lundi 25 août 2025

 

Qu'arrive-t-il à notre âme après la mort ?

« Où va notre âme après notre mort 

en attendant notre jugement ?


Pour répondre à cette question, nous devons commencer par reconnaître qu’une grande partie de la vie après la mort reste un mystère, surtout lorsque nous essayons de la saisir uniquement avec notre esprit rationnel.


Mon père spirituel me le rappelle souvent : « C’est l’affaire de Dieu. » Et il a raison. Nous ne sommes pas capables de comprendre en détail l’œuvre de Dieu, mais les Écritures et l’expérience des saints nous en donnent un aperçu.

Jésus nous en donne un aperçu dans la parabole de Lazare et de l'homme riche. Nous avons également le récit mystérieux de saint Paul sur son enlèvement au ciel, ainsi que la vision hautement symbolique de l'Apocalypse.

À mesure que nous grandissons spirituellement, certaines choses deviennent plus claires, non seulement intellectuellement, mais aussi dans notre cœur. Cependant, nous ne devrions pas nous focaliser trop sur des détails spéculatifs concernant l'au-delà. Nous devons plutôt nous demander : est-ce que je vis d'une manière qui me prépare à ressembler au Christ et à être uni à lui ?

Nous devons être prudents quant à notre curiosité à l'égard de ces choses. Le véritable objectif n'est pas de satisfaire notre curiosité, mais de cultiver une vie qui nous amène à ressembler au Christ et à entrer en communion avec lui, maintenant et dans l'au-delà.

Permettez-moi d’essayer de vous donner quelques réponses basées sur l’enseignement de l’Église.

 

Dans l'orthodoxie, lorsqu'une personne meurt, il est entendu que l'âme se sépare du corps et entre dans un état d'existence spirituelle temporaire. Il ne s'agit pas du jugement dernier, mais plutôt d'un avant-goût de ce qui est à venir.

        1.      L'âme est consciente après la mort

L'Église enseigne que l'âme demeure consciente et éveillée après la mort. Elle goûte, selon son état spirituel, soit à la béatitude, soit à la souffrance.

        2.     Jugement particulier

Immédiatement après la mort, il y a une sorte de « jugement particulier » – non pas le jugement final, mais une révélation de la direction de l'âme. Bien que controversé, il est souvent évoqué symboliquement à travers les « péages » dans certains écrits de saints et de moines. Cette image exprime que l'âme traverse des étapes où sa condition spirituelle se révèle.

        3.     En attendant le jugement final

L'âme demeure dans cet état jusqu'à la résurrection du corps et le jugement dernier, qui aura lieu lors du second avènement du Christ. À ce moment-là, l'âme et le corps seront réunis, et chacun se tiendra devant le Christ. Alors viendra le jugement complet et éternel (cf. Matthieu 25, 31-46).

Donc en résumé :

        •       Après la mort : l’âme est séparée du corps et entre dans un état spirituel.

        •       Jugement particulier : l’âme éprouve un avant-goût du paradis ou de l’enfer.

        •       Jugement dernier : lors de la Seconde Venue, le corps et l’âme sont réunis, et la destinée éternelle est pleinement et définitivement révélée.

Et le bon larron ?

Une question intéressante à se poser à propos de l’homme à qui le Christ a dit : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23:43).

L’Orthodoxie ne comprend pas cela comme une contradiction avec l’enseignement ci-dessus, mais comme une confirmation de celui-ci d’une manière plus profonde.

        1.      Le paradis n’est pas encore la plénitude du ciel.

Avant la résurrection du Christ, les portes du ciel étaient fermées. Mais sa mort sur la croix et sa descente aux enfers (1 Pierre 3:19, Éph. 4:9-10) ont ouvert la voie aux justes pour entrer au Paradis. Le Bon Larron fut donc le premier à y entrer, non pas parce qu'il était « extraordinaire », mais parce qu'il s'était sincèrement repenti et avait confessé le Christ à la dernière heure.

        2.     « Aujourd’hui » signifie une véritable communion avec le Christ.

Dans ce contexte, le « Paradis » désigne la communion avec le Christ, le début de cet état béni que tous les justes connaissent dans leur âme après la mort. Alors oui, le Bon Larron était avec le Christ ce jour-là, tout comme les âmes des justes le sont aujourd'hui.

Mais ce n'était pas encore le jugement dernier ni la résurrection. Le Bon Larron, comme nous tous, attend encore la résurrection de la chair à la fin des temps.

Dans l'orthodoxie, la mort n'est pas une fin, mais un passage. L'Église entoure les défunts de prières et de souvenirs, implorant Dieu de leur accorder le repos et sa miséricorde. Nous ne prétendons pas connaître l'état final de qui que ce soit, et c'est pourquoi nous continuons à prier pour les défunts.

 

Support scripturaire du Jugement particulier.

Examinons les principaux supports scripturaires concernant le jugement particulier et l’état de l’âme après la mort :

1. La parabole de l'homme riche et de Lazare – Luc 16:19–31

« Le pauvre mourut et fut porté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche mourut aussi et fut enseveli. Dans le séjour des morts, alors qu'il était en proie aux tourments, il leva les yeux et vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein. » (v. 22-23)

        •       Cette parabole montre clairement l’existence consciente des deux âmes après la mort.

        •       L’homme riche est dans la tourmente ; Lazare est consolé dans le sein d’Abraham.

        •       Il y a une séparation claire, et l’état de chaque âme reflète sa vie terrestre.

        •       Le jugement a eu lieu, mais c’est avant la résurrection et le jugement final.

Conclusion orthodoxe : cela soutient fortement un jugement particulier – un discernement de l’état de l’âme au moment de la mort, aboutissant à un état provisoire (mais bien réel) de repos ou de tourment.

2. « Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois… » – Hébreux 9:27

« Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement… »

        •       Cela indique que le jugement suit immédiatement la mort.

        •       Encore une fois, cela n’exclut pas un jugement final à la fin des temps – cela montre simplement qu’une sorte de jugement a lieu juste après la mort.

3. Le bon larron – Luc 23:43

« En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. »

        •       Jésus promet la béatitude immédiate au voleur pénitent.

        •       Cela soutient l’expérience immédiate du Paradis (communion avec le Christ) pour les justes, avant même la résurrection finale.

4. 2 Corinthiens 5:8–10 – « Loin du corps… présent avec le Seigneur »

« Nous sommes pleins de confiance, et même nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer avec le Seigneur… Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ… »

        •       Paul parle d’une expérience post-mortem d’être avec Christ, tout en affirmant que nous comparaîtrons tous devant Christ pour le jugement.

        •       Suggère une compréhension en deux étapes : l’âme est avec le Seigneur après la mort, mais le jugement final reste à venir.

5. Apocalypse 6:9–10 – Les âmes sous l'autel

« J’ai vu sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été tués… Ils s’écriaient : « Jusqu’à quand, Seigneur… avant que tu juges ? »

        •       Ce sont des âmes, consciemment conscientes, qui attendent le jugement final.

        •       Ils sont dans un état de repos conscient et de prière, pas endormis ou inconscients.

        •       Ils savent que le jugement final n’a pas encore eu lieu.

6. Philippiens 1:23

« Mon désir est de partir et d’être avec le Christ, car cela est de loin le meilleur. »

        •       Encore une fois, un sentiment de présence immédiate avec le Christ après la mort.

        •       Pourtant, la résurrection finale et le jugement sont encore à venir.

Une réponse simple

Cela dit, la manière simple de réfléchir à ces questions importantes sur la base de l’enseignement orthodoxe est la suivante.

À la mort, une séparation mystérieuse se produit lorsque l'âme quitte le corps. Ce n'est pas toujours paisible ; cela peut impliquer un combat spirituel, surtout si l'âme est encore profondément attachée aux passions et aux péchés.

Une fois séparée, l'âme pénètre dans un royaume spirituel étranger à nos sens terrestres et entame un voyage mystique. Bien que cet enseignement ne soit pas universellement accepté en raison de sa connotation mondaine,  certains Pères de l'Église décrivent ce passage comme un passage par des « péages » spirituels, une manière symbolique d'exprimer comment l'âme affronte les tentations, les accusations et le souvenir de ses péchés, ainsi que l'aide des anges et le fruit de sa repentance. L'état de notre âme à la mort est important.

Une âme qui a appris à connaître Dieu, qui a été guérie et transformée par la grâce et qui a appris à vivre en communion avec le Christ, sera attirée par la lumière et reconnaîtra son ange gardien et la présence du Christ.

Une âme encore liée par les passions, les péchés non repentis et la cécité spirituelle peut ressentir cette lumière comme douloureuse ou terrifiante, et peut être attirée vers le royaume spirituel obscur des démons.

De cette façon, le jugement particulier est à la fois le discernement de Dieu et notre propre révélation : l'âme se dirige naturellement vers la condition qu'elle a cultivée dans la vie.

L'âme attend alors le jugement dernier, moment où le corps sera ressuscité et réuni à l'âme, désormais spiritualisée. Ce n'est qu'alors que chacun entrera dans la plénitude de la vie éternelle ou de la séparation éternelle d'avec Dieu.

C'est pourquoi l'Église prie avec ferveur pour les défunts, organise des services commémoratifs et encourage chaque âme à se préparer à la mort par le repentir, la confession, la prière et la communion. Notre façon de vivre aujourd'hui façonne notre mort et notre vie éternelle.

Source : https://orthodoxwayoflife.blogspot.com/