Père
Séraphin Rose, la « religion » du futur
Extrait:
III La Religion du Futur
Ces deux techniques de “méditation” sont si semblables les
unes aux autres qu’elles possèdent virtuellement les mêmes méthodes et
objectifs, et l’esprit qui les anime est précisément celui d’un bon nombre
d’autres mouvements “spirituels”, de “la science du cerveau” à la
“scientologie”. Elles traduisent le renaissance aujourd’hui d’une attitude
“post-chrétienne” de l’esprit qui, déçu par le “Christianisme traditionnel”,
cherche d’autres “expériences religieuses” qui puissent satisfaire “l’âme
moderne”. Cet état d’esprit est essentiellement le même qui, un siècle plus
tôt, produisit le spiritisme, “la Science Chrétienne”, “la Nouvelle
Pensée”, et tout ce qui touche aux religions orientales. Maintenant, cependant,
une action concertée est entreprise qui vise à donner un vernis “chrétien” à
cet état d’esprit païen. Le mouvement “Renouveau charismatique” est également,
d’une façon toute à fait claire, partie prenante de cette orientation
pseudo-spirituelle, adaptant simplement le Pentecôtisme victorien du siècle
dernier au goût du jour. Le mouvement sectaire et païen spirite a maintenant
percé jusque dans le corps des plus conservatrices des églises, et les
“expériences spirituelles” sont présentées maintenant aux chrétiens ordinaires
comme une part normale de la vie chrétienne.
Il est profondément significatif de l’état d’esprit
actuel de l’humanité que ces mouvements et toutes les autres expériences de
“méditation ” commencent à prendre racines parmi les “chrétiens”. Une influence
religieuse orientale est indéniablement à l’oeuvre chez ces “chrétiens”, mais
cela n’est que le résultat de quelque chose de plus fondamental : la perte
des vrais sentiments et valeurs du Christianisme, due à quelque chose
pourtant de si étranger à lui : que la méditation orientale puisse
prendre des cœurs “chrétiens”.
C’est vraiment à n’en pas douter, une erreur que
d’appeler de telles âmes “chrétiennes”. La vie basée sur l’égocentrisme et
l’auto-satisfaction pratiquée par les “chrétiens” modernes est si dépravante
qu’elle les ferme véritablement à toute compréhension réelle de la
vie spirituelle; et lorsque de telles personnes entreprennent “la vie
spirituelle”, cela n’est qu’une autre forme d’auto-satisfaction. Cela
apparaît très clairement dans l’idéal religieux totalement falsifié à la fois
du mouvement “charismatique ” et des formes variées de “méditation chrétienne”
: toutes elles promettent, en un temps éclair, une expérience de “contentement”
et de “paix”. Mais cela n’est point du tout l’idéal chrétien, où tout se
résume en un combat et une lutte acharnés. Le “contentement” et la “paix”
décrits dans ces mouvements contemporains “spirituels” sont très manifestement
le produit de la déception spirituelle, de l’auto-satisfaction spirituelle – ce
qui est absolument la mort de la vie orientée vers Dieu. Toutes ces formes de
“méditation chrétienne” opèrent seulement à des niveaux psychiques et n’ont
rien en commun avec la spiritualité chrétienne. La spiritualité
chrétienne consiste en une lutte ardue visant à acquérir le Royaume
éternel des Cieux, qui commence pleinement avec le renoncement au monde
temporel, et la véritable lutte chrétienne ne trouve jamais le repos, même dans
l’avant-goût de l’éternelle béatitude qui peut lui être accordé lors de
cette vie; mais les religions orientales, auxquelles le Royaume des Cieux n’a
pas été révélé, s’efforcent seulement d’acquérir des états psychiques qui
débutent et se terminent en cette vie même.
« Mais les buts de ces “expérimentations” sont que
ces techniques deviennent sans aucun doute de plus en plus efficaces à
mesure que l’humanité y sera mieux préparée par une attitude de passivité et
d’ouverture à toutes les nouvelles “expériences religieuses” inculquées par ces
mouvements. »
Le Père Seraphim (Rose), né Eugene Dennis
Rose (13 août 1934
– 2
septembre 1982) fut un hiéromoine de l’Église
Orthodoxe Russe Hors Frontières vivant aux États-Unis
d’Amérique; ses écrits ont aidé à diffuser le Christianisme
Orthodoxe dans l’Amérique moderne et en Occident, et sont aussi
plutôt populaires en Russie et en Roumanie.
Né de Frank et d’Esther Rose à San Diego, Eugène a été élevé
en Californie, où il restera toute sa vie. Il fut baptisé dans la foi
méthodiste à l’âge de quatorze ans, mais devint par la suite athée, perdant
toute croyance en Dieu. Au
lycée, à San Francisco, tandis qu’il a été évalué comme étant du niveau d’un
génie lors d’un test formel de QI, il a connu une phase beatnik dans sa vie et
a pratiqué le Bouddhisme.
Au cours de l’été 1955, entre son premier et deuxième cycle à
l’université, Eugène rencontre Jon Gregerson, par l’intermédiare duquel il
entre pour la première fois en contact avec la foi orthodoxe. Eugène s’est
révélé homosexuel à l’université, après que sa mère ait découvert des lettres
entre son fils et Walter Pomeroy, un ami du lycée. Eugène perdit plus tard son
identité d’homme gay alors qu’il acceptait lentement l’Orthodoxie, mettant fin
à sa longue relation avec Gregerson.
Durant ses études auprès d’Alan Watts à l’Académie américaine
d’études sur l’Asie (après être sorti diplômé du Collège Pomona en 1956),
Eugène découvre les écrits de René Guenon. Les écrits de Guénon incitèrent
Eugène à chercher une foi spirituelle enracinée dans une tradition authentique.
Gregerson, à cette époque pratiquant dans l’Église
orthodoxe russe, a introduit Eugène à Orthodoxie. Au moment où
Gregerson choisit de quitter l’orthodoxie, Eugène a été inspiré d’en apprendre
plus à propos de la foi. Ceci amena Eugène à prendre la décision d’entrer dans
l’Église par chrismation en 1962.
Eugène avec un autre chrétien orthodoxe, Gleb
Podmoshensky, ont par la suite formé une communauté d’éditeurs
et de libraires orthodoxes appelée la Fraternité de St Herman
d’Alaska (St. Herman of Alaska Brotherhood). La communauté a finalement
décidé de fuir la modernité urbaine pour le désert de
la Californie du Nord pour devenir moines en
1966. Lors de sa tonsure en
1970, Eugène prit le nom de « Seraphim » en référence à saint Séraphin
de Sarov.
Après son ordination comme hiéromoine, le Père
Seraphim écrivit plusieurs ouvrages, dont La
Révélation de Dieu au coeur des hommes, L’Orthodoxie
et la Religion du Futur, et L’âme
après la mort. Il a aussi fondé le magazine Parole
orthodoxe (The Orthodox word), toujours édité aujourd’hui par la
Fraternité. L’ensemble de l’oeuvre que le Père Séraphim a publié s’est
rapidement répandu à travers l’Amérique à la mort du Père Séraphim, ansi qu’en
Russie et en Europe de l’Est après la chute du communisme dans ces pays.
En tant que moine, le P. Seraphim a développé une étroite
relation avec St. John
Maximovitch, alors évêque de
San Francisco sous le patriarcat de
l’Église
orthodoxe russe hors frontières.
Le P. Seraphim, en tant que converti et
finalement hiéromoine dans l’Église russe hors frontières, est regardé par
beaucoup comme un bastion de l’enseignement orthodoxe au moment où plusieurs
juridictions américaines, et même certaines factions au sein de l’Église Russe
Hors Frontières elle-même, auraient introduit des pratiques et des
enseignements nouveaux et/ou erronés. Dans son ouvrage, L’Orthodoxie et la
Religion du futur (Orthodoxy and the Religion of the Future), le P. Seraphim
met en évidence ce que lui et d’autres ont considéré comme des tendances
dangereuses autant dans le monde séculier qu’ecclésiastique, comme le
modernisme et l’œcuménisme (même si le livre traite principalement de mouvements
religieux envahissant l’Amérique et extérieurs à l’Orthodoxie).
En 1982, après avoir senti des douleurs aigues pendant
plusieurs jours alors qu’il travaillait dans sa cellule, le père Seraphim a été
amené à l’hôpital par ses compagnons moines afin d’y être soigné. Quand il est
arrivé au Mercy Medical Center (Centre médical de la Miséricorde) à
Redding, en Californie, il a été déclaré dans un état critique et a sombré dans
une semi-conscience.
Après être mort depuis plusieurs jours et bien que reposant
dans un pauvre cercueil dans son monastère désert,
les visiteurs déclaraient que le corps de Père Seraphim n’avait pas succombé à
la pourriture et au raidissement des morts. Son corps demeurait souple tandis
que plusieurs personnes déclarent qu’il dégageait une odeur de rose. Une
demande de glorification a
débuté après l’enterrement de Père Seraphim. Il a finalement atteint le titre
de Bienheureux à la suite de plusieurs miracles qui
lui ont été attribués et attend maintenant sa glorification en saint par
un synode orthodoxe.