Que
signifie réellement aimer Dieu ?
Source : http://orthodoxwayoflife.blogspot.com/
Découvrir
l'amour profond que le Christ commande
En lisant les Écritures, il est facile de passer à côté de
mots familiers comme « amour » sans en saisir le sens
profond. Quand Jésus commande : « Tu aimeras le Seigneur ton
Dieu de tout ton cœur… », que veut-il dire ? Il ne s’agit
certainement pas du même genre d’amour que celui dont on parle en amour, en
amitié, ou même en affection pour nos objets préférés. Dans le langage courant,
« amour » désigne souvent un attachement émotionnel ou un désir, mais
l’amour de Dieu est tout autre chose. Il nous appelle à une relation vivante –
à participer à ses énergies divines – afin que nos désirs et notre être profond
soient transformés pour devenir semblables à lui.
L'amour
humain contre l'amour divin
L'amour que Dieu nous demande n'est pas comme l'affection pour
un conjoint ou un meilleur ami. L'affection naturelle, bien que bonne, est
souvent mêlée d'orgueil, de sensualité et d'intérêt personnel. L'amour pour
Dieu, au contraire, doit être pur : ne rien attendre en retour et jaillir
de la grâce divine qui habite le cœur. Saint Ignace nous avertit que penser à
Dieu de manière mondaine revient à offrir un « sacrifice impur ».
Dieu désire plutôt « un amour véritable, spirituel et saint ». Il
recherche une union où nos désirs et nos émotions s'unissent à sa volonté, à son
amour divin, où chaque acte d'amour devient une prière vivante :
« Que ta volonté soit faite », et non « que ma volonté soit
faite ». Dans cet amour, nous commençons à vouloir ce que Dieu veut, à
penser comme lui et à vivre comme lui. C'est un amour qui guérit, purifie et
nous entraîne dans la communion avec lui.
L'apôtre Paul renforce ce point en déclarant que l'amour est
plus grand que toute autre chose – plus grand que la connaissance, les
prophéties, et même la foi elle-même. Il appelle l'amour le « lien de
perfection » qui nous unit à Dieu.
Saint Maxime le Confesseur décrit cet amour comme un «
état d'âme saint » qui valorise la connaissance de Dieu par-dessus tout.
Il explique que nous ne pouvons véritablement posséder cet amour tant que nous
sommes encore attachés aux désirs terrestres.
Père Thaddeus enseigne que l’amour de Dieu n’est pas « selon
ce monde ». Il s’agit plutôt d’une participation mystique à ses énergies
divines – une union sacramentelle qui nous transforme de l’intérieur.
Saint Porphyre utilise le langage de la passion et du désir,
nous exhortant à faire du Christ notre désir le plus profond : « Le
Christ est tout. Il est notre amour. Il est l’objet de notre désir. » Il
nous exhorte à pouvoir dire : « Mon Christ, quoi que ton amour me
dicte, il me suffit de vivre dans ton amour. » En vérité, « l’amour
de Dieu transforme tout ; il sanctifie, amende et change la nature de
toute chose. »
Ce que
Jésus commande
L'amour que Jésus nous commande est un appel à l'union avec
lui, un engagement à vivre selon son enseignement. Puisqu'il est lui-même
amour, c'est seulement par lui que nous pouvons aimer véritablement. En le
suivant, il nous entraîne dans un amour indissociable de
l'obéissance :
« Si vous
m'aimez, vous garderez mes commandements »
Aimer le Christ, c'est aligner toute notre vie sur sa volonté,
et non pas simplement chercher à nous sentir bien ou à obtenir ce que nous
désirons. C'est accepter de laisser Dieu transformer nos cœurs et nos désirs
afin que nous devenions davantage semblables à lui. Cet amour supporte toutes
les épreuves et tribulations qu'il permet. Il exige l'abandon – mettre de côté
les désirs égocentriques afin de se conformer à sa volonté.
Don du
Saint-Esprit
Saint Paul enseigne que nous ne pouvons expérimenter cet amour
que par l'Esprit Saint – « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par
l'Esprit Saint » – et l'amour est le premier fruit de l'œuvre de l'Esprit en
nous. Cet amour ne naît pas de nos propres efforts ; c'est un don que Dieu
nous accorde lorsque nous coopérons avec lui, participant à ses énergies
divines.
Comment
nous cultivons cet amour
Il n'y a pas de raccourci. Contrairement à l'affection
humaine, l'amour divin ne se construit ni par l'effort ni par la
discipline ; c'est un don de grâce, reçu par le repentir et l'humilité.
Dans l'amour mondain, nos actions sont essentielles : développer
l'affection en passant du temps de qualité ensemble, en offrant attention et
soutien constants, en étant honnêtes et vulnérables, en communiquant ouvertement
et en instaurant la confiance par la fiabilité et le partage d'expériences. Cet
amour mondain se développe par de petits gestes quotidiens : écouter
attentivement, témoigner sa reconnaissance, offrir des cadeaux et surmonter
ensemble l'adversité. Des actions que nous entreprenons pour construire une
relation humaine.
Saint Ignace nous avertit que l'amour de Dieu ne peut être
créé ainsi, par nos propres efforts. Nous pouvons nous engager dans la
méditation, la lecture spirituelle ou d'autres disciplines. Nous pouvons penser
qu'en nous consacrant à la prière quotidienne, à des pratiques ascétiques comme
le jeûne, ou même à une participation régulière aux offices, nous aimerons
Dieu. Cette approche est une erreur, dit-il. Non pas que ces activités soient
mauvaises, mais elles supposent que l'on peut s'unir à l'amour de Dieu par ses
propres efforts, tout comme dans les relations humaines.
L'amour de Dieu n'est pas quelque chose que nous pouvons
générer en nous fixant comme objectif. C'est quelque chose qui nous est donné
par Lui. Nous ne pouvons pas dire : « Je dois développer mon amour pour Dieu »
et espérer le produire par la seule force de notre volonté. Saint Ignace
insiste sur le fait que développer l'amour pour Dieu exige une préparation
préalable de l'âme, afin que Dieu lui-même puisse le lui accorder.
Saint Porphyre enseigne que pour aimer Dieu, il faut d'abord
préparer son cœur. Il nous faut cultiver un « esprit orthodoxe » : un
cœur façonné par la foi, la repentance et le désir du Christ. Plus important
encore, cela commence par la pureté du cœur et l'humilité. Nous devons
reconnaître la toute-puissance de Dieu et la réalité du Jugement dernier à sa
seconde venue. Sans un cœur libéré de tout désir égoïste et de tout orgueil, il
n'y a pas de place pour son amour en nous. Nous devons renoncer à l'orgueil, à
l'intérêt personnel et à la sensualité.
Notre première étape est donc une vie de repentance :
nous détourner du péché afin que la grâce divine puisse nous combler. Tel doit
être notre objectif. L’amour de Dieu naît d’un cœur purifié et humble et du don
de sa grâce, et non d’exercices personnels ou de sentiments artificiels. Il
doit être bien plus grand que des mots comme « Je crois »,
« J’ai besoin de ton aide », ou même « Je t’aime ».
La
crainte de Dieu et la croissance de la crainte
Saint Ignace dit :
« L’amour pour Dieu n’est… accessible qu’à ceux qui ont
parcouru le chemin invisible vers Dieu. »
Il enseigne que ce chemin commence par une crainte
révérencieuse de Dieu. Jésus lui-même dit :
« Venez, mes enfants, et écoutez-moi ; je vous enseignerai la
crainte de l’Éternel. »
Cette peur n'est pas de la terreur, mais une profonde crainte
et un profond respect qui nous préservent de l'indifférence et nous guident
dans la voie des commandements de Dieu. Nous devons nous rappeler qu'Il est
notre Créateur et notre Juge, qui décidera de notre sort lors du Jugement
dernier, à son retour. Cette peur est la reconnaissance de qui Il est – un
respect qui nous conduit sur le chemin d'un amour plus grand que tout amour
terrestre.
À mesure que cette révérence mûrit, la peur enracinée dans
toute sorte de punition s’estompe et est remplacée par une crainte respectueuse
qui brûle dans notre cœur, apportant chaleur et lumière qui nous remplissent de
joie lorsque nous sommes embrassés par Son amour.
Il existe deux sortes de peur : la peur du châtiment et
la peur de perdre la joie d’être en communion avec Dieu. À mesure que nous
grandissons spirituellement, la première cède la place à la seconde. Développer
notre amour pour Dieu commence donc par la purification : débarrasser le
cœur des tendances pécheresses afin que la grâce divine le remplisse.
La crainte de Dieu n'est qu'un commencement. À mesure que
notre amour s'approfondit, l'émerveillement se transforme en joie et la
révérence en liberté. Les commandements cessent d'être perçus comme des
fardeaux et deviennent l'expression naturelle d'un cœur uni au Christ.
L'amour de Dieu se révèle dans notre obéissance. Nous devons
l'aimer comme il nous l'a commandé. Jésus dit :
« Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour, comme j'ai gardé les commandements de mon Père
et je demeure en lui. »
Le voyage
de l'amour : du repentir à la théosis (déïfication)
Le chemin est la repentance. Comme Jésus l'a dit dans son
premier enseignement public : « Repentez-vous, car le Royaume de Dieu est
proche. » La repentance signifie changer notre mode de vie pour ressembler au
sien, vivre selon tous ses commandements. Cela exige à la fois le sacrifice de
soi et notre coopération à sa grâce. Ces sacrifices témoignent de notre amour
pour lui.
Au début, nos efforts peuvent être motivés par la peur du
châtiment du Jugement dernier. Mais à mesure que nous avançons sur le chemin du
repentir et que nous recevons sa grâce, pas à pas, cette peur se transforme en
une peur plus profonde : celle de perdre la douceur de sa grâce. Comme le
dit saint Ignace :
« Le
repentir est le navire. La peur est le timonier. L'amour est le rivage divin. »
En fin de compte, l'amour pour Dieu est bien plus riche et
profond que les sentiments que nous appelons souvent amour. Il exige
préparation, purification, humilité, effort, crainte respectueuse et
coopération constante avec la grâce de Dieu. Il ne s'agit pas d'une technique
de développement personnel ni d'une méthode de réconfort émotionnel, mais d'un
cheminement de toute une vie pour devenir pleinement vivant en Christ, en
participant à sa vie, à son amour, et en laissant cet amour transformer chaque
aspect de notre être. C'est le chemin de la théosis : devenir semblable à
lui.
Références:
Le Refuge : Ancrer l'âme
en Dieu, Saint Ignace Brianchaninov
Quatre cents textes sur
l'amour, saint Maxime le Confesseur
Nos pensées déterminent
nos vies, frère Thaddeus
Blessé par l'amour, saint
Porphyre
Matthieu 22:37, Col 3:14,
Jean 14:15, Romains 5:5, Galates 5:22, Psaumes 33:12, Jean 15:10, Matthieu 4:17