Si
tous les chrétiens du monde…
8 février 2025
L’unité chrétienne –
Cette année, comme c’est déjà arrivé, la date de la Paque
chrétienne est commune à tous ceux qui se réclament du saint Évangile.
L’évènement est salué avec joie par la plupart, comme un signe d’unité. Il
coïncide providentiellement avec l’anniversaire du Symbole de foi universel
proclamé en 325 par le concile de Nicée. Et cet évènement est salué, lui aussi,
avec joie, comme un signe d’unité. La célébration de la résurrection du
Seigneur est le cœur même de la vie chrétienne ; la confession d’une même
foi est indispensable à la vie de l’Église de ce même Seigneur ressuscité. Ces
deux évènements constituent un appel pour tous les chrétiens à se rejoindre
dans une unité qui existe et qui demande à être pratiquée et vécue.
Suivre tous ensemble le Carême
Si tous les chrétiens du monde entraient dans le Carême
ensemble, imaginons la force que cela représente. La puissance du
jeûne fait partie de l’expérience biblique. On peut changer le monde par le
jeûne. Non que l’on prétendre faire violence au monde, par l’exercice odieux
d’un pouvoir. Non : le jeûne est une libre auto limitation dont les
conséquences sont incalculables du point de vue social, politique, économique
et écologique. Mais ses conséquences sont avant tout incalculables à
l’intérieur même des personnes et des communautés qui le pratiquent. Il est une
action intérieure au monde, comme la prière.
Le repentir pour le monde
En effet, le jeûne est associé à la conversion. Si tous les
chrétiens du monde entrent, dans quelques semaines, dans le grand jeûne pascal,
cela veut dire qu’ils assument leur responsabilité par rapport au monde. Les
saints jeûnent pour le monde, parce qu’ils savent, par l’Esprit saint, que les
maux et les souffrances du monde ont leurs racines dans leur propre cœur.
Jeûnent celui et celle qui ne se croient pas innocents de la souffrance des
innocents. Jeûnent celui ou celle qui font pénitence pour les péchés du monde.
Le jeûne est une grâce que nous demandons au Seigneur.
La fin de la guerre
Le jeûne de tous les chrétiens va avec la remise des
dettes ; avec la cessation des guerres, notamment celles que font les
chrétiens à d’autres chrétiens ! Le jeûne va avec la fin de la torture
légale. Il met fin à l’exploitation des uns – et des unes ! – par les
autres. Le jeûne, ce n’est pas seulement renoncer à une alimentation, à une
boisson, à un plaisir ou à un autre : c’est renoncer à faire du mal. C’est
rompre toute complicité avec le Malin. Si tous les chrétiens du monde entrent
ensemble en carême cela veut dire la fin de la guerre, ce grand péché. Que le
Carême soit, comme il le fut dans certains siècles, la grande trêve, le dépôt
des armes ! Qu’il soit la fin des inégalités et des discriminations de
toute sorte…
Suivre notre Maître
« Si tous les chrétiens du monde »… est-ce un
rêve ? Une utopie chrétienne ? Ou bien est-ce l’affirmation de notre
foi ; l’affirmation de notre unité ; l’obéissance à notre Maître unique,
le Sauveur Jésus Christ qui nous donna l’exemple du jeûne quand Il entre au
désert ? Ce que fait notre Maître, faisons-le, si nous sommes ses
disciples. Tous les saints de tous les temps ont jeûné. Quand règnent la
consommation et la sur consommation, le jeûne est un signe pour notre temps.
L’homme peut ne pas être un prédateur. Les créatures qui nous entourent peuvent
ne pas être des objets de convoitise alimentaire, sexuelle ou matérielle.
Les formes de jeûne
Le jeûne est une chose : on renonce à tout aliment, du
lever au coucher du soleil, un jour ou plusieurs. L’abstinence est une autre
pratique : rien d’animal jusqu’à Pâques, et cela, tous les jours. Il y a
ici une tradition qui fortifie l’unité de la communauté chrétienne. Le jeûne ou
l’abstinence ne sont pas arbitraires. On retranche la viande parce que c’est la
complicité avec la violence et la mort. On retranche les œufs et les laitages,
ainsi que l’huile et le vin, parce que ce sont les signes de la joie pascale,
les aliments du Royaume auquel on se prépare. Il reste, comme au Paradis,
« toute herbe portant semence, sur la surface de la terre, et tous les
arbres qui ont des fruits portant semence » (Gn 1, 29). Par le jeûne ou
l’abstinence, l’homme renoue avec l’existence originelle, cosmique, personnelle
et sociale.
Se nourrir de l’Évangile
Si tous les chrétiens du monde… imaginons quelques
minutes ce que serait notre planète… Imaginons seulement ce que seraient nos
pays respectifs, nos villes, notre quartier et notre voisinage – libérés de
tout comportement de prédateur. Imaginons que le saint Évangile devienne notre
aliment principal et quotidien, suivant l’enseignement du Maître –
« l’homme vit, non seulement de pain, mais de toute parole qui sort des
lèvres de Dieu ! ». Imaginons que l’Évangile trouve la place qui lui
revient, le programme politique, économique et social ; la norme de la vie
pour ce monde et pour le monde qui vient…
(a.p. Marc-Antoine –
09/02/2025)
> icône du Concile de
Nicée