Qu'arrive-t-il
à notre âme après la mort ?
« Où va notre âme après notre mort
en attendant notre jugement ?
Mon père spirituel me le rappelle souvent : « C’est
l’affaire de Dieu. » Et il a raison. Nous ne sommes pas capables de
comprendre en détail l’œuvre de Dieu, mais les Écritures et l’expérience des
saints nous en donnent un aperçu.
Jésus nous en donne un aperçu dans la parabole de Lazare et de
l'homme riche. Nous avons également le récit mystérieux de saint Paul sur son
enlèvement au ciel, ainsi que la vision hautement symbolique de l'Apocalypse.
À mesure que nous grandissons spirituellement, certaines
choses deviennent plus claires, non seulement intellectuellement, mais aussi
dans notre cœur. Cependant, nous ne devrions pas nous focaliser trop sur des
détails spéculatifs concernant l'au-delà. Nous devons plutôt nous
demander : est-ce que je vis d'une manière qui me prépare à ressembler au
Christ et à être uni à lui ?
Nous devons être prudents quant à notre curiosité à l'égard de
ces choses. Le véritable objectif n'est pas de satisfaire notre curiosité, mais
de cultiver une vie qui nous amène à ressembler au Christ et à entrer en
communion avec lui, maintenant et dans l'au-delà.
Permettez-moi d’essayer de vous donner quelques réponses
basées sur l’enseignement de l’Église.
Dans l'orthodoxie, lorsqu'une personne meurt, il est entendu
que l'âme se sépare du corps et entre dans un état d'existence spirituelle
temporaire. Il ne s'agit pas du jugement dernier, mais plutôt d'un avant-goût
de ce qui est à venir.
1. L'âme
est consciente après la mort
L'Église enseigne que l'âme demeure consciente et éveillée
après la mort. Elle goûte, selon son état spirituel, soit à la béatitude, soit
à la souffrance.
2. Jugement
particulier
Immédiatement après la mort, il y a une sorte de « jugement
particulier » – non pas le jugement final, mais une révélation de la direction
de l'âme. Bien que controversé, il est souvent évoqué symboliquement à travers
les « péages » dans certains écrits de saints et de moines. Cette image exprime
que l'âme traverse des étapes où sa condition spirituelle se révèle.
3. En
attendant le jugement final
L'âme demeure dans cet état jusqu'à la résurrection du corps
et le jugement dernier, qui aura lieu lors du second avènement du Christ. À ce
moment-là, l'âme et le corps seront réunis, et chacun se tiendra devant le
Christ. Alors viendra le jugement complet et éternel (cf. Matthieu 25, 31-46).
Donc en
résumé :
• Après la mort : l’âme est séparée du corps
et entre dans un état spirituel.
• Jugement particulier : l’âme éprouve un
avant-goût du paradis ou de l’enfer.
• Jugement dernier : lors de la Seconde
Venue, le corps et l’âme sont réunis, et la destinée éternelle est pleinement
et définitivement révélée.
Et le bon
larron ?
Une question intéressante à se poser à propos de l’homme à qui
le Christ a dit : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Luc
23:43).
L’Orthodoxie ne comprend pas cela comme une contradiction avec
l’enseignement ci-dessus, mais comme une confirmation de celui-ci d’une manière
plus profonde.
1. Le
paradis n’est pas encore la plénitude du ciel.
Avant la résurrection du Christ, les portes du ciel étaient
fermées. Mais sa mort sur la croix et sa descente aux enfers (1 Pierre 3:19,
Éph. 4:9-10) ont ouvert la voie aux justes pour entrer au Paradis. Le Bon
Larron fut donc le premier à y entrer, non pas parce qu'il était
« extraordinaire », mais parce qu'il s'était sincèrement repenti et
avait confessé le Christ à la dernière heure.
2. «
Aujourd’hui » signifie une véritable communion avec le Christ.
Dans ce contexte, le « Paradis » désigne la
communion avec le Christ, le début de cet état béni que tous les justes
connaissent dans leur âme après la mort. Alors oui, le Bon Larron était avec le
Christ ce jour-là, tout comme les âmes des justes le sont aujourd'hui.
Mais ce n'était pas encore le jugement dernier ni la
résurrection. Le Bon Larron, comme nous tous, attend encore la résurrection de
la chair à la fin des temps.
Dans l'orthodoxie, la mort n'est pas une fin, mais un
passage. L'Église entoure les défunts de prières et de souvenirs,
implorant Dieu de leur accorder le repos et sa miséricorde. Nous ne prétendons
pas connaître l'état final de qui que ce soit, et c'est pourquoi nous
continuons à prier pour les défunts.
Support
scripturaire du Jugement particulier.
Examinons les principaux supports scripturaires concernant le
jugement particulier et l’état de l’âme après la mort :
1. La
parabole de l'homme riche et de Lazare – Luc 16:19–31
« Le pauvre mourut et fut porté par les anges dans le sein
d'Abraham. Le riche mourut aussi et fut enseveli. Dans le séjour des morts,
alors qu'il était en proie aux tourments, il leva les yeux et vit de loin
Abraham, et Lazare dans son sein. » (v. 22-23)
• Cette parabole montre clairement
l’existence consciente des deux âmes après la mort.
• L’homme riche est dans la tourmente ;
Lazare est consolé dans le sein d’Abraham.
• Il y a une séparation claire, et l’état de
chaque âme reflète sa vie terrestre.
• Le jugement a eu lieu, mais c’est avant la
résurrection et le jugement final.
Conclusion orthodoxe : cela soutient fortement un jugement
particulier – un discernement de l’état de l’âme au moment de la mort,
aboutissant à un état provisoire (mais bien réel) de repos ou de tourment.
2. « Il
est réservé aux hommes de mourir une seule fois… » – Hébreux 9:27
« Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois,
après quoi vient le jugement… »
• Cela indique que le jugement suit
immédiatement la mort.
• Encore une fois, cela n’exclut pas un
jugement final à la fin des temps – cela montre simplement qu’une sorte de
jugement a lieu juste après la mort.
3. Le bon
larron – Luc 23:43
« En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans
le paradis. »
• Jésus promet la béatitude immédiate au
voleur pénitent.
• Cela soutient l’expérience immédiate du
Paradis (communion avec le Christ) pour les justes, avant même la résurrection
finale.
4. 2
Corinthiens 5:8–10 – « Loin du corps… présent avec le Seigneur »
« Nous sommes pleins de confiance, et même nous aimons mieux
quitter ce corps et demeurer avec le Seigneur… Car il nous faut tous
comparaître devant le tribunal de Christ… »
• Paul parle d’une expérience post-mortem
d’être avec Christ, tout en affirmant que nous comparaîtrons tous devant Christ
pour le jugement.
• Suggère une compréhension en deux étapes :
l’âme est avec le Seigneur après la mort, mais le jugement final reste à venir.
5.
Apocalypse 6:9–10 – Les âmes sous l'autel
« J’ai vu sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été tués…
Ils s’écriaient : « Jusqu’à quand, Seigneur… avant que tu juges ? »
• Ce sont des âmes, consciemment
conscientes, qui attendent le jugement final.
• Ils sont dans un état de repos conscient
et de prière, pas endormis ou inconscients.
• Ils savent que le jugement final n’a pas
encore eu lieu.
6.
Philippiens 1:23
« Mon désir est de partir et d’être avec le Christ, car cela
est de loin le meilleur. »
• Encore une fois, un sentiment de présence
immédiate avec le Christ après la mort.
• Pourtant, la résurrection finale et le
jugement sont encore à venir.
Une
réponse simple
Cela dit, la manière simple de réfléchir à ces questions
importantes sur la base de l’enseignement orthodoxe est la suivante.
À la mort, une séparation mystérieuse se produit lorsque l'âme
quitte le corps. Ce n'est pas toujours paisible ; cela peut impliquer un
combat spirituel, surtout si l'âme est encore profondément attachée aux
passions et aux péchés.
Une fois séparée, l'âme pénètre dans un royaume spirituel
étranger à nos sens terrestres et entame un voyage mystique. Bien que cet
enseignement ne soit pas universellement accepté en raison de sa connotation
mondaine, certains Pères de l'Église décrivent ce passage comme un
passage par des « péages » spirituels, une manière symbolique
d'exprimer comment l'âme affronte les tentations, les accusations et le
souvenir de ses péchés, ainsi que l'aide des anges et le fruit de sa
repentance. L'état de notre âme à la mort est important.
Une âme qui a appris à connaître Dieu, qui a été guérie et
transformée par la grâce et qui a appris à vivre en communion avec le Christ,
sera attirée par la lumière et reconnaîtra son ange gardien et la présence du
Christ.
Une âme encore liée par les passions, les péchés non repentis
et la cécité spirituelle peut ressentir cette lumière comme douloureuse ou
terrifiante, et peut être attirée vers le royaume spirituel obscur des démons.
De cette façon, le jugement particulier est à la fois le
discernement de Dieu et notre propre révélation : l'âme se dirige naturellement
vers la condition qu'elle a cultivée dans la vie.
L'âme attend alors le jugement dernier, moment où le corps
sera ressuscité et réuni à l'âme, désormais spiritualisée. Ce n'est qu'alors
que chacun entrera dans la plénitude de la vie éternelle ou de la séparation
éternelle d'avec Dieu.
C'est pourquoi l'Église prie avec ferveur pour les défunts,
organise des services commémoratifs et encourage chaque âme à se préparer à la
mort par le repentir, la confession, la prière et la communion. Notre façon de
vivre aujourd'hui façonne notre mort et notre vie éternelle.
Source : https://orthodoxwayoflife.blogspot.com/