L'âme –
le mystère de l'homme
qui ne
meurt jamais
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saillants et idées
Un article de : Fr. Costica
Gherman
- 07 novembre 2025
Source : https://ziarullumina.ro/
Au plus profond de l'être humain palpite un mystère que ni le
temps ni la matière ne peuvent contenir : l'âme. Nous nous percevons comme
éphémères, l'ombre d'aujourd'hui se fondant dans le crépuscule de demain, et
pourtant, il y a en nous quelque chose qui refuse de s'éteindre.
Qui n'a jamais ressenti, au moins une fois, une agitation qui
ne vient pas du corps, mais d'un lieu plus profond, plus mystérieux, là où Dieu
a insufflé le souffle de vie ? L'âme est le visage invisible de l’homme,
la fenêtre par laquelle l'éternité contemple le monde.
Il n’est pas né de l’argile, mais du souffle de Dieu, comme le
dit l’Écriture : « Dieu insuffla sur son visage un souffle de vie, et
l’homme devint un être vivant » (Genèse 2:7).
Ce souffle est le gage même de l'immortalité, la graine de
l'éternité semée dans le corps éphémère. Les philosophes antiques, qui
cherchaient le sens de la vie par la raison, pressentaient eux aussi, à leur
manière, ce mystère.
Dans toutes ces recherches, l'humanité semblait tendre la main
vers le ciel, désirant ce qu'elle ne connaissait pas encore pleinement : la
vérité incarnée.
Avec la venue du Christ, la lumière fut complète et ce qui
n'était qu'un soupçon devint révélation : l'âme est immortelle car elle
est liée à Dieu. La quête de l'homme pour comprendre son âme est, en réalité,
la quête de Dieu lui-même.
C’est pourquoi l’Église ne parle pas de l’âme comme d’un
concept abstrait, mais comme d’un don vivant, qui respire en communion avec
l’Esprit Saint.
Lorsque l'homme s'éloigne de Dieu, son âme se dessèche,
s'assombrit, perd sa joie, comme une flamme privée d'air.
Mais lorsqu'elle retourne à Dieu, l'âme renaît et toute la vie
prend sens, car – selon les mots d'Augustin – « notre âme est sans repos
tant qu'elle ne repose pas en Toi, Seigneur » .
Si le corps est la demeure visible de l'homme, alors l'âme en
est l'occupant secret, le maître intérieur qui donne forme et sens à cette
demeure éphémère.
Il n'y a pas d'inimitié entre le corps et l'âme, mais une
collaboration destinée à montrer le visage complet de l'homme : un être visible
et invisible, à la fois matériel et spirituel.
L'homme n'est pas, comme le disaient certains philosophes du
monde antique, « une âme emprisonnée dans un corps », mais un mystère de
l'union entre le ciel et la terre.
En elle, la poussière s'élève et l'esprit descend ; la matière
est sanctifiée et l'âme s'humilie, et ainsi naît l'harmonie de l'être humain.
Les Saints Pères appelaient l'âme « l'œil de l'esprit », « le
souffle rationnel », « l'image de Dieu dans l'homme ».
Saint Grégoire de Nysse disait que l’âme est « un visage de
lumière qui donne vie et sens au corps », et saint Jean Damascène la décrivait
comme « une substance vivante, simple et incorporelle, dotée de raison et de
liberté ». Cette liberté est l’un des plus grands miracles : Dieu a créé
l’âme libre même de Lui-même, afin que l’amour de l’homme soit authentique et
non imposé.
Lorsque l'âme s'élève vers Dieu, elle ressemble à un oiseau
qui prend son envol. Plus elle s'élève, plus elle respire l'air pur de la
grâce.
Mais lorsqu'elle est attirée par les passions, elle s'enlise
dans le poids de la matière et perd sa lumière, comme un œil voilé par le
brouillard. Ainsi, la vie spirituelle n'est autre que le chemin de l'âme vers
sa clarté originelle, vers l'état de lumière dans lequel elle a été créée.
En Christ, on a découvert que l'âme n'aspire pas seulement au
ciel, mais qu'elle est appelée à devenir la demeure du Saint-Esprit.
Quand l'homme prie, son âme vibre comme une harpe effleurée
par le souffle divin. Quand il aime, il ressemble à Celui qui est Amour. Quand
il pardonne, il s'élève au-dessus du temps et participe à la vie même de Dieu.
Cela montre que l'âme n'est pas un simple principe vital, mais
une réalité spirituelle de nature théanthropique – un pont entre Dieu et le
monde, entre l'éternité et l'histoire.
Mais pour préserver sa beauté, l'âme doit être nourrie. Le
corps a besoin de nourriture et de sommeil ; l'âme, de prière, de silence et de
lumière. Le corps se nourrit de pain, l'âme de la parole de Dieu. Et de même
qu'un corps affamé s'affaiblit, une âme non nourrie par la grâce devient pâle,
agitée et dénuée de sens.
Saint Jean Chrysostome a dit : « Vous craignez davantage la
mort de l'âme que la mort du corps, car la mort du corps ne vous sépare pas de
Dieu, mais la mort de l'âme vous sépare de la vie. »
Le plus grand combat se livre dans l'âme humaine. Là se
rencontrent la grâce et la tentation, la lumière et les ténèbres, la liberté et
l'esclavage. Mais Dieu n'abandonne pas l'âme qui le cherche, si perdue
soit-elle. Il l'attend, l'appelle, l'illumine, afin que, purifiée de ses
ombres, elle devienne ce qu'elle était destinée à être dès le commencement :
un rayon vivant de lumière divine.
La
séparation de l'âme et du corps et le mystère de l'au-delà
Pour le croyant, la mort n'est pas une fin, mais un passage –
un oiseau de l'âme qui s'élève du crépuscule de ce monde à l'aube de
l'éternité. Le corps, las du voyage, retourne à la poussière dont il est issu,
mais l'âme, née du souffle de Dieu, retourne à Lui.
Ainsi s'accomplit la parole de l'Ecclésiaste : « Alors la
poussière retourne à la terre comme elle y était, et l'esprit retourne à Dieu
qui l'a donné » (Ecclésiaste 12:7).
Pas un instant de la vie d'un homme n'échappe à son âme ;
chaque pensée, chaque geste, chaque larme devient une part de son secret. À la
mort d'un homme, non seulement un lien biologique se rompt, mais le voile entre
le visible et l'invisible se déchire.
Les Saints Pères appelaient cette transition « la seconde
naissance » – la naissance à l’éternité.
Saint Jean Chrysostome disait : « Pour le croyant, la mort n’est
pas la mort, mais un mouvement ; non pas une annihilation, mais un changement
de demeure. » Saint Grégoire de Nazianze la qualifiait de « saint sommeil, dans
lequel le corps se repose et l’âme s’éveille à la lumière ».
Ceux qui ont vécu avec Dieu ne s'aventurent pas dans
l'inconnu, mais retournent à la maison . Pour l'âme illuminée par la
foi, la mort n'est qu'une porte entre deux pièces : l'une petite, plongée
dans l'ombre, l'autre grande, baignée de soleil. Cependant, la séparation n'est
pas sans douleur.
De même qu'un oiseau, longtemps élevé en cage, hésite avant de
s'envoler dans les airs, de même l'âme, habituée au corps, se détache avec une
mystérieuse timidité.
Mais dès que la grâce de Dieu l'accueille, la peur se dissipe
et seule demeure la joie de la rencontre. Alors l'âme reconnaît sa véritable
patrie, celle qu'elle a toujours portée dans son aspiration : l'éternité.
Les Pères du désert disaient qu'à l'heure de la mort, l'âme
est accompagnée par des anges. « L'Esprit du Seigneur vient et l'âme s'élève
comme une épouse accueillie par les armées célestes », dit un hadith de saint
Macaire l'Égyptien.
Pour celui qui a vécu dans la lumière, la mort est une
rencontre, non une séparation.
C’est pourquoi les saints ne le craignaient pas, mais le
considéraient comme un jour de noces : « Je vais rencontrer l’Époux de mon
âme », disait sainte Catherine.
Mais pour celui qui s'est replié sur lui-même, qui a oublié
son âme et chassé Dieu, la séparation est douloureuse : l'âme cherche la
lumière, mais ne peut la recevoir, car elle n'y est pas habituée.
Ce n'est
pas Dieu qui le punit, mais sa propre cécité qui l'opprime.
Saint Isaac le Syrien disait : « L’enfer n’est rien
d’autre que l’amour de Dieu ressenti par celui qui n’a pas aimé . » Quel
profond mystère ! Cette même lumière qui est joie pour certains devient un
brasier pour d’autres ! Et pourtant, l’espérance ne périt jamais. Tant que
l’homme vit, l’âme peut se convertir, se purifier, s’illuminer. Une larme
sincère de repentir a le pouvoir d’ouvrir les portes du ciel.
L’Église prie sans cesse pour ceux qui se sont endormis dans
la mort : que la lumière de Dieu les enveloppe et que, là où l’esprit ne
peut plus agir, l’amour guérisse.
Pour le croyant, la mort devient le commencement d'une autre
vie – la vraie vie, celle pour laquelle l'âme a été créée dès le départ.
À cette lumière, nous ne craignons plus la mort, mais
apprenons à vivre pleinement, comme une préparation à la rencontre de Celui qui
nous aime de toute éternité.
Et alors nous comprenons les paroles du saint apôtre Paul
: « Car pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un gain » (Philippiens
1:21).
L'âme, le
trésor secret de la création
Tout ce qui est éphémère en ce monde meurt, mais l'âme ne
meurt pas ; elle porte en elle le souffle de Dieu. Ne la laissons pas
s'endormir dans le tumulte du monde, mais éveillons-la par l'amour de Celui qui
l'a créée.
Car lorsque l'âme se tourne vers Dieu, non seulement elle est
sauvée, mais le monde entier s'illumine autour d'elle. Et de cette lumière naît
la vraie vie, la vie éternelle.
Seigneur de la vie et de la lumière, enseigne-nous à aimer
notre âme plus que l'ombre du monde.
Ne la laissons pas se perdre dans les soucis, ne la gaspillons
pas dans les passions, mais gardons-la pure, comme une bougie qui brûle pour
Toi.
Donne-nous des yeux qui voient l'éternité dans l'instant
présent et des cœurs qui frémissent à ton appel. Car rien n'est plus précieux
que l'âme, cette étincelle divine par laquelle tu nous maintiens en vie.
Et lorsque la porte entre les mondes s'ouvrira, à l'heure
ultime, puisse la lumière nous trouver en nous, et non les ténèbres. Alors nous
saurons que nous avons véritablement vécu. Amen !