L’ONU
alerte sur la persécution de l’Église orthodoxe ukrainienne
20 octobre 2025 par Jivko Panev
Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a nommé
cinq experts pour examiner les actions entreprises par le gouvernement
d’Ukraine contre l’Église orthodoxe ukrainienne (sous l’omophore du métropolite
Onuphre).
Le 1ᵉʳ octobre, un communiqué de presse
rapportant les conclusions des experts a été publié, que vous pouvez lire
ci-après:
« Ukraine : des experts* de l’ONU alertent sur la persécution
de l’Église orthodoxe ukrainienne
GENÈVE – Des experts de l’ONU ont exprimé aujourd’hui leur
grave préoccupation face aux informations faisant état d’une persécution
continue de l’Église orthodoxe ukrainienne (EOU) en Ukraine.
« Nous sommes préoccupés par le fait que la question des liens
ecclésiastiques et canoniques présumés de l’Église orthodoxe ukrainienne avec
le Patriarcat de Moscou – actuellement sous examen judiciaire – restreint la
portée de la liberté de culte et de pratique religieuse », ont déclaré les
experts. « Ces éléments font partie intégrante de la liberté de pensée, de
conscience et de religion telle qu’elle est consacrée par les normes
internationales. »
Ils ont exprimé leur inquiétude face à la décision du
gouvernement ukrainien de révoquer la citoyenneté du métropolite Onuphre, primat de
l’EOU, pour des motifs de sécurité nationale en juillet 2025.
Le 30 septembre, un tribunal administratif a entendu la plainte déposée par le Service d’État ukrainien pour
l’ethnopolitique et la liberté de conscience (SEPELC), demandant la dissolution de la métropole de Kiev
en raison de son affiliation présumée avec l’Église orthodoxe russe.
« La liberté de pensée, de conscience et de religion est
indérogeable, même en temps de conflit armé », ont déclaré les experts,
rappelant l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques (PIDCP) et l’Observation générale n° 22. « En outre, la sécurité
nationale ne constitue pas un motif de limitation de la manifestation de cette
liberté. »
Les experts ont averti que des justifications vagues ou
idéologiques pour la dissolution d’organisations religieuses, telles que des
accusations d’extrémisme fondées sur des dispositions antiextrémistes vagues ou
des références au concept de « Russkiy Mir » ou d’« affiliation pro-russe »,
sont incompatibles avec le principe de sécurité juridique et risquent de criminaliser
la liberté de pensée et de religion ou de conviction, et de saper la liberté de
réunion et d’association.
Ils ont souligné de graves préoccupations concernant la loi 3894-IX, qui
autorise les autorités à dissoudre les organisations religieuses qui
maintiennent une affiliation avec l’Église orthodoxe russe. « En assimilant
l’affiliation religieuse à des menaces pour la sécurité nationale, cette loi
établit un cadre de contrôle étatique incompatible avec les normes
internationales des droits de l’homme », ont-ils déclaré. « La législation sur
la sécurité nationale et l’antiextrémisme ne devrait pas être utilisée pour
restreindre indûment les activités religieuses légitimes. »
Les experts ont noté les procédures judiciaires en cours
contre des hiérarques supérieurs de l’EOU, des membres du clergé et des
défenseurs des droits de l’homme, notamment les métropolites Arsène, Paul,
Théodose, Longin, le père Evgueni Koshelnik, le journaliste Dmytro Skvortsov et
l’avocate Svitlana Novytska. « Ces poursuites semblent constituer une punition
collective contre les membres de l’UOC et ceux qui les défendent », ont-ils
déclaré.
Les experts ont exhorté le gouvernement d’Ukraine à réviser la
loi 3894-IX et à cesser les procès et les mesures administratives contre les
membres du clergé, les défenseurs et les journalistes. « Nous sommes prêts à
poursuivre notre engagement avec les autorités pour garantir que les droits de
l’homme soient respectés même en temps de guerre », ont-ils déclaré.
Les experts sont en contact avec les autorités ukrainiennes
sur cette question. »
*Les experts :
George Katrougalos, expert indépendant sur la promotion
d’un ordre international démocratique et équitable ;
Nazila Ghanea, rapporteuse spéciale sur la liberté de
religion ou de conviction ;
Nicolas Levrat, rapporteur spécial sur les questions
relatives aux minorités ;
Ben
Saul, rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de
l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste ;
Gina Romero, rapporteuse spéciale sur les droits à la
liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association
Merci à Orthodoxie.com d’avoir
mis cet article en ligne.