PAROLE SUR LA MORT 5/9
CHAPITRE V : LES SOUFFRANCES DE L'ENFER ET LA RÉDEMPTION
Ce texte est proposé aux chrétiens orthodoxes qui fréquentent
régulièrement les offices de l'Eglise ainsi que les sacrements, qui ont une vie
de prière intérieure et qui ont un père spirituel chez qui ils se confessent
régulièrement. Pour les autres, nous craignons qu'il provoquera chez eux des
réactions négatives et pourraient être peturbés dans leur psyché.
Il pourrait-y avoir des passages difficiles qui, probablement, vont heurter la sensibilité de notre entendement humain. Prière de garder à la mémoire la pensée que Christ est venu sauver ceux qui espèrent en Lui, que la vie a jailli du tombeau et le Seigneur nous l'a accordée par le Saint baptême et les sacrements de l'Eglise.
On lit partout dans les Saintes Ecritures que les souffrances de l'enfer sont éternelles. La Sainte Eglise a toujours prêché ainsi. Notre Seigneur Jésus-Christ a confirmé à plusieurs reprises cette terrible vérité dans le Saint Evangile, prédisant aux pécheurs rejetés le même destin que les anges déchus. Lors du Jugement, Il leur dira : Retirez-Vous de Moi, maudits, allez dans le feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges ! (Mt.25,41) Une fois la sentence définitive prononcée, les fils de la perdition iront vers les souffrances éternelles (Mt.25,46). Dans le récit sur le riche impitoyable et le pauvre Lazare, le Seigneur a mentionné la présence d'un très grand abîme entre les demeures de la béatitude éternelle et les prisons de l'enfer : il n'y-a-pas de passage des unes vers les autres, dans un sens comme dans l'autre (Luc16,29). Le ver de l'enfer ne meurt point et le feu de l'enfer ne s'éteint point (Mc.9,48). Dans les prisons infernales, la vie continue tout en étant détruite d'une manière étrange et effrayante. Là, toute activité cesse ; là, il n'y a que souffrance ; là règne le plus douloureux dès maux du cœur, le désespoir ; là, l'âme se déchire dans des pleurs et des gémissements qui ne lui apportent aucune consolation ; là sont les liens et les fers qu'on ne peut. Pas rompre ; là, malgré l'abondance des flammes, les ténèbres sont impénétrables, c'est le royaume de la mort éternelle. Les souffrances de l'enfer sont si terribles que, face à elles, la plus cruelle des souffrances terrestres, la mort violente, paraît insignifiante. En prédisant à Ses disciples le vaste champ du martyre, le Sauveur du monde Commanda : Je vous dis à vous qui êtes Mes amis: ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus. Je vous dirai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, Je vous le dis, c'est lui que vous devez craindre ! (LucI2,4-5)
Contemplant avec l'œil de la foi la béatitude ineffable préparée pour les fidèles serviteurs de Dieu, et les souffrances indicibles qui attendent les serviteurs infidèles, les saints martyrs ont méprisé les cruels supplices préparés à leur intention par des bourreaux méchants et fanatiques. Ils ont terrassé la mort éternelle en subissant mille morts et afflictions. Les saints moines du désert, édifiés par l'exemple des martyrs, ont gardé en permanence à l'esprit les souffrances de l'enfer. Tels de secrets martyrs, ils ont repoussé vaillamment les rêveries pernicieuses peintes avec art par le tentateur, toutes ces pensées voluptueuses que le désert aiguise avec force dans l'imagination. Saint Antoine le Grand a beaucoup utilisé cette arme du souvenir de la mort et des souffrances éternelles (arme recommandée par le Seigneur), surtout au début de son ascèse. Le diable lui apparaissait de nuit et, prenant l'aspect de belles femmes, s'efforçait de susciter un désir coupable. Antoine opposait à cela le spectacle vivant des flammes de la géhenne, du ver qui ne dort pas, et autres horreurs de l'enfer. Par cette arme, il éteignait le feu de la volupté et détruisait les images séduisantes. Nous sommes vaincus par les passions uniquement parce que nous oublions les supplices qui leur succèdent. Nous trouvons les tribulations terrestres pénibles seulement parce que nous n'avons pas étudié les souffrances de l'enfer. Un moine qui menait la vie ascétique s'adressa un jour à un vieillard en disant : « mon âme désire la mort ». L'ancien lui répondit : « Tu parles ainsi car tu désires éviter les tribulations, mais tu ignores que les tribulations futures sont incomparablement plus cruelles que celles d'ici-bas! ». Un autre frère questionna l'ancien : « Pourquoi est-ce que je demeure dans la négligence dans ma cellule ? ». Le vieillard répondit «Parce que tu n'as connaissance, ni du repos attendu, ni de la souffrance future. Si tu les connaissais comme il se doit, tu supporterais et tu ne faiblirais pas, même si ta cellule était remplie de vers montant jusqu'à la hauteur de ton cou I » (Saint Abbé Dorothée).
Dans Sa grande miséricorde, le Seigneur a montré à certains de Ses élus, pour leur salut, une partie des souffrances éternelles. C'est grâce à leurs récits que notre conception en est devenue plus claire et plus précise. Voici ce que dit un de ces saints récits (d'après une lettre d'un moine de la Sainte Montagne) : « Il y avait deux amis. L'un d'eux, touché par la Parole de Dieu, entra dans un monastère et vécut dans les larmes et le repentir ; l'autre, resté dans le monde, mena une vie négligente, et parvint à un tel endurcissement qu'il railla l'Evangile avec insolence. Il mourut dans cet état. Ayant appris son décès, le moine, par amitié, se mit à prier Dieu pour que le destin du défunt lui fut révélé. Quelque temps plus tard, son ami lui apparut dans un léger sommeil.
- Alors, comment es-tu ? Vas-tu bien ?
- Tu veux le savoir ? Malheur à moi, l'infortuné ! Le ver qui ne dort pas me ronge, il ne me donnera pas de repos de toute l'éternité I
- De quel genre est cette souffrance'?
- Cette souffrance est insupportable. Il n'y a pas de moyen d'éviter la colère de Dieu. Par tes prières, la liberté m'a été rendue pour quelques instants, et si tu le veux, je te montrerai mes souffrances. Tu ne pourrais pas supporter que je te révèle totalement ce qu'il en est, mais connais-en au moins une partie !.
En disant cela, le défunt releva son vêtement jusqu'aux genoux, ô, horreur ! Sa jambe était couverte d'un terrible ver qui la rongeait. Une telle puanteur sortait de la plaie que le moine se réveilla. La puanteur infernale emplit toute sa cellule à tel point qu'il sortit précipitamment sans refermer la porte derrière lui. L'odeur fétide se propagea dans tout le monastère. Toutes les cellules en furent souillées. Comme le temps lui-même ne pouvait en avoir raison, les moines durent quitter le monastère et s'établir ailleurs. Le Moine qui avait vu le prisonnier de l'enfer ne put se libérer de toute sa vie de la puanteur qui s'était attachée à lui. L'odeur était telle qu'aucun parfum ne pouvait l'annihiler ».
De nos jours, une staritsa du couvent de jeunes filles de Goritz, près de Kyrillov (région de Novgorod), vit en rêves les tourments de l'enfer, et, pour témoigner de son rêve, la puanteur infernale demeura sept jours entiers dans son odorat, l'empêchant de s'alimenter.
Saint Dimitri de Rostov a recensé les souffrances de l'enfer en s'appuyant sur les Saintes Ecritures. On subira le feu qui ne s'éteint pas, dont le Christ notre Sauveur a parlé (Mc.9,44). Il y aura un hiver cruel, et les pécheurs, ne pouvant le supporter, grinceront des dents, car le Christ notre Sauveur a dit : Il y aura des pleurs et des grincements de dents ! (Luc13,28) La souffrance sera incessante. Les vers tourmenteront et rongeront en permanence les pécheurs qui n'en mourront pas, car il est dit : le ver ne mourra point (Mc.9,44). Il y aura également une puanteur insupportable due à la combustion du soufre, car il est écrit : le feu, le soufre et le vent de tempête seront leur part dans leur coupe (Ps.10,6). Il y aura aussi une grande angoisse, si cruelle que si c'était possible, les pécheurs accueilleraient la mort avec joie, mais ils ne mourront jamais, car il est écrit : les hommes chercheront la mort et ils ne la trouveront pas ; ils désireront mourir et la mort fuira loin d'eux (Apo.9,16). Il y aura encore les ténèbres extérieures, car il est écrit : liez-lui les pieds et les mains et jetez-le dans les ténèbres extérieures ! (Mt.22,13) Ceux qui y seront jetés y seront pour l'éternité et ne verront jamais la face de Dieu. Il y aura la famine et une grande soif, car le Christ Lui- même a dit : Malheur à vous qui êtes rassasiés car vous aurez faim (Luc 6,24) et vous aurez soif ! II y aura une grande promiscuité car l'enfer sera plein de pécheurs, les uns en haut, d'autres au milieu, et certains au fond. Dieu emplira tout l'enfer de pécheurs et le refermera, comme on remplit une bourse de deniers avant d'en serrer les cordons, comme on remplit un seau de poissons jusqu'en haut avant de fermer le couvercle.
D'autres athlètes de la piété, auxquels ont été montrées les souffrances de l'enfer, ont apporté des témoignages concordant avec le récit de Saint Dimitri. Ils ne pouvaient se remémorer leur vision sans une grande terreur, et tous cherchaient le soulagement dans les larmes de repentir et dans l'humilité.
Un jour, Saint Hésychius de l'Horeb tomba gravement malade et émigra hors de son corps l'espace d'une heure. Etant revenu à lui, il supplia tous ceux qui l'entouraient de se retirer immédiatement. Il mura la porte de sa cellule et demeura reclus pendant douze ans, sans adresser un mot à qui que ce soit, ne prenant pour toute nourriture que du pain et de l'eau. Son esprit demeurait absorbé par ce qu'il avait vu dans son extase, et il versait continuellement des larmes brûlantes. Quand il fut sur le point de mourir, il se contenta de dire aux frères cette unique parole: « Pardonnez-moi ! Celui qui garde le souvenir de la mort ne pourra jamais pécher » (Echelle 6,20).
Athanase, un reclus des grottes de Kiev qui menait une vie sainte et agréable à Dieu, vécut une expérience analogue. Il mourut après une longue maladie. Les frères préparèrent son corps selon l'usage monastique, mais, à la suite d'un incident, le défunt resta deux jours sans être inhumé. La troisième nuit, l'higoumène eut une apparition et entendit une -voix qui lui disait : « L'homme de Dieu Athanase est resté deux jours sans être inhumé et tu ne te préoccupes pas de lui ! ». Au petit matin, l'higoumène se rendit auprès du défunt avec les frères, dans l'intention de l'enterrer, mais ils le trouvèrent assis et pleurant. Le voyant réanimé, ils furent terrifiés et commencèrent à le questionner. Comment avait-il été réanimé ? Qu'avait-il vu et entendu en quittant son corps ? A toutes ces questions, il répondait par une seule parole : « Cherchez votre salut ! ». Mais comme les frères lui demandaient instamment une parole utile, il leur ordonna l'obéissance et un repentir permanent. Après cela, Athanase s'enferma dans une grotte où il demeura douze ans sans sortir, passant ses journées dans les larmes incessantes, ne prenant un peu de pain et d'eau que tous les deux jours, et ne parlant à personne. Lorsqu'arriva l'heure de la fin, il répéta aux frères rassemblés l'instruction d'obéissance et de repentir et mourut en paix dans le Seigneur (Paterikon du monastère des grottes; Saint Athanase est commémoré le 3 décembre).
Une attente terrible du jugement, dit le Saint Apôtre Paul, et l'ardeur du feu qui dévorera les rebelles. Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde sur la déposition de deux ou trois témoins : de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance par lequel il aura été sanctifié, et qui aura outragé l'Esprit de la grâce ? Car nous connaissons Celui qui a dit : à Moi la vengeance, à Moi la rétribution , et aussi le Seigneur jugera Son peuple. C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant (Hb.10,27-31).
L'espace qui s'étend entre le ciel et la terre, et sépare l'Eglise triomphante de l'Eglise combattante, est généralement appelé «air» dans les Saintes Ecritures, dans les écrits patristiques et même dans le langage courant des hommes. Laissons aux savants l'exploration chimique de cet air, c'est-à-dire l'étude des gaz et des autres corpuscules qui entourent la terre, depuis le sol jusqu'à un lieu inconnu des savants eux-mêmes. Occupons-nous plutôt d'explorer ce qui est nécessaire à notre salut !
Qu'est-ce donc que cette voûte bleue au-dessus de nous que nous appelons « ciel » ? Est-ce vraiment le ciel ? N'est-ce pas seulement une profondeur aérienne qui se teinte de bleu et nous cache le ciel ? C'est bien plus vraisemblable. C'est dans la nature de l'air de présenter à nos yeux une couleur bleuâtre et d'en teinter les objets éloignés. Chacun peut en faire l'expérience par lui-même. Il suffit de se poster sur une hauteur un jour de soleil et d'observer dans le lointain, les bosquets verdoyants, les champs labourés, les constructions... Tous paraissent perdre leur couleur propre pour prendre un reflet bleuâtre. Plus nous regardons au loin, et plus les choses nous paraissent bleues. A l'horizon enfin, une atmosphère bleue recouvre et absorbe tout.
Triste est la description fidèle de notre médiocrité, engendrée et entretenue par le péché I Mais mieux vaut encore la reconnaître que de se leurrer en adoptant une opinion fausse, fondée sur notre vision limitée des choses et notre maigre connaissance !
Les chrétiens parfaits, qui ont purifié leurs sens, peuvent voir le ciel comme il est vraiment. Ils y observent ce que nous ne pouvons pas voir de nos yeux grossiers. C'est ainsi que soudain, par l'action de l'Esprit Saint, le saint protomartyr Stéphane, alors qu'il se tenait au milieu d'une assemblée de juifs hostiles au Christ et au christianisme, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit: Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu (Act.7,55-56).
Les disciples de Saint Macaire le Grand virent leur maître franchir les portes célestes, par l'opération de l'Esprit Saint bien entendu, comme pour Saint Stéphane. Saint Isidore de Scété, qui assistait au décès du jeune ascète Zacharie, vit les portes du ciel s'ouvrir pour le mourant et il s'écria : « Réjouis-toi, Zacharie mon fils, pour toi les portes du ciel se sont ouvertes ! ». Comme il a été dit plus haut, Saint Jean Colobos vit un sentier rayonnant allant de la terre au ciel, sur lequel les anges conduisaient l'âme de la défunte Thaïs. La mère du starets Païssios de Niamets, qui ne pouvait se consoler de la prise d'habit de son fils, vit, par l'ouverture de ses yeux intérieurs, le ciel s'ouvrir et un ange fulgurant en descendre.
Les sens libérés des effets de la chute commencent à vraiment fonctionner, et s'affinent extraordinairement ; leur champ d'action s'étend considérablement, et l'espace se réduit. Les visions citées ci-dessus sont une preuve suffisante, mais pour plus de clarté, nous n'hésiterons pas à présenter d'autres expériences spirituelles.
Saint Antoine le Grand, qui vivait dans le désert égyptien jouxtant la mer rouge, vit les anges emporter l'âme de Saint Ammon, un ascète du désert de Nitrie situé de l'autre côté de l'Egypte. Comme les disciples de Saint Antoine avaient noté le jour et l'heure de la vision, ils purent en entendre la confirmation de la bouche des frères venus plus tard de Nitrie : Saint Ammon était bien mort au moment précis où Saint Antoine voyait l'ascension de son âme. Notons que la distance entre les deux lieux était de trente jours de marche.
Il est donc clair que la vue d'un chrétien renouvelé par l'Esprit Saint ayant atteint un haut niveau de perfection est bien plus puissante que celle d'un homme ordinaire. Il en va de même pour l'ouïe. Les disciples pneumatophores de Saint Macaire le Grand virent aisément le cheminement de l'âme du saint dans les airs, et entendirent les paroles qu'elle prononça devant les portes célestes.
Un jour, on amena chez Saint Macaire une femme dont l'aspect avait été modifié par un esprit impur. Alors que ce changement était évident aux yeux du saint, certains de ses disciples ne s'en rendaient pas compte. Saint Macaire leur expliqua que leurs sens charnels étaient inaptes aussi bien à voir les esprits qu'à percevoir leur action. Nous sommes prisonniers de cet état comme un détenu mis aux fers. La femme en question avait été soumise au diable pour être restée six semaines sans communier aux saints mystères du Christ. En effet, dans l'Eglise primitive, la grâce divine était tellement abondante que des transgressions qui semblent aujourd'hui de peu d'importance attiraient le châtiment de Dieu.
La plupart des gens ne ressentent pas cette captivité. Leur liberté leur semble tout à fait satisfaisante. La connaissance de son état véritable est un don de Dieu. L'Esprit Saint révéla la chose à David, qui prononça au nom de chacun d'entre mous une prière fervente pour sa libération : Fais sortir de prison mon âme pour que je confesse Ton Nom ! (Ps.141,8)
L'Apôtre Pierre qualifie de lieu obscur l'état charnel et psychique de l'homme, même pieux. Ce lieu est non seulement matériel, mais aussi mental ou moral, comme dit l'Ecriture : Le lieu où il (Dieu) réside, c'est la paix (du cœur) (Ps.75,3). Ceux qui sont enfermés dans ce lieu «obscur et désirent être sauvés doivent se laisser guider, par l'astre de l'Ecriture Sainte, en tout cas tant que l'Esprit Saint n'est pas descendu sur eux pour devenir le livre vivant et constamment ouvert de l'enseignement divin. Et nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique à laquelle VOUS faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos cœurs (2Pi.1,19). Qui sont ceux qui sont enfermés dans la prison du raisonnement charnel ? Ceux qui n'ont pas acquis la liberté spirituelle dans le Seigneur, qui n'ont pas été illuminés par l'Intelligence Spirituelle. Qui sont les aveugles de naissance ? Ceux qui n'ont pas recouvré la vue par l'attouchement du doigt de Dieu, pour voir, à la lumière de la Vérité, ce qui est inconnu des yeux charnels et psychiques.
Le Verbe de Dieu, coopérant avec l'Esprit, nous dévoile, par l'intermédiaire de Ses vases d'élection, que l'espace entre le ciel et la terre, l'azur qui nous entoure, sert de demeure aux anges déchus jadis précipités du haut du ciel. // y eut un combat dans le ciel ; Michel et ses anges combattirent le dragon ; le dragon et ses anges combattirent, niais ils ne furent pas les plus forts et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel (Apo.12,7-8). Voici ce que rapporte celui qui a vu les mystères, Saint Jean le Théologien. Cette chute du diable et des esprits qu'il avait entraînés à sa suite depuis le ciel eut lieu après leur premier péché, quand ils furent écartés de l'Assemblée des anges par les Puissances célestes, comme le raconte le saint prophète Ezéchiel (28,16). Le livre de Job montre déjà l'ange déchu errant dans l'immense espace de l'atmosphère : il y erre, le survolant rapidement, accablé par son insatiable méchanceté inassouvie à l'égard du genre humain (Jàb 1,7). Le Saint Apôtre Paul appelle les anges déchus les esprits méchants de ce monde (Eph.6,12), et leur chef, le prince des puissances de l'air (Eph.2,2). Les anges déchus sont dispersés en grand nombre dans tout l'abîme transparent que nous voyons au-dessus de nous. Ils ne cessent pas de troubler toutes les sociétés humaines, et chaque homme en particulier. Il n'y a pas un forfait, pas un crime, dont ils ne sont les instigateurs ou les complices. Ils incitent l'homme à commettre le péché et le lui enseignent par tous les moyens possibles. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera (1Pi.5,8), tant pendant notre vie terrestre, qu'après la séparation de l'âme et du corps. Lorsque l'âme du chrétien abandonne sa maison terrestre et commence à s'élancer à travers l'espace aérien vers sa patrie céleste, les démons l'arrêtent, cherchant à trouver en elle une parenté dans la chute et la culpabilité, et à la faire descendre dans l'enfer préparé pour le diable et ses anges, selon le droit qu'ils ont acquis.
Après avoir créé Adam et Eve, Dieu leur donna pleins pouvoirs sur la terre. Il les bénit et ll leur dit : soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et assujettissez-la, dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre (Gen;1,28). Non seulement la terre, mais le Paradis lui-même fin confié aux premiers hommes qui devaient le cultiver et le garder (Gen.2,15). Pour Maître, ils n'avaient que Dieu seul. Que firent-ils dans le Paradis ? Hélas ! Quel aveuglement malheureux ! Quelle folie inconcevable ! Après avoir écouté le conseil insidieux et criminel de range déchu, ils déposèrent le joug bienfaisant de l'obéissance à Dieu et prirent sur eux le collier de fer de l'obéissance au diable. Hélas, nos ancêtres transgressèrent le commandement de Dieu et mirent en œuvre le conseil de leur très méchant ennemi, l'esprit ténébreux, blasphémateur, malin et mensonger. Ainsi faisant, selon l'ordre des choses, ils rompirent la communion avec Dieu. Non seulement ils entrèrent en communion avec le diable, mais ils lui offrirent la partie de la création que Dieu avait destinée à leur suzeraineté. Saint Macaire le Grand ajoute que « l'ennemi qui séduisit Adam et, de cette façon, lui ravit la domination, le priva de tout pouvoir et fut déclaré prince de ce monde. Mais au commencement, c'est l'homme que Dieu avait établi prince de ce monde et seigneur de tout ce qui est visible ».
Le pouvoir de satan sur les anges déchus, sur les hommes, sur le monde et sur le siècle, n'est pas sa propriété. Il l'a acquis des mains de ceux qui le lui ont donné volontairement. Il en témoigne lui-même devant le Sauveur lorsqu'il Lui montre en un instant tous les royaumes de la terre et Lui dit: je Te donnerai toute cette puissance et la gloire de ces royaumes, car elle m'a été donnée et je la donne à qui je veux (LuC 4,5-6).
Nos ancêtres furent jetés du Paradis sur la terre qui a été maudite à cause d'eux. Un Chérubin à l'arme flamboyante fut posté sur le chemin de l'arbre de vie (Gen.3,24). Cependant, un autre chérubin se mit en travers du chemin que l'homme devait emprunter pour regagner le Paradis. Ce même chérubin sacrifia jadis sa merveilleuse grandeur, en maître du mal et de la mort, et sombra dans l'abîme de la perdition, entraînant dans son sillage une multitude d'anges et tout le genre humain. Le prince de ce monde et des airs, chef de la cohorte des anges qui l'ont suivi de leur plein gré, s'est posté avec ses comparses sur le chemin qui conduit de la terre au ciel, avec la juste permission de Dieu. Jusqu'aux souffrances salutaires et à la mort vivifiante du Christ, il ne permit à aucune âme humaine d'accéder aux portes célestes qui demeurèrent closes. Justes et pécheurs allaient tous en enfer. Toutefois, les portes éternelles et le chemin inaccessible s'ouvrirent pour notre Seigneur Jésus-Christ qui avait accepté volontairement la mort. Sa sainte âme, unie à la Divinité, descendit en enfer, brisa les verrous et les portes, et libéra les prisonniers.
« La mort eut peur en voyant ce Nouveau Venu pénétrer en enfer sans être prisonnier de ses liens. Pourquoi cette peur, gardiens de l'enfer ? Quelle est cette crainte inhabituelle qui s'empare de vous ? La mort a fui, trahissant la peur. Alors s'assemblèrent les saints prophètes, Moïse le législateur, Abraham, Isaac, Jacob et David, Samuel et Isaïe, et Jean-Baptiste qui annonce et témoigne : Es-Tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? (Mt.11,3) Tous les justes que la mort avaient engloutis furent rachetés par la venue de Celui que les bons prédicateurs avaient annoncé, le Rédempteur. Ils purent alors dire, chacun à son tour : Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? (1Cor.15,55) C'est ainsi que nous avons été rachetés par Celui qui donne la victoire » (Homélie de Saint Cyrille de Jérusalem).
Ayant ressuscité Son corps, le Seigneur traversa avec lui, l'atmosphère, le ciel et les cieux des cieux, puis monta sur le trône de la Divinité. Les pouvoirs des ténèbres, endurcis et aveuglés, furent terrifiés en voyant la marche du Dieu-Homme qui anéantissait toute leur puissance sous la joie spirituelle. C'est dans cette triomphale solennité que les Puissances Angéliques ouvrirent pour Lui les portes célestes.
Par la suite, la terreur des démons s'accrut : le larron accédait au Paradis à la suite du Christ, comme prix de sa confession I C'est avec stupeur qu'ils comprirent la puissance de la Rédemption