Parole de consolation
PAROLE DU MÉTROPOLITE SÉRAPHIM
" Veillez et priez,
pour ne pas tomber
dans la tentation " Math 26-41
Dans un monde
agité et de plus en plus incertain, plein de
contradictions et de tentations, qui a perdu tout repère moral, dans un monde
pollué et menacé de catastrophes naturelles, tel que le monde où nous vivons,
rien n'est plus nécessaire et plus utile à l'homme que la prière. La prière qui,
elle seule., est un remède contre tout mal, à commencer par les dépressions et les
maladies psychiques ; qui, elle seule, maintient l'équilibre spirituel et donne
à l'homme du courage dans la lutte avec les difficultés de la vie, et plus que
tout, la joie de vivre. Et pourtant, la prière est la plus négligée, soit par
manque de temps, soit par trop peu d'intérêt pour les choses spirituelles, soit
par indifférence ou par oubli. Ainsi, l'homme se prive lui-même du plus solide
support de sa vie.
Je pense que le
premier rôle de la prière, par lequel nous nous rapprochons de la ressemblance avec
Dieu, c'est la patience. La patience dans
les afflictions et les souffrances, la patience dans la relation avec nos semblables
ou, autrement dit, la patience à porter
quotidiennement notre croix. Mais une patience toujours jointe à la confiance inébranlable
que la victoire nous appartient, à nous qui
prions avec insistance, même si nous devons l'attendre pendant longtemps et
même si la victoire peut apparaître comme une faiblesse ou comme une défaite.
La victoire
appartient toujours à Dieu et à ceux qui sont unis à Lui par la prière. N'oublions
pas que Dieu est << longanime et plein de
miséricorde ,' (Ps. 103, 8) et que la mort du Sauveur sur la croix est apparue aux
yeux des foules comme la plus grande faiblesse et défaite. Mais c'est justement
de cette défaite qu'est jaillie la victoire ! Dans la patience avec confiance
et même avec sérénité, à travers les douleurs et les chagrins de la vie se
cache, au fond, la grande puissance
de Dieu., qui œuvre d'une manière miraculeuse, transformant petit à petit notre
cœur et la manière de comprendre la vie et ses événements.
La prière est
l'expression de l'amour. Elle signifie notre intimité avec Dieu. l'expression
de l'amour la prière prouve aussi la mesure de notre amour envers Dieu : nous
aimons Dieu dans la mesure ou nous prions. Mais nous faisons tous l'expérience du
fait qu'il n'est pas facile de prier, et donc qu'il n est pas facile d'aimer
Dieu << de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit >>
(Math 22,37). Pourquoi ? Parce que notre cœur est divisé. Il est attiré par des
amours différents et contradictoires : d'un côté par l'amour de Dieu et l'amour
chaste des hommes, et d'un autre côté par l'amour des plaisirs et des choses de
ce monde. Le faux amour, qui n'est pas de Dieu, mais du monde, est appelé par
le Saint Évangéliste Jean, convoitise : .< la convoitise de la chair, la convoitise
des yeux, et l'orgueil de la vie >' (1 Jean 2, 16). C'est pourquoi le cœur
ne peut pas être entier dans la prière. Il est plus 1à où se trouve notre
trésor. << Là où se trouve ton trésor là aussi se trouve ton cœur >,
dit le Sauveur (Math 6,21). C'est pourquoi il est nécessaire de faire l'effort
de prier avec l'attention concentrée dans le cœur. Et l'esprit, qui est une
énergie du cœur, doit être forcé d'arrêter sa dispersion pour revenir .. chez
lui, dans le cœur. Pendant la prière nous devons enfermer notre esprit dans les
paroles prononcées ou écoutées et concentrer notre attention dans le cœur, or)
se trouve la grâce, Lorsque nous prions <<avec l'esprit dans le cœur>>,
comme disent les Pères, alors nous sentirons une chaleur autour du cœur et une
joie particulière à prier.
Aux degrés les
plus hauts de la prière nous allons acquérir << un cœur compatissant
>, à savoir un cœur qui s'enflamme de l'amour de Dieu et de tous les hommes,
que nous allons sentir comme faisant partie de nous mêmes et envers qui, bien sûr,
nous allons nous comporter avec le plus de délicatesse possible, comme envers
nos propres membres (Éphés. 4,25). C'est ainsi que se réalise l'union de
l'humanité tout entière, qui est une union des cœurs, chacun portant dans son cœur
tous ses frères dans l'humanité.
Le Saint Apôtre
Paul nous exhorte à prier sans cesse (I Thess. 5,17).La mesure de la prière est
donc la prière ininterrompue, qui est un passage de la prière active, faite
avec un effort de concentration dans le cœur, à l'état de prière, qui signifie vivre
en permanence la présence et l'œuvre de Dieu en nous. La prière comme état est
le don du Saint Esprit. Elle n a plus besoin de paroles spéciales pour
s'exprimer, parce que toute parole et tout acte deviennent prière.
Mais pour
arriver à un tel état nous avons besoin de beaucoup de prière, que nous devons
faire avec effort à la maison, pendant le voyage, en tout temps et en tout lieu.
<< Lorsque tu te souviens de Dieu, prie, pour qu'Il Se souvienne Lui-même
de toi lorsque tu l'oublieras >, dit Saint Marc l'Ascète ( IV siècle). Ceci
signifie que, à côté de notre programme quotidien de prière du matin et du
soir, avant et après le repas, nous devons penser à Dieu le plus souvent
possible, en utilisant des prières courtes comme .. Seigneur, viens à mon
secours >>, .< Seigneur fais-moi miséricorde >>, <<
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur >... que nous
devons répéter sans cesse, pour que l'esprit ait toujours une sainte
occupation, qui lui évitera beaucoup de tentations.
La prière
privée, particulière, accompagnée de jeûne et de bonnes actions, comme d'une
vie chaste, s'accomplit dans la prière de l'Église, par la participation à la
Divine Liturgie et la communion avec le Corps et le Sang du Seigneur.
Que le bon Dieu
vous bénisse et vous donne du zèle et de l'amour pour la prière et pour toute
chose agréable à Lui et aux hommes !
Le Métropolite Séraphin