C'est ainsi que les problèmes sont résolus .

Les causes de la pandémie sont spirituelles

Cependant, nous avons complètement changé notre système de valeurs: nous considérons le péché comme la vertu et la vertu comme le péché. C'est la pire chose de toutes et, en fait, c'est la principale cause du problème. Si le péché avait été accepté comme péché, alors les gens se seraient repentis, se seraient battus et en seraient revenus et, ainsi, Dieu se serait attendu à notre retour. Maintenant, quand le péché passe comme une vertu, l'humanité va pour l'autodestruction, sans s'arrêter, et donc la loi spirituelle est obligée d'intervenir.

De tous les péchés qui passent comme vertu, quelle est le péché - ou catégorie de péchés - qui est la cause de la pandémie?

Il est évident que, puisque cette tentation vient à nous dans le corps, les péchés qui provoquent la pandémie sont les péchés corporels que nous considérons aujourd'hui comme une vertu. Nous sommes sexuellement obsédés; nous acceptons toute distorsion sexuelle et nous ne savons plus comment satisfaire ces désirs. Par conséquent, Dieu nous sépare les uns des autres en quarantaine car, en restant ensemble, nous nous détruisons.

Ne cherchons pas les causes de la pandémie en dehors de nous, même s'il est possible que différents acteurs, plus ou moins malveillants, aient apporté ou contribué à cette pandémie. Cependant, les informations accusant un État ou une organisation capable de faire de telles choses ne feront que susciter la haine. Cela ne résoudra pas la situation, mais augmentera plutôt l'hostilité entre nous.

Conclusion

Encore une fois: la solution est le repentir: pleurs, jeûne et prière intense avec patience et espérance. Les choses sont simples, mais nous ne voulons pas les appliquer à cause du renversement de notre système de valeurs, de l'amour-propre et de l'indifférence. Ce sont les causes de la pandémie.

Source: Monastère de Vatopedi  Mont Athos

jeudi 19 mars 2020



Ô vénérable Père Nicéphore le Lépreux,



Tropaire (Ton 3)
Ô vénérable Père Nicéphore le Lépreux,
tes luttes et ta courageuse ascèse ont étonné les anges du ciel.
Comme un nouveau Job, dans la douleur,
Tu as enduré ta souffrance et rendu gloire à Dieu.
Et ainsi, Il t’a accordé une couronne resplendissante de miracles.
Réjouis-toi, ô guide des moines !
Réjouis-toi, ô prisme de lumière !
Réjouis-toi, ô fragrance délicieuse qui rayonne de tes reliques !


Kondakion (Ton 2)
Ô vénérable père Nicéphore,
fuyant la douleur et la corruption corporelle,
Soutien indéfectible des lépreux
Tel un cheval, tu galopas vers les cieux,
Et ton corps brillait dans sa maladie.
Comme un temple de Dieu brillamment éclairé,

Mégalynaire
Tu es une icône vivante de la vertu, et semblable par ta patience à Job ô Père, Tu supportas les afflictions, et tu fus agréable à Dieu, c’est pourquoi après ton trépas, tes reliques furent fragrantes.

Source: CLG Orthodoxologie.com

mercredi 18 mars 2020

Réception des travaux et réouverture de la chapelle St Jean le jour du Triomphe de l'Orthodoxie.
Dimanche 8 Mars 2020








Photos crédit Séraphim


vendredi 6 mars 2020


On avance, on avance!




mardi 3 mars 2020



Par TIT OIᑎᕮ le dimanche 1 mars 2020, 11:00 - réflexions

L’épidémie du coronavirus a appelé de nombreux commentaires, particulièrement dans le monde catholique-romain, mais aussi dans l’Orthodoxie, relativement aux dangers auxquels exposerait la sainte Communion. Aussi, ne doit-on pas se poser cette question : Peut-on être contaminé par le Corps et le Sang du Christ alors qu’il est dit dans la prière аprès la Communion, que les Saints Dons nous apportent LA GUÉRISON de l’âme et du CORPS ? Comme l’a dit récemment le patriarche Daniel de Roumanie : « la Sainte Eucharistie n'est pas et ne peut jamais être une source de maladie et de mort, mais une source de vie nouvelle en Christ, de pardon des péchés, de la guérison de l'âme et du corps… » https://basilica.ro/cuvant-pastoral-pentru-intarirea-in-credinta-si-in-comuniune-euharistica-patriarhul-daniel/
Au cours d’une précédente épidémie, un vieux prêtre grec, aumônier des hôpitaux, avait déclaré : « Je n’ai jamais vu dans ma carrière une seule personne infectée après avoir reçu les saints Dons ! » Répondant aux réticences de ceux qui craignent vénérer les icônes, le patriarche Daniel a ajouté : « De plus, lorsqu’ils embrassent les icônes sacrées, les croyants qui ont une foi forte et vivante n'ont pas peur de tomber malades, mais ils se réjouissent de la prière et de la bénédiction des saints représentés sur les icônes. »

Cela dit, il serait opportun que tous les Orthodoxes, à l’instar des Roumains, introduisent des demandes spéciales dans l’ecténie instante au cours de la sainte Liturgie, pour la protection contre la maladie et pour les malades eux-mêmes. L’évêque Silouane (évêché roumain d’Italie) a fait les recommandations suivantes https://orthodoxie.com/message-de-leveque-silouane-au-sujet-de-la-propagation-du-coronavirus-en-italie/ à ses fidèles :
— Tracer quotidiennement le signe de croix sur eux-mêmes, ainsi que sur leurs enfants, ainsi que sur leur nourriture et leur boisson, à la maison et sur le lieu de travail.
— Oindre leur propre personne et leurs enfants, quotidiennement, avec l’huile du sacrement de l’huile sainte, pour la guérison de l’âme et du corps, en faisant avec elle le signe de croix sur le front, à la base du cou et sur les mains.
— Boire, chaque matin, à jeun, de l’eau bénite et asperger avec celle-ci son logement, en traçant le signe de croix.  [S. Luc, le chirurgien de Simféropol disait de façon caractéristique : « je vous recommande l’eau bénite, non en tant qu’archevêque, mais en tant que médecin ! » 
ndt]
— Avoir la conviction que, chaque fois qu’ils communient au saint corps et au saint sang du Christ Sauveur, ils le font pour la guérison de l’âme et du corps.
— Réciter fréquemment le « Notre Père », en pensant à tous ceux qui souffrent ou qui sont envahis par l’anxiété et la peur.
— Invoquer le nom du Seigneur pour qu’il nous défende et nous aide, en disant sans cesse : Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu, aie pitié de nous et de tout Ton monde.
— Lire, dans la mesure du possible, le canon d’intercession à la Mère de Dieu, en commémorant les malades, avec la conviction que la très sainte Mère de Dieu est une assistante empressée.

Là où se trouvent des saintes reliques, il convient que le clergé bénisse le peuple avec le coffret les contenant, en traçant le signe de la croix avec dans les quatre directions. »

Outre ce que dit au sujet de la prière Mgr Silouane, on peut ajouter que les psaumes sont d’un grand secours en cas d’épidémies. S. Arsène de Cappadoce (†1924), avait attribué les Psaumes 50 et 85 (numérotation des Septante) à la protection contre celle-ci.

Il est également utile de rappeler ici le secours des saints. À titre d’exemple, une épidémie de choléra avait frappé la Russie en 1830. Le 25 septembre, jour de la fête de S. Serge de Radonège, le métropolite Philarète de Moscou avait célébré en la cathédrale de la Dormition « un office d’intercession avec des prières dites à genoux pour la cessation de l’épidémie dans la patrie », après quoi une procession s’est déroulée à travers toutes les églises du Kremlin. Dans la « feuille d’information sur le choléra N°5 » http://www.pravoslavie.ru/128870.html éditée à cette occasion, nous lisons : « les habitants de Moscou, avec attendrissement, se sont adressés au saint (i.e. S. Serge) qui, au cours des siècles, a veillé sur sa patrie terrestre, la gardant de tous les malheurs, et il a écouté, semble-t-il, leurs prières ardentes : en ce jour, le nombre des morts à Moscou a été nettement inférieur à celui même des époques prospères. La prière du juste a une grande efficacité (Jacques 5, 16). » Autre exemple, une épidémie de peste cessa au XVIIIe s. sur le Mont-Athos, après que les moines eurent invoqué le saint grand-martyr Charalampe.

Cette épidémie survient alors que les « gens mangent, boivent, achètent, vendent, plantent, bâtissent » (cf. Lc 17,28), et tandis que la mort, « évacuée » de toute la civilisation contemporaine, se présente soudainement. Peut-être est-ce là un appel à la pénitence (en grec « metanoia », changement de mentalité) et à reconsidérer ses intérêts dans la vie ainsi que prendre conscience de la fragilité de notre existence ?

Les lignes qui précèdent n’ont pas pour but, cela est évident, de négliger les mesures prophylactiques dictées par les autorités, mais de rappeler que « сeux qui mettent leur confiance dans le Seigneur sont redoutables à leurs ennemis, ils sont dignes d’admiration, car ils regardent en haut » (Anavathmi 6e t.).


jeudi 27 février 2020

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mercredi 26 février 2020

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mercredi 12 février 2020

La chapelle Saint Jean, avant !






mardi 4 février 2020

Si très peu de chrétiens ont une conscience vive et angoissante de leurs péchés, c'est que Jésus ne leur est pas présent. Nous touchons ici à un point important concernant "l'évangélisation" et " la conversion": On ne passe pas de la conscience du péché à la présence de Jésus, mais, au contraire, de la présence de Jésus à la conscience du péché. C'est le regard que nous jetons sur Jésus (ou plutôt  notre conscience du regard que Jésus jette sur nous) qui produit en nous la repentance.

Tiré de la catéchèse orthodoxe: L'An de Grâce du Seigneur, page 37, du p. Lev Gilet. Dimanche de la Pêche miraculeuse.
L'Eucharistie est la perfection de tous les mystère.  
Elle contribue directement à l’accomplissement de ce que les autres mystères ne sont pas en mesure d'accomplir; elle est encore ce qui fait resplendir davantage le don reçu dans les autres mystères, et qui est assombri par l'ombre de la terre.

C'est qu'elle rappelle à la vie ceux qui sont morts à cause du péché: rien n'accomplit cela, que l'eucharistie. Car l'être humain déchu ne peut se relever par des pouvoirs humains, et la méchanceté humaine ne peut être expiée par le seule mérite humain.

Saint Nicolas Cabasilas
"La vie en Christ"

mercredi 22 janvier 2020


Paroles du Staretz Cléopas Ilie de Sihastria


- Comment Les chrétiens devraient se tenir à l'église pendant les offices, comment doivent-ils prier, et quels devoirs ont-ils quand ils vont à l'église?

Les chrétiens devraient se tenir à l'église avec foi, crainte de Dieu, et attention. Ils devraient se forcer autant que possible à prier sans distraction et avec le sentiment du cœur. En outre, les chrétiens ont les devoirs suivants: aller régulièrement à l'église, car celui qui manque souvent les offices, sauf pour les malades, sont exclus des Saints Mystères; se réconcilier avec tous les hommes et demander pardon à ceux à qui ils ont fait du mal; préserver leur pureté au moins deux jours avant d'aller à l'église et au moins un jour après; venir tôt pour les offices divins afin d'avoir le temps de vénérer en paix et d'entendre les matines. 

Chaque chrétien devrait offrir quelque don au Seigneur selon sa capacité, même s'il est très modeste, comme un sacrifice de l'œuvre de ses mains. Il devrait donner des noms pour la commémoration, et demander au prêtre de prendre des parcelles [de la prosphore] pour les vivants et les morts de leurs familles. Les chrétiens devraient se tenir à l'église modestement et en bon ordre, les hommes à droite et les femmes à gauche. Ils doivent porter des vêtements propres et modestes, et les femmes devraient avoir des foulards sur la tête. Il est interdit de parler pendant les offices sans grande nécessité. Après que la Divine Liturgie ait commencé, tout le monde doit rester à sa place et ne pas se déplacer pour vénérer les icônes. Ils doivent suivre la Liturgie avec une attention pieuse, et écouter les prières et les chants du chœur, les lectures de l'Epître et de l'Evangile, et le sermon. Personne ne devrait quitter l'église avant la fin de la Liturgie sans grande nécessité. Ceux qui se sont confessés et préparés pour la Sainte Communion devraient lire les prières appropriées avant la Communion à l'avance, et avant d'approcher les Saints Dons ils devraient demander pardon à tous les fidèles. Après la Liturgie, ceux qui ont reçu la Communion devraient lire les prières d'action de grâces, passer ce jour-là dans la joie spirituelle et se garder de toutes les tentations. 

Les parents doivent régulièrement amener leurs enfants à l'église, en veillant à ce qu'ils reçoivent la Communion au Corps et au Sang du Christ. Après la fin des services divins, les chrétiens devraient retourner avec révérence dans leurs foyers, passer le reste du jour dans la pensée de choses saintes, la lecture de livres spirituels, et la visite des malades. Ils sont également tenus de dire à ceux à la maison qui ne sont pas venus à l'église ce qu'ils ont entendu et appris à l'église, les tropaires, les lectures, et le sermon. Ce sont les devoirs les plus importants de chrétiens quand ils vont à l'église le dimanche et les jours de fête.