lundi 27 octobre 2025

 

Que signifie réellement aimer Dieu ?

Source : http://orthodoxwayoflife.blogspot.com/


Découvrir l'amour profond que le Christ commande

En lisant les Écritures, il est facile de passer à côté de mots familiers comme « amour » sans en saisir le sens profond. Quand Jésus commande : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… », que veut-il dire ? Il ne s’agit certainement pas du même genre d’amour que celui dont on parle en amour, en amitié, ou même en affection pour nos objets préférés. Dans le langage courant, « amour » désigne souvent un attachement émotionnel ou un désir, mais l’amour de Dieu est tout autre chose. Il nous appelle à une relation vivante – à participer à ses énergies divines – afin que nos désirs et notre être profond soient transformés pour devenir semblables à lui.


L'amour humain contre l'amour divin

L'amour que Dieu nous demande n'est pas comme l'affection pour un conjoint ou un meilleur ami. L'affection naturelle, bien que bonne, est souvent mêlée d'orgueil, de sensualité et d'intérêt personnel. L'amour pour Dieu, au contraire, doit être pur : ne rien attendre en retour et jaillir de la grâce divine qui habite le cœur. Saint Ignace nous avertit que penser à Dieu de manière mondaine revient à offrir un « sacrifice impur ». Dieu désire plutôt « un amour véritable, spirituel et saint ». Il recherche une union où nos désirs et nos émotions s'unissent à sa volonté, à son amour divin, où chaque acte d'amour devient une prière vivante : « Que ta volonté soit faite », et non « que ma volonté soit faite ». Dans cet amour, nous commençons à vouloir ce que Dieu veut, à penser comme lui et à vivre comme lui. C'est un amour qui guérit, purifie et nous entraîne dans la communion avec lui.

L'apôtre Paul renforce ce point en déclarant que l'amour est plus grand que toute autre chose – plus grand que la connaissance, les prophéties, et même la foi elle-même. Il appelle l'amour le « lien de perfection » qui nous unit à Dieu.

Saint Maxime le Confesseur décrit cet amour comme un « état d'âme saint » qui valorise la connaissance de Dieu par-dessus tout. Il explique que nous ne pouvons véritablement posséder cet amour tant que nous sommes encore attachés aux désirs terrestres. 

Père Thaddeus enseigne que l’amour de Dieu n’est pas « selon ce monde ». Il s’agit plutôt d’une participation mystique à ses énergies divines – une union sacramentelle qui nous transforme de l’intérieur.

Saint Porphyre utilise le langage de la passion et du désir, nous exhortant à faire du Christ notre désir le plus profond : « Le Christ est tout. Il est notre amour. Il est l’objet de notre désir. » Il nous exhorte à pouvoir dire : « Mon Christ, quoi que ton amour me dicte, il me suffit de vivre dans ton amour. » En vérité, « l’amour de Dieu transforme tout ; il sanctifie, amende et change la nature de toute chose. »

Ce que Jésus commande

L'amour que Jésus nous commande est un appel à l'union avec lui, un engagement à vivre selon son enseignement. Puisqu'il est lui-même amour, c'est seulement par lui que nous pouvons aimer véritablement. En le suivant, il nous entraîne dans un amour indissociable de l'obéissance : 

« Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements »

Aimer le Christ, c'est aligner toute notre vie sur sa volonté, et non pas simplement chercher à nous sentir bien ou à obtenir ce que nous désirons. C'est accepter de laisser Dieu transformer nos cœurs et nos désirs afin que nous devenions davantage semblables à lui. Cet amour supporte toutes les épreuves et tribulations qu'il permet. Il exige l'abandon – mettre de côté les désirs égocentriques afin de se conformer à sa volonté.

Don du Saint-Esprit

Saint Paul enseigne que nous ne pouvons expérimenter cet amour que par l'Esprit Saint – « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint » – et l'amour est le premier fruit de l'œuvre de l'Esprit en nous. Cet amour ne naît pas de nos propres efforts ; c'est un don que Dieu nous accorde lorsque nous coopérons avec lui, participant à ses énergies divines.

Comment nous cultivons cet amour

Il n'y a pas de raccourci. Contrairement à l'affection humaine, l'amour divin ne se construit ni par l'effort ni par la discipline ; c'est un don de grâce, reçu par le repentir et l'humilité. Dans l'amour mondain, nos actions sont essentielles : développer l'affection en passant du temps de qualité ensemble, en offrant attention et soutien constants, en étant honnêtes et vulnérables, en communiquant ouvertement et en instaurant la confiance par la fiabilité et le partage d'expériences. Cet amour mondain se développe par de petits gestes quotidiens : écouter attentivement, témoigner sa reconnaissance, offrir des cadeaux et surmonter ensemble l'adversité. Des actions que nous entreprenons pour construire une relation humaine.

Saint Ignace nous avertit que l'amour de Dieu ne peut être créé ainsi, par nos propres efforts. Nous pouvons nous engager dans la méditation, la lecture spirituelle ou d'autres disciplines. Nous pouvons penser qu'en nous consacrant à la prière quotidienne, à des pratiques ascétiques comme le jeûne, ou même à une participation régulière aux offices, nous aimerons Dieu. Cette approche est une erreur, dit-il. Non pas que ces activités soient mauvaises, mais elles supposent que l'on peut s'unir à l'amour de Dieu par ses propres efforts, tout comme dans les relations humaines.

L'amour de Dieu n'est pas quelque chose que nous pouvons générer en nous fixant comme objectif. C'est quelque chose qui nous est donné par Lui. Nous ne pouvons pas dire : « Je dois développer mon amour pour Dieu » et espérer le produire par la seule force de notre volonté. Saint Ignace insiste sur le fait que développer l'amour pour Dieu exige une préparation préalable de l'âme, afin que Dieu lui-même puisse le lui accorder. 

Saint Porphyre enseigne que pour aimer Dieu, il faut d'abord préparer son cœur. Il nous faut cultiver un « esprit orthodoxe » : un cœur façonné par la foi, la repentance et le désir du Christ. Plus important encore, cela commence par la pureté du cœur et l'humilité. Nous devons reconnaître la toute-puissance de Dieu et la réalité du Jugement dernier à sa seconde venue. Sans un cœur libéré de tout désir égoïste et de tout orgueil, il n'y a pas de place pour son amour en nous. Nous devons renoncer à l'orgueil, à l'intérêt personnel et à la sensualité. 

Notre première étape est donc une vie de repentance : nous détourner du péché afin que la grâce divine puisse nous combler. Tel doit être notre objectif. L’amour de Dieu naît d’un cœur purifié et humble et du don de sa grâce, et non d’exercices personnels ou de sentiments artificiels. Il doit être bien plus grand que des mots comme « Je crois », « J’ai besoin de ton aide », ou même « Je t’aime ».

La crainte de Dieu et la croissance de la crainte

Saint Ignace dit : 

« L’amour pour Dieu n’est… accessible qu’à ceux qui ont parcouru le chemin invisible vers Dieu. » 

Il enseigne que ce chemin commence par une crainte révérencieuse de Dieu. Jésus lui-même dit : 

« Venez, mes enfants, et écoutez-moi ; je vous enseignerai la crainte de l’Éternel. » 

Cette peur n'est pas de la terreur, mais une profonde crainte et un profond respect qui nous préservent de l'indifférence et nous guident dans la voie des commandements de Dieu. Nous devons nous rappeler qu'Il est notre Créateur et notre Juge, qui décidera de notre sort lors du Jugement dernier, à son retour. Cette peur est la reconnaissance de qui Il est – un respect qui nous conduit sur le chemin d'un amour plus grand que tout amour terrestre. 

À mesure que cette révérence mûrit, la peur enracinée dans toute sorte de punition s’estompe et est remplacée par une crainte respectueuse qui brûle dans notre cœur, apportant chaleur et lumière qui nous remplissent de joie lorsque nous sommes embrassés par Son amour.

Il existe deux sortes de peur : la peur du châtiment et la peur de perdre la joie d’être en communion avec Dieu. À mesure que nous grandissons spirituellement, la première cède la place à la seconde. Développer notre amour pour Dieu commence donc par la purification : débarrasser le cœur des tendances pécheresses afin que la grâce divine le remplisse.

La crainte de Dieu n'est qu'un commencement. À mesure que notre amour s'approfondit, l'émerveillement se transforme en joie et la révérence en liberté. Les commandements cessent d'être perçus comme des fardeaux et deviennent l'expression naturelle d'un cœur uni au Christ.

L'amour de Dieu se révèle dans notre obéissance. Nous devons l'aimer comme il nous l'a commandé. Jésus dit : 

« Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en lui. » 

Le voyage de l'amour : du repentir à la théosis (déïfication)

Le chemin est la repentance. Comme Jésus l'a dit dans son premier enseignement public : « Repentez-vous, car le Royaume de Dieu est proche. » La repentance signifie changer notre mode de vie pour ressembler au sien, vivre selon tous ses commandements. Cela exige à la fois le sacrifice de soi et notre coopération à sa grâce. Ces sacrifices témoignent de notre amour pour lui. 

Au début, nos efforts peuvent être motivés par la peur du châtiment du Jugement dernier. Mais à mesure que nous avançons sur le chemin du repentir et que nous recevons sa grâce, pas à pas, cette peur se transforme en une peur plus profonde : celle de perdre la douceur de sa grâce. Comme le dit saint Ignace : 

« Le repentir est le navire. La peur est le timonier. L'amour est le rivage divin. »

En fin de compte, l'amour pour Dieu est bien plus riche et profond que les sentiments que nous appelons souvent amour. Il exige préparation, purification, humilité, effort, crainte respectueuse et coopération constante avec la grâce de Dieu. Il ne s'agit pas d'une technique de développement personnel ni d'une méthode de réconfort émotionnel, mais d'un cheminement de toute une vie pour devenir pleinement vivant en Christ, en participant à sa vie, à son amour, et en laissant cet amour transformer chaque aspect de notre être. C'est le chemin de la théosis : devenir semblable à lui.

 

Références: 

Le Refuge : Ancrer l'âme en Dieu, Saint Ignace Brianchaninov

Quatre cents textes sur l'amour, saint Maxime le Confesseur

Nos pensées déterminent nos vies, frère Thaddeus

Blessé par l'amour, saint Porphyre

Matthieu 22:37, Col 3:14, Jean 14:15, Romains 5:5, Galates 5:22, Psaumes 33:12, Jean 15:10, Matthieu 4:17