Quelques
Modestes Pensées
sur
l’Union des Eglises
par
Alexandre Kalomiros
A. LA PAIX SANS LA VERITE
L’expérience tragique de dernières générations, a donné aux
hommes une grande soif de paix. Maintenant, la paix est devenue le bien suprême
parmi les idéaux pour lesquels les hommes versaient volontiers leur sang
autrefois. A ceci, a grandement contribué le fait que la guerre n’était plus ce
qu’elle avait été dans le passé, c’est-à-dire un conflit entre la justice et
l’injustice et qu’elle est devenue un conflit sans signification
justice-injustice. Le mensonge et l’hypocrisie utilisés par l’injustice des
diverses parataxes, pour passer, aux yeux de leurs adeptes pour une justice,
ont fait que les hommes ont perdu la foi en l’existence de la justice et ne
voient plus de valeur digne d’être défendue. Ainsi la guerre, quelle que soit
sa forme, apparaît aux hommes, comme quelque chose d’absolument stupide.
Ce manque d’intérêt de l’humanité pour tout conflit, quelle
qu’en soit sa nature, serait admirable s’il était le produit d’une santé
spirituelle. Si l’injustice, la haine et le mensonge disparaissaient, la paix
serait alors le comble du bonheur humain ; l’union serait un résultat naturel
et non artificiel. Mais c’est une chose complètement différente que l’on
constate. Alors que tous parlent aujourd’hui de paix et d’union, l’amour propre
et la haine, l’injustice et le mensonge, l’amour de la gloire et la cupidité
atteignent leur point culminant. Tous et chacun à sa manière, parlent d’amour
pour l’humanité, et pourtant jamais il n’y a eu d’hypocrisie plus grande que ce
soi-disant amour, amour théorique, imaginaire, comme le concept
"d’humanité" qui est, lui aussi, théorique et imaginaire, sans
rapport avec l’amour pour l’homme concret, que l’on a devant soi. L’amour pour
une personne concrète, lorsqu’il existe, est le seul réel. C’est l’amour de notre
prochain demandé par le Christ.
L’homme concret, avec ses imperfections et ses faiblesses, au
lieu d’être aimé, a été de nos jours haï plus que par le passé ; et il n’a pas
seulement été haï mais aussi méprisé, ravale au rang de "chose" sans
valeur particulière, de moyen pour atteindre des buts "élevés", de
particule de masse. Ceux qui parlent le plus d’amour pour l’homme et pour
l’humanité, de paix et d’union, sont ceux qui haïssent le plus leur prochain,
leur voisin. Ils aiment l’homme création de leur imagination et pas l’homme
concret. Ce culte de l’idole "homme" est, en réalité, du narcissisme,
c’est le culte du « moi ».
Il serait naïf de croire que la disposition irénique qui
caractérise l’humanité d’aujourd’hui vient de l’amour. Non ! Tout ce qu’on dit
sur l’amour est hypocrisie ou imposture. Ce désir de paix vient de la perte des
idéaux, de la crainte et de l’amour du bien-être : être tranquilles pour jouir
des biens terrestres. C’est l’entente, la coopération pour l’acquisition des
biens, que chacun, pris à part, ne pourrait acquérir. C’est l’entente mondiale
sur ce qui est devenu la passion de toute la terre : l’amour du plaisir et
l’amour de la matière. C’est un produit de nécessité.
La paix dont tout le monde parle aujourd’hui, c’est l’accord
sans condition, entre ce qui est bien, honorable et grand et le règne de la
petitesse, de la médiocrité et de la tiédeur. C’est la destruction de la
personnalité des individus et des peuples. C’est une marmelade de concessions
et de calculs, un océan d’hypocrisie, une indifférence envers la Vérité, une
trahison de tout ce qui est saint et sacré.
La guerre est quelque chose de terrible, elle est le résultat
de la chute de l’homme et personne ne pourra jamais en faire l’éloge ; mais la
paix que le monde contemporain négocie est infiniment plus terrible. La fièvre,
pourtant désagréable, indique cependant que l’organisme réagit contre le mal
qui l’a atteint. La paix que l’on veut inaugurer, n’est malheureusement pas
celle qui vient de la victoire sur le mal mais celle qui résulte de la défaite
; c’est l’absence de fièvre chez le cadavre.
Au fond, la paix désirée par les hommes n’est pas seulement la
paix des armes, elle est aussi celle de la conscience. Ils veulent que le bien
et le mal cohabitent en paix, de même que la justice et l’injustice, la vertu
et le péché, la vérité et le mensonge, afin qu’eux aussi soient en paix avec
leur conscience.
B. IL N’Y A JAMAIS EU D’ECLATEMENT
Dans l’effort du monde pour la paix, ceux qu’on appelle
chrétiens jouent un rôle important. Avec la devise "chrétiens
unissez-vous", ils se mettent en route pour le marché où la Vérité sera
bradée.
Il fut un temps où les chrétiens croyaient et étaient prêts à
mourir pour leur croyance. Aujourd’hui leur zèle pour la Vérité s’est refroidi et
ils ont commencé à la considérer comme quelque chose de secondaire. Ils
trouvent négligeables et sans importance, les divergences entre les
"églises", pour lesquelles les martyrs ont donné leur vie, les Pères
ont été bannis et les fidèles décapités.
Malades et incorrigibles, la plupart d’entre eux pensent que
la religion du Christ est une déontologie qui concerne les relations humaines ;
d’autres poursuivent des objectifs politiques et des intérêts obscurs et
construisent, tous ensemble, la cité de l’Antichrist. Indifférents envers la
Vérité, ils veulent une union, un rapprochement extérieur, sans tenir compte
des divergences internes ; ils s’attachent à la lettre et négligent l’esprit.
Comment peuvent-ils croire que ce qui a échoué aux premiers
siècles du schisme va réussir maintenant, alors que les différences de
mentalité, le temps passant, sont devenues de fosses qu’elles étaient, des
océans.
Le seul fait de parler d’union des églises, révèle une pensée
parfaitement antichrétienne. Ils admettent ainsi que l’Eglise Une, Sainte,
Catholique et Apostolique, que nous confessons au crédo de notre foi, a cessé
d’exister, qu’elle a éclaté en beaucoup d’églises qui ne sont plus catholique,
c’est-à-dire qui ne possèdent plus toute la Vérité et la Grâce, comme les
possèdent les Eglises Orthodoxes locales, mais une partie plus ou moins grande.
En conséquence, ils admettent que la Vérité n’existe plus sur la terre, que le
Christ est venu pour rien. Parce que dans ce mélange de la Vérité et du
mensonge, il est impossible de retrouver la Vérité pour laquelle le Christ est
venu témoigner, et qu’en conséquence également, il est impossible de retrouver
le Christ qui est la Vérité elle-même.
Mais alors pourquoi le Christ a-t-il dit qu’il serait avec nous jusqu’à la fin
du monde ? « Et voici je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du
monde. » Pourquoi a-t-il dit que l’Esprit Saint conduirait les disciples dans
toute la Vérité et que les portes de l’Enfer ne pourront s’emparer de l’Eglise
?
Si l’Eglise est morcelée –pour que l’union soit nécessaire, il faut qu’elle
soit désagrégée- alors tout ce que le Christ a promis est mensonge ! Mais loin
de nous un tel blasphème. L’Eglise vit et elle vivra jusqu’à la fin du monde,
non morcelable, invulnérable selon la promesse du Seigneur. Tous ceux qui
parlent d’UNION DES EGLISES nient tout simplement le Christ et son Eglise.
Quand un Patriarche orthodoxe accepte que l’Eglise Orthodoxe participe au
Conseil Œcuménique et Protestant des Eglise, comme une des nombreuses
"églises", que fait-il d’autre que de reconnaître, officiellement,
comme le font les Protestants, l’existence de beaucoup d’églises et par là
l’éclatement de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique ?
Et dans leur effort impie, ces hommes appellent à leur secours des textes
liturgiques et le Seigneur lui-même. En effet, le Christ a bien prié pour ses
disciples pour « qu’ils soient un » et l’Eglise prie, à chaque liturgie
"pour l’union de tous".
Mais cela ne signifie pas que l’Eglise prie pur que les chrétiens s’unissent
par des concessions réciproques sur leur foi ; il ne s’agit pas de rechercher
des accords conventionnels, selon lesquels divers éléments hétéroclites
"s’unissent" ; il n’y a aucun rapport avec les "protocoles"
d’accords ou d’unions, qui sont signes après de nombreuses négociations, entre
les différents états. Non, ces phrases ne signifient rien de tout cela.
L’Eglise prie Dieu, non pas pour l’union de différents éléments hétéroclites,
mais pour que tous deviennent UN. C’est-à-dire que tous admettent la Vérité et
qu’ils se soumettent avec contrition et humilité à l’Eglise et soient comptés
parmi ses membres ; qu’ils comprennent l’erreur dans laquelle ils ont vécu et
se pressent vers la lumière et la Vérité, c’est-à-dire l’Eglise. C’est pour cela
que l’Eglise prie et tout particulièrement à la liturgie de Basile le Grand : «
ramène les égarés et unis-les à ton Eglise Sainte, Catholique et Apostolique ».
Voilà la seule UNION que l’Eglise admet et pour laquelle elle prie. Voilà la
seule prière, le seul désir qui jaillit du vrai amour ; elle veut guérir les
malades et pas les duper.
C. OFFRANDE ET NON DISCUSSION
Certains orthodoxes naïfs pensent que le rapprochement des églises n’a pas pour
but l’union, mais celui d’éclairer, d’attirer les hétérodoxes. « Ce sont,
disent-ils, des témoignages d’amour envers nos frères ». « Si
nous nous enfermons dans notre "carapace",
répètent-ils souvent, si nous n’allons pas aux rencontres internationales
et si nous n’envoyons pas des observateurs aux conciles papiques, etc… comment
les occidentaux connaîtront-ils l’Eglise Orthodoxe et iront-ils à elle ? »
Comment les Occidentaux sauront-ils que l’Eglise Orthodoxe est Une et la Vraie,
quand ils la voient fréquenter, d’égales à égales les fausses églises ? Ne
vont-ils pas croire qu’elle aussi est relative et partielle comme les autres ?
Est-il raisonnable d’espérer que ces "conseils" de fanatiques
rasophores pourront reconnaître la Vérité ? Ils ne font que flatter les
orthodoxes, et cela pour les attirer à eux. S’ils avaient une réelle nostalgie
de l’Orthodoxie et s’ils voulaient la connaître, ils n’auraient pas besoin de
CONSEILS et de réunions, ils iraient boire à ses sources, chez ses Pères et ses
Saints.
Non ! Le meilleur moyen pour convaincre l’autre de la Vérité, c’est que l’autre
croit en elle, qu’il ne la discute pas mais la confesse seulement. Dans les
réunions et les conseils la Vérité est discutée. Cela, c’est de la trahison.
Car il ne s’agit plus alors de dialogue plus alors de dialogue pour
l’instruction des hétérodoxes, mais de discussions avec des
"églises". Ce n’est pas des discuteurs que le Christ demande mais des
confesseurs. La Vérité qu’il nous a enseignée n’est pas de celles qui se
discutent. Dans les divers conseils œcuméniques, la discussion prend la
tournure d’un commerce où se font des concessions sur la foi, afin d’aboutir à
un accord final. Sous de telles conditions, la seule venue d’un orthodoxe dans
un conseil œcuménique revient à trahir le Christ : c’est livrer le Christ aux
incroyant pour trente deniers. En y entrant, l’orthodoxe reconnait que sa foi
est discutable et laisse entendre que si des contre-parties satisfaisantes lui
sont données, il fera, lui aussi, des concessions.
Si tous ceux qui parlent aujourd’hui d’union, confessaient l’Orthodoxie comme
Vérité Seule et Absolue et refusaient tout contact officiel et officieux avec
les hérétiques, sans craindre de les appeler ainsi, alors leur voix serait
entendue de très loin et, ce qui est plus important, elle deviendrait
respectable et obligerait à réfléchir. Maintenant sa voix est celle des
compromis, la voix qui n’émeut pas, la voix de personne que nul, au fond, ne
respecte.
Les Pères ne discutaient pas avec les hérétiques. Ils confessaient la Vérité et
réfutaient leurs arguments, sans politesse ni courbette. Jamais ils ne se sont
entendus avec les "églises" hérétiques. Le dialogue était toujours
public et concernait le salut ou l’édification des âmes. L’Eglise Orthodoxe ne
discutait pas avec les "églises" hérétique. Ce n’était pas discussions
avec des "églises", mais le dialogue de l’Eglise avec des âmes
égarées hors de leur route. L’Eglise ne discute pas, parce qu’elle ne cherche
rien. Tout simplement elle donne parce qu’elle possède tout.
D. LE SALUT DU MONDE
Mais pourquoi nos chrétiens se laissent-ils si facilement émouvoir par les
appels à l’union des églises au lieu de transvaser avec zèle la Vérité dans ce
monde qui en a été privé. Pourquoi sucent-ils le caramel de la paix, usant de
balance pour savoir si ce qui sépare est plus lourds que ce qui unit les
chrétiens ? C’est qu’ils ont été eux-mêmes privés de la connaissance de la
Vérité. Membres, pour la plupart d’entre eux, d’organisations et de confréries
socialo-chrétiennes, élevés dès le jeune âge dans un système philosophico-moraliste
avec argument chrétien, système qui laisse entendre que l’objectif du
christianisme c’est de parvenir à la coexistence pacifique et charitable des
hommes. L’éternité et la contemplation de Dieu on été pour ces chrétiens des
choses si éloignées et bien indifférentes. Homme d’action, tournés vers
l’extérieur, ils sont venus au christianisme pour y trouver un modus vivendi
organisé et dirigé, un mode de vie de citoyens bons et respectables sur cette
terre. Dieu est pour de tels hommes le Grand Serviteur de leurs intérêts
personnels et la vie éternelle une bien bonne mais fort heureusement bien
lointaine espérance d’apocatastase.
Chez ces chrétiens, les appels à l’union sont très facilement entendus. Quelle
bonne chose, en vérité, que de voir le cercle de nos hommes dignes et
respectables, avec lesquels on peut parler sans crainte d’être trompé, avec
lesquels on peut avoir des rapports bons et pacifiques, sans jamais risquer
d’être persécuté ou d’être obligé de lutter ! Quant à la Vérité,
"qu’est-ce que la Vérité ? " Nous croyons tous en Christ et cela
suffit. D’ailleurs le monde aujourd’hui se trouve confronté à des temps
difficiles…… Les chrétiens doivent s’unir au plus vite, pour faire face au
socialisme, par exemple. "Qui va guider, qui va sauver le monde
contemporain ? " demandent-ils. "Seule une Eglise chrétienne
unie" répondent-ils.
Le Christ ne s’est pas fait Homme pour sauver qui gît dans le mal. Mais pour
sauver de ce monde les siens, pour les arracher à la parataxe du malin, pour
les unir à lui et les déifier selon la Grâce, et avec eux sauver toute la
création qui gémit. Le monde marche sur la voie de la mort. Il est la parataxe
du prince de ce monde, la parataxe de l’adversaire de Dieu. "Je ne te prie
pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’a données. "
Eux prient pour ce monde et sacrifient, pour plaire à cette parataxe diabolique
qui ne sera jamais sauvée, les diamants de la foi, de la vie chrétienne. Ce
n’est pas le Christ qui veut l’union des "églises" mais le monde. Le
Christ ne veut pas de l’union du mensonge avec la Vérité ; c’est le monde qui
cherche à altérer la Vérité, à la rendre relative et partielle. Aussi, quand il
est question de l’union des "églises", on voit la soutenir avec
l’enthousiasme, des hommes qui jamais ne se sont intéressés à la religion.
L’union est le meilleur moyen pour neutraliser le christianisme, inventé par la
parataxe du diable, le commencement de son effilochage, sa soumission aux
volontés de la politique, sa transformation en serviteur des intérêts du monde.
Dans l’union, le christianisme aura, peut-être, plus de force temporelle, mais
il perdra sûrement toute sa force spirituelle qui gêne le monde. Cela n’est-il
pas déjà arrivé à "l’église papolique " ? La soif chez les papistes
d’une puissance temporelle, les a fait descendre sur le champ de courses des
sinuosités politiques, d’où ils sont sortis serviteurs des grands courants
politiques.
Tous ceux qui parlent d’union n’ont pas compris pourquoi le Christ est venu en
ce monde. Ils croient qu’il est venu y faire un prêche moraliste comme le leur
; qu’il est venu pour nous apprendre à vivre sur cette terre en bons citoyens.
Ils le tiennent pour un grand législateur, le plus grand peut-être de tous les
siècles. Ils disent et répètent que les hommes doivent suivre la loi du Christ,
pour que vienne, enfin, le règne de Dieu sur la terre. D’autre parlent de tel
"pays orthodoxe", d’autre de "démocratie chrétienne",
d’autre encore de "royaumes chrétiens", sans comprendre que leurs
attentes ressemblent à celles des Hébreux qui voulaient le Messie roi
terrestre. Ils ne veulent pas du Christ tel qu’il est, ils ne veulent pas du
Christ qui a repoussé les tentations proposées par le diable au désert. Ils
veulent un Christ convoitant les royaumes de la terre ; un Christ qui change
les pierres en pain pour rassasier tous les hommes ; un Christ qui étonne le
monde par ses prodiges, qui inspire la crainte et oblige les hommes à se
soumettre. En d’autres termes, ces homme-là n’attendent pas le Christ mais
l’Antichrist. Le Christ restera jusqu’au second avènement humble et caché, loin
des pouvoirs terrestres, loin des conforts terrestres, sans jamais obliger
quelqu’un à le suivre et demandant à ceux qui s’approchent de lui de lui
ressembler dans l’humilité et la pauvreté, sans rien attendre de terrestre.
Les "chrétiens" qui parlent "d’Etat de Dieu", de
"Grèce chrétienne", de "Christianisme universel" et
"d’union des églises" ne veulent pas d’un tel Christ. Ils ressemblent
au Grand Inquisiteur de Dostoievsky, prêts à condamner au bûcher le Christ,
parce qu’il renverse les desseins qu’ils préparent avec tant d’application
depuis des siècles. "Tu es venu nous enseigner un christianisme inhumain
et dur", dit l’Inquisiteur au Christ alors que "nous, depuis tant de
siècles, nous nous efforçons d’en faire une religion humaine ; maintenant que
nous y sommes parvenus, tu es venu déranger les efforts de tant de siècles ?
Mais tu n’y arriveras pas. Demain j’ordonnerai de te brûler comme hérétique.
"
Oui, les hommes veulent un Christ qui parle de la vie présente et non de
l’autre, un Christ qui offre les biens de cette vie et non ceux de l’autre. Ils
ne veulent pas d’une richesse qui ne soit pas palpable et qui ne peut être
pesée, mais d’une richesse palpable. Ils ne veulent pas le Christ chef du Siècle
Futur mais chef du siècle présent.
Voilà pourquoi ils n’ont cure de ce que deviendra la Vérité quand seront unies
toutes les inconstantes "églises chrétiennes", après mille et une
confessions, mille et un compromis. Voilà pourquoi ils ne s’occupent pas de ce
que deviendra la vie en Christ après, par l’entrée dans le lieu très pur de
l’Orthodoxie, de tant et tant de barbares religieux et radoteurs. La vérité ne
les intéresse pas, le Christ ne les intéresse pas ni la vie dans la Grâce du
Saint-Esprit. Seule les intéresse la force terrestre que leur donne l’union et
la cosmocratie sous une seule et unique cosmothéorie.
Ces hommes-là veulent être appelés chrétiens alors qu’ils ne le sont pas. La
plupart d’entre eux se croient de vrais chrétiens, alors qu’ils ignorent le
christianisme et le confondent avec des idées philosophiques, des
cosmothéories, comme ils aiment à dire ! Ils sont en réalité les adeptes de
l’Antichrist.
Les Hébreux qui attendaient le Messie depuis des siècles ne l’ont pas reçu
quand il est venu, et l’ont pendu sur la Croix. Pourquoi ? Parce que le Christ
n’était pas celui qu’ils attendaient, ils n’ont pas reconnu le Messie dans sa
personne. Ils attendaient un roi terrestre conquérant du monde, celui qui
devait soumettre sous les pieds du peuple Israël toutes les nations du monde,
et contraindre les Romains qui dominaient alors le monde à l’adorer, celui qui
devait donner à ses adeptes la puissance et la gloire.
Quand ils virent ce pauvre, cet humble, ce doux, ce pacifique qui n’apportait
pas de biens terrestres mais parlait des biens célestes et leur demandait même
de renoncer aux biens terrestres et palpables, pour arriver libres aux célestes
et impalpables, ils comprirent qu’il n’était pas pour eux, qu’il n’était pas le
Messie qu’ils attendaient mais tout le contraire. Celui qui a refusé de changer
les pierres en pain pour les rassasier, qui a refusé d’étonner les multitudes
par sa force et qui n’a pas accepté de soumettre les royaumes de la terre
n’était pas le chef qu’il leur fallait. Aussi l’ont-ils crucifié et ils ont
commencé à en attendre un autre ; ils l’attendent encore ; et avec eux
attendent des millions d’hommes qui dans leur majorité, se croient chrétiens…