Pourquoi
les Orthodoxes utilisent-ils du pain levé lors de l’Eucharistie?
La vie Chrétienne Orthodoxe s’exprime totalement lors de la
divine liturgie; exposition vivante de nos dogmes, de notre foi et du royaume
du Seigneur. La liturgie elle même culmine dans l’offrande des Saints Dons
: L’Eucharistie. Ce qui caractérise l’Eucharistie pratiquée dans
l’Eglise Orthodoxe est l’utilisation du pain levé pour
l’Eucharistie. Mais d’où viens donc cette pratique?
L’utilisation du pain levé est la pratique traditionnelle du
sacrement de l’Eucharistie établi par le Seigneur Jésus Christ.
Dans l’ancien testament le pain levé est opposé au
pain “azyme” [ἄζυμος/azymos], en effet l’azyme
symbolise l’impuissance du peuple hébreu, forcé à quitter l’Egypte à la hâte,
il est associé aux sacrifices de l’ancienne alliance qui interdisent le
sacrifice de pain levé, à l’exception notable de Lévitique 7:13 et 23:17, où le
sacrifice des pains levés est accepté car il représente l’action de grâce du
peuple.
Dans les Évangiles le pain levé est utilisé de deux manières.
La première consiste à désigner la puissance du Royaume des Cieux (cf. Mt 13:33
; Lc 13:20). La deuxième façon dont les Évangiles utilisent le levain est
symbolique des doctrines des pharisiens – l’assimilation au levain révèle la
force de l’attraction dans les actes extérieurs de piété par les pharisiens,
quelque chose contre lequel saint Paul luttera plus tard (cf. Mt 16:6 ; Mc 8:14
; Lc 12:1)
Il est donc évident le levain est une image puissante, et ses
connotations positives ou négatives dépendent complètement du contexte.
Le pain levain devient également un symbole de l’ouverture de
l’alliance aux non-juifs; l’azyme associé au deuil et à l’impuissance est
remplacé par le levain de la résurrection et du triomphe du Christ.
Cette même idée est exprimée chez les pères de l’Eglise
primitive, comme chez le grand Évêque occidental, Saint
Irénée de Lyon (202), qui explique que le Christ est réellement le pain
levain, une analogie directe au sacrement de l’Eucharistie.
« Paul affirme encore que le Sauveur a assumé les prémices de
ce qu’il allait sauver: “Si les prémices sont saintes, dit-il, la pâte l’est
aussi”. Les prémices, enseignent-ils, c’est l’élément pneumatique ; la pâte,
c’est nous, c’est-à-dire l’Église psychique ; cette pâte, disent-ils, le
Sauveur l’a assumée et l’a soulevée avec lui, car il était le levain. » – Saint
Irénée de Lyon (Contre les hérésies, liv. I chap. 8)
En ce qui concerne l’Eucharistie en elle-même, les écritures
nous renseignent sur l’usage par le Christ de pain levé lors de la Cène
mystique.
Dans la version originale des Évangiles en grec, le mot pour
“pain sans levain” se dit donc “ἄζυμος/azymos”,
le mot pour “pain avec levain” se dit quant à lui “ἄρτος/artos”.
« Alors qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain [ἄρτον/arton],
et après la bénédiction, il le rompit et le donna aux disciples, et dit:
Prenez, mangez, ceci est mon corps. » – Matthieu 26:26 (Mc 14:22 ; Lc 22:19 ;
24:30-35 ; I Co 10:16-17 ; 11:26-28)
Dans tous ces endroits, les auteurs ne disent jamais que Jésus
a pris l’azyme et l’a béni, ils écrivent que le Christ a pris du pain au levain
ordinaire.
« Comme le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que je vis par
le Père ; ainsi celui qui me mange vivra par moi. C’est ici le pain [ἄρτος/artos]
qui est descendu du ciel. Ce n’est pas comme vos pères qui ont mangé la manne,
et ils sont morts ; celui qui mangera ce pain [ἄρτον/arton]
vivra éternellement. » – Jean 6:58
Le
Saint concile In Trullo (691-692) qui composa les canons du 5ème et
6ème concile Oecuménique et fut accepté universellement (y compris par le pape
Adrien Ier et le 7ème concile Oecuménique), confirme et réaffirme la tradition
de l’Eglise en condamnant l’usage des azymes comme une innovation judaïsante :
Canon XI.- Qu’il ne faut pas fréquenter les Juifs, converser
avec eux ou recevoir d’eux des médicaments. Qu’aucun de ceux qui sont inscrits
dans les rangs du clergé, ou même un laïc ne mange les azymes en usage chez les
Juifs, ni ne se rende leur familier ni ne les appelle dans les maladies,
recevant d’eux des remèdes, ni ne fréquente absolument les bains publics en
leur compagnie ; si quelqu’un tente de faire cela, clerc, qu’il soit déposé,
laïc, excommunié.
L’Eglise Orthodoxe, en suivant les Saintes Ecritures, la
Sainte Tradition des Pères et les Conciles, a donc toujours utilisé le pain
levé pour célébrer l’Eucharistie et rendre le Christ présent parmi son peuple.
Foi-orthodoxe
La
communion fréquente
Le Fils
prodigue –
« Amenez le veau gras et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous
» (Luc 15,23)
« Comme le Fils prodigue de la parabole, nous aussi, en
retournant vers la maison du Père et en renonçant à notre mode de vie dissolue,
nous retrouvons Dieu notre Père qui nous attend avec amour. Il court au-devant
de nous, Il nous prend dans ses bras et nous couvre de baisers. Il nous
introduit dans la maison paternelle et là, Il nous réunit à nos autres frères
et Il nous sert à la Table céleste. Il nous fait communiants à son Corps et à
son Sang. Sur ce point-là, je voudrais signaler quelques malentendus.
Malentendus
Beaucoup croient que la divine communion est nécessairement
liée à la confession et au jeûne. Nous n’allons pas vers la divine communion si
auparavant nous ne nous sommes pas confessés et si nous n’avons pas jeûné un
nombre suffisant de jours. C’est pourquoi aussi nous communions tellement
rarement.
La
Tradition
Ceci est une faute et c’est contraire à la Tradition Orthodoxe
qui est pour la divine communion fréquente. Ce qui est observé de nos jours
[dans certaines communautés], c’est-à-dire de communier 2 à 3 fois par an, est
complètement inacceptable et sape dangereusement le Corps du Christ qui est
l’Église. Nous en arrivons au point où nous mettons le jeûne au-dessus de la
divine communion qui est le « sacrement des sacrements ». De ce qui est un
moyen, nous faisons un but, et nous trouvons un alibi pour justifier notre
négligence et notre indifférence pour la communion fréquente, sceau de notre
participation à la divine eucharistie.
Les anciens chrétiens communiaient presque chaque jour. Basile
le Grand décrit comment les chrétiens de son diocèse communiaient au moins quatre
fois par semaine. Il était inconcevable pour eux de participer à la divine
liturgie et de ne pas communier, sauf s’ils se trouvaient en situation
d’épitimie (de pénitence), à la demande de leur père spirituel.
L’offense
faite à Dieu
Si les ancêtres de nos pères spirituels revenaient aujourd’hui
dans notre propre église et voyaient ce phénomène inacceptable, c’est-à-dire
que la divine liturgie se déroule et que, soit on ne communie pas, soit
seulement un petit nombre de fidèles participe à la communion, ils
éprouveraient un terrible étonnement et beaucoup de perplexité, pour ne pas
dire de tristesse.
Pour chaque célébration de la divine liturgie, nous préparons
le vin et le pain de l’Eucharistie, nous les présentons aux fidèles lors de
l’entrée des saints dons, nous prions Dieu de les transformer en Corps et Sang
du Christ. Dieu obéit à notre demande, l’Esprit Saint descend sur les dons, le
miracle a lieu. Notre Seigneur nous prépare sa table, il nous invite à
participer : « avec crainte, foi et amour, approchez » et nous, nous le
dédaignons.
[Si nous ne communions pas], nous repartons affamés, mais
rassasiés par des justifications de peu de valeur. À ce stade, saint Jean
Chrysostome dit : « N’as-tu pas offensé Celui qui t’a invité ? ».
Le
renouveau eucharistique
De nos jours, on observe un effort, timide certes, mais béni,
parmi les pères spirituels éclairés et les chrétiens, pour rompre cet état de
fait et pour revenir à la tradition de la divine communion fréquente.
Mais si nous voulons communier fréquemment – toujours bien sûr
en accord avec l’avis de notre père spirituel – alors, il n’est pas possible
que nous nous confessions fréquemment. Lorsque nous avons quelque chose à dire,
à confesser, alors nous voyons le père spirituel. Pas pour les plus petites
choses. Si, par exemple, nous faisons une chute et que le traumatisme est
faible, il n’est pas nécessaire de déranger le médecin. Si le traumatisme est
important, alors sûrement, nous lui rendrons visite.
La
confession fréquente
Mais, dès lors que nous ne pouvons pas éviter facilement nos
fautes quotidiennes, nous nous efforcerons de vivre le continuel repentir et la
confession régulière.
L’autre extrême est que nous nous confessons trop légèrement
et rarement. Surtout, pour la plupart d’entre nous, nous programmons de nous
confesser avant les grandes fêtes, au dernier moment, et nous devenons
particulièrement exigeants. Ceci est fâcheux pour nous, mais aussi pour le
confesseur, lequel, en raison de la charge de ces journées, ne peut pas
répondre et nous aider le mieux possible. Et de ce fait, lorsque le temps
presse, nous ne pouvons pas créer une communication correcte entre nous et
notre père spirituel.
Le
repentir continuel
Les recettes connues d’avance n’existent pas. Chacune, chacun
d’entre nous possède sa spécificité, ses besoins propres et nous pouvons
trouver avec notre père spirituel notre règle d’or ! De toute façon, ce sur
quoi il est besoin d’insister, c’est que toute notre vie doit être un chemin de
repentir devant Dieu, source de joie, mais aussi une préparation pour la divine
communion. Chaque jour, chaque heure, chaque instant, vivons avec sérénité et
paix, en « état de repentir » et avec le désir ardent de la divine eucharistie.
Pour vivre cet état, ce mode de vie, l’office de la sainte communion
nous aidera beaucoup. Nous pourrons le lire et communier à ses prières, pas
seulement la veille de la liturgie, mais par étapes pendant toute la durée de
la semaine. Les très belles prières des pères de l’Eglise que contient cet
office nous aideront à vivre l’événement du repentir, source de paix, et elles
nous prépareront pour notre participation au sacrement de la divine communion.
Vivant continuellement « en état de repentir » et communiant
fréquemment aux mystères immaculés, notre vie acquiert un sens, devient
festivité, fête, sagesse et joie. »
Archimandrite Nectaire
Antopoulos, « Epistrophi », éd. AKRITAS, Néa Smirni, Grèce.