Tropaire de l'Annonciation, ton 1
Aujourd'hui, c'est le commencement de notre salut et la
manifestation du mystère prééternel. Le Fils de Dieu devient le Fils de la
Vierge, et Gabriel annonce la grâce. Crions donc avec lui à la Mère de Dieu :
"Réjouis-toi, Pleine de grâce ! Le Seigneur est avec toi !"
Kondakion de l'Annonciation, ton 8
Que retentisse nos accents de victoire en ton honneur, invincible Reine, toi qui nous sauves des périls du combat, Mère de Dieu, Vierge souveraine ! Vers toi montent nos louanges, nos chants d'action de grâce. De ton bras puissant dresse autour de nous le plus solide des remparts, sauve-nous de tout danger, hâte-toi de secourir les fidèles qui te chantent : "Réjouis-toi, Epouse inépousée !"
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MÉDITATION SUR LA FÊTE
AVEC LE PERE LEV GILLET
La plus grande des fêtes qui se rencontre en cette période de
l'année [le Carême] est assurément la fête de l'Annonciation de la maternité
divine faite par l'ange Gabriel à la Théotokos, la très sainte Vierge Marie
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Une phrase des chants de matines résume toute la signification de cette fête : "Le mystère éternel est révélé aujourd'hui ; le Fils de Dieu devient Fils de l'homme ...". L'épître aux Hébreux, lue à la liturgie (2, 11-18), insiste sur ce que, du fait de l'Incarnation, " le sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine. C'est pourquoi il ne rougit pas de les nommer frères ".
L'évangile (Lc 1, 24-38) relate la révélation que Gabriel, à
Nazareth, fit à Marie. La réaction de Marie, "comment cela se fera-t-il ?
", n'est pas l'expression d'un doute, et en cela elle diffère de la
réaction de Zacharie, lorsque la naissance de Jean lui fut prédite. Marie pose
simplement une question respectueuse ; et, quand l'ange explique que le
Saint-Esprit descendra sur elle et la couvrira de son ombre, Marie répond, avec
l'humilité et l'obéissance qui caractérisent toute sa personne : "Je suis
la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon ta parole".
La fête de l'Annonciation a en quelque sorte deux faces. L'une
d'elles est tournée vers la Très Sainte Mère de Dieu. Elle concerne sa gloire
et notre piété envers Marie. La déclaration de cette gloire et l'expression de
cette piété trouvent leur forme parfaite dans la première phrase du message de
l'ange : "Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi". Nous ne
pouvons mieux nous adresser à la Sainte Vierge qu'en répétant cette phrase avec
vénération et tendresse. L'autre face du mystère de l'Annonciation est tournée
vers les hommes. Dans la vie de tout chrétien, il doit y avoir des
Annonciations divines, des moments où Dieu nous fait connaître sa volonté et
son dessein à notre égard. Mais toutes ces Annonciations doivent s'unir et se
fondre dans une Annonciation essentielle : l'Annonce que Jésus peut naître en
nous, peut naître de nous - non point dans le sens où il fut conçu et mis au
monde par la Vierge Marie, car il s'agit là d'un miracle unique et inégalable,
mais dans le sens d'une prise de possession toute spirituelle et en même temps
très réelle de notre personne par le Sauveur. Et puis rappelons-nous que toute
Annonciation authentique est aussitôt suivie d'une Visitation : la faveur
divine étendue sur nous doit immédiatement provoquer de notre part une
démarche, une parole ou un acte de charité envers nos frères. Voilà pourquoi
l'évangile des matines de l'Annonciation est le récit de la visite faite par
Marie à Elisabeth. La Mère de Dieu, aussitôt après son entretien avec Gabriel,
va porter la grâce à sa cousine et faire rayonner cette grâce sur Elisabeth et
Jean.
Extrait du livre L'An de grâce du Seigneur,
signé "Un moine de l'Église d'Orient",
Éditions AN-NOUR (Liban) ;
Éditions du Cerf, 1988.
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QUELQUES NOTES SUR L'HISTORIQUE DE CETTE FÊTE.
La date de la fête de l'Annonciation montre clairement sa
dépendance à celle de la nativité du Seigneur : 25 mars / 25 décembre ; elle ne
peut donc avoir été célébrée à cette date avant la fixation de la date de Noël.
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A.
Roublev Cathédrale de la Dormition Vladimir |
L'incertitude1 sur la date de la naissance selon la chair
de Notre Seigneur Jésus entraina dans les premiers siècles une diversité de
dates pour la célébration de l'incarnation du Christ : vers le 20 mai en Egypte
aux dires de Clémént d'Alexandrie, peut-être après Pâques en Palestine.... Ce
n'est que vers le début du IV siècle que les dates du 25 décembre à Rome et en
Occident et du 6 janvier en Orient s'imposèrent comme célébrations des
manifestations du Christ incarné.
A la fin du IV siècle l'Orient reçu la date du 25 décembre
pour la célébration des mystères liés à la Nativité, réservant celle du 6
janvier à ceux liés au baptême du Seigneur ; cependant qu'en Occident la
réception de la festivité du 6 janvier comme célébration des Epiphanies aux
nations (adoration des mages, baptême du Seigneur et noces de Canna) affectera,
plus spécifiquement, celle du 25 décembre à la contemplation de l'incarnation
du Fils.
La date de la Nativté fixée et acceptée dans les diverses
Eglises, c'est probablement au cours du VI et VII° siècles qu'apparût la
solemnité de l'Annonciation le 25 mars2. La première mention en est faite dans
une lettre de Justinien à l'Eglise de Jérusalem (550)
Il est toutefois probable qu'avant cette date, des commémorations
de la salutation de l'ange Gabriel à la vierge Marie, lui annonçant la joie de
la conception divine, et du "fiat" de Marie ( ...qu'il me soit fait
selon ta parole.) ont existé. Dans la liturgie syriaque le deuxième dimanche de
la préparation à Noël est consacré à l'Annonciation, la liturgie des Coptes
d'Egypte honore également la Mère de Dieu par des hymnes durant cette période3.
Dans les églises d'Espagne et probablement des Gaules,
marquées d'influences des liturgies d'Orient le second dimanche de l'Avent
célébre la rencontre de l'archange et de la Vierge. Enfin il faut signaler
qu'en Espagne au X° concile de Tolède (656), les évêques maintiennent face à la
fête du 25 mars, une célébration de l'Annonciation le 18 décembre.
1 - La découverte récente (1995), dans les grottes de Qumran,
d'un calendrier liturgique pour le service du Temple de Jérusalem, permettant
de dater le tour de rôle de St. Zacharie le père du précurseur, semble montrer
que la date du 25 décembre aurait un autre fondement que la christianisation de
la fête cosmique du sol invictus.
2 - La date du 25 mars étant connu d'Augustin d'Hippone, cette chronologie
pourrait toutefois être contredite. Il est interessant de noter qu'au mois du
calendrier hébraïque (Aviv) correspondant on célébrait la sortie (Exode)
d'Egypte.
3 - Dans les Eglises syriaques et copte, ll existe une célébration de l
'Annonciation au printemps, équivalente à celle du 25 mars. Ce pourrait être
une introduction plus récente, due à l'influence de Byzance, et la célébration
d'avant Noël un témoin de l'usage ancien.
L'ICÔNE DE LA FÊTE.
L'icône de de la fête nous donne à voir le mystère célébré en
ce jour.
A.
Roublev Cathédrale de l'Annonciation Moscou |
Devant une architecture montrant que la la scène se passe à
l'intérieur mais qui évoque aussi cette "maison bâtie par la Sagesse"
de la 3° leçon de vêpres (Prov. IX 1-11) et plus encore la porte spirituelle
(3° tropaire de la litie), la chambre nuptiale construite par Dieu (7° ode du
canon), le logis que le Fils du Père vient habiter (Apostiches de matines), les
deux personnes du récit évangélique se présentent à notre regard.
Leurs attitudes contrastent :
L'ange est animé d'un mouvement de projection ; sur certaines icônes ce
mouvement partant du haut se prolonge dans sa droite qui s'avance vers la
Vierge dans un geste qui évoque à la fois la parole énoncée, l'autorité et la
bénédiction. La main gauche tient un sceptre / bâton signe de puissance et de
mission.
La Vierge assise sur un trône, auquel elle est identifiée (3° tropaire de la
litie), parfois debout, a une attitude de recueillement et de réceptivité. Un
escabeau sous ses pieds indique sa majesté. Sa main droite esquisse un signe
d'acceptation. Elle tient dans sa main gauche (sur de nombreuses icônes) le fil
pourpre et le fuseau : elle tisse le voile du Temple, activité qui annonce sa
maternité divine : Le voile du Temple selon l'épître aux Hébreux figure la
chair du Christ.
Quelques icônes montrent le livre du prophète Isaïe, ouvert à l'annonce de la
conception virginale : Ecoutez donc, Maison de David !...Le Seigneur lui-même
vous donnera un signe. Voici que la Vierge est enceinte et va enfanter un fils,
et elle l'appellera Emmanuel (Dieu avec nous). (Isaïe 7, 13-14), indique la
méditation de la Mère de Dieu à l'instant de la venue de l'archange.
Plus rarement on peut voir représenté, posé sur une base de colonne, un vase :
c'est celui qui contient la manne pain céleste descendu d'En haut ; parfois ce
vase fleurit d'une végétation nouvelle qui évoque le printemps, signe du
renouveau du monde.
Entre l'ange et la Mère de Dieu un rayon descendant signe discrètement l'action
de l'Esprit Saint.
L'éclat rayonnant du fond d'or (ou de la couleur qui lui est substituée),
l'harmonie des couleurs participent à la joie et à la gloire de l'évênement :
"En ce jour, c'est l'heureuse annonce de la joie, c'est la fête de la
Vierge; le monde d'ici-bas s'accorde aux choses d'en-haut ; Adam est renouvelé,
Eve délivrée de sa première affliction et le tabernacle de notre condition
humaine devient le temple de notre Dieu par divinisation de la nature assumée.
Mystère que la façon dont s'abaisse le Seigneur, merveille que le mode inouï de
sa conception! Et du miracle un Ange se fait le serviteur; le sein d'une Vierge
reçoit le Fils par l'envoi de l'Esprit divin et d'en haut le Père exprime sa
bienveillance; l'union s'accomplit en la commune volonté; en lui et par lui
nous voilà sauvés ; unissons donc nos voix à celle de Gabriel et crions à la
Vierge: Réjouis-toi, Pleine de grâce de qui nous vient le salut, le Christ
notre Dieu, car il a pris notre nature pour l'élever jusqu'à lui. Intercède
auprès de lui pour qu'il sauve nos âmes."
Apostiches des vêpres
***
TEXTES
SERMON POUR L'ANNONCIATION ST. EPHREM LE SYRIEN
Contemplez Marie, mes bien-aimés, voyez comment Gabriel entra
chez elle et quelle objection elle lui adressa : Comment cela va-t-il se faire
? (Lc 1, 34). Le serviteur de l'Esprit Saint lui fit cette réponse : « Cela
est facile à Dieu ; pour lui tout est simple.» Considérez comme elle crut à la
parole entendue et dit : Voici la servante du Seigneur (Lc 1, 38).
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Kiev
Cathédrale Sainte Sophie XII° sciècle |
Dès lors le Seigneur descendit d'une manière que lui seul
connaît ; il se mit en mouvement et vint comme il lui plaisait ; il entra en
elle sans qu'elle le sente, et elle l'accueillit sans éprouver aucune
souffrance. Elle portait en elle, comme un enfant, celui dont le monde était
rempli. Il descendit pour être le modèle qui renouvellerait l'antique image
d'Adam. Aussi, lorsqu'on t'annonce la naissance de Dieu, observe le silence.
Que la parole de Gabriel te soit présente à l'esprit, car il n'y a rien d'impossible
à cette glorieuse Majesté qui s'est abaissée pour nous et qui est née de notre
humanité.
En ce jour, Marie est devenue pour nous le ciel qui porte
Dieu, car la Divinité sublime est descendue et a établi en elle sa demeure. En
elle, Dieu s'est fait petit - mais sans amoindrir sa nature - pour nous faire
grandir. En elle, il nous a tissé un habit avec lequel il nous sauverait. En
elle se sont accomplies toutes les paroles des prophètes et des justes. D'elle
s'est levée la lumière qui a chassé les ténèbres du paganisme. Nombreux sont
les titres de Marie, et il convient que je les rapporte. Elle est le palais
dans lequel a habité le puissant Roi des rois. Et il ne l'a pas quittée comme
il était venu, car c'est d'elle qu'il a pris chair et qu'il est né.
Elle est aussi le nouveau ciel dans lequel a habité le Roi des
rois. En elle s'est levé le Christ et d'elle il est sorti pour entrer dans la
création, formé et façonné à son image. Elle est le cep de vigne qui a porté la
grappe. Elle a donné un fruit supérieur à la nature ; et lui, bien que
différent d'elle par sa nature, a revêtu sa couleur et est né d'elle. Elle est
la source de laquelle ont jailli les eaux vives pour les assoiffés, et ceux qui
ont goûté de sa boisson portent des fruits au centuple.
***
HOMÉLIE D'ABRAHAM D'EPHÈSE PRONONCÉE LE 25 MARS, ENTRE 530 ET
550 :
"Grand et célèbre est ce jour, il n'y a pas de discours
capable de décrire l'amour qu'aujourd'hui Dieu a montré aux hommes.
Aujourd'hui s'est accompli le dessein établi avant les siècles
pour le salut du genre humain.
Aujourd'hui le Verbe qui, comme le Père, n'a pas de
commencement, s'est enfermé dans la matrice virginale et il apparaît comme un
enfant.
Aujourd'hui celui qui réside dans le sein du Père
inséparablement, est reçu dans le sein de la Vierge."
***
HOMÉLIE DE SAINT NICOLAS CABASILAS POUR L'ANNONCIATION À LA
TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU
ET TOUJOURS VIERGE MARIE (EXTRAITS)
S'il fallut jamais que l'homme se réjouît et dansât et chantât
de joie, s'il y eut un instant que l'on doive célébrer avec grandeur et éclat,
s'il faut pour cela demander la hauteur de l'esprit, la beauté du discours et
l'élan des paroles, je n'en connais pas d'autre que ce jour où un ange vint du
ciel annoncer tout bien à la terre. Maintenant le ciel est en fête, maintenant
resplendit la terre, maintenant la création tout entière se réjouit et celui-là
même qui tient les cieux en sa main n'est pas absent de la fête - car ce qui a
lieu aujourd'hui est bien une panégyrie, une célébration universelle. Tous s'y
rassemblent en une figure unique, en une même joie, dans ce même bonheur qui
survient pour tous : et pour le Créateur, et pour toutes ses créatures et pour
la mère elle-même du Créateur, celle qui a fait de lui un participant de notre
nature, de nos assemblées et de nos fêtes. [...]
La Vierge s'offrit d'elle-même et fut l'ouvrière de ce qui
attira l'artisan vers la terre et mit en mouvement sa main créatrice. Qu'est-ce
donc ? Ce furent sa vie toute-pure, le renoncement à tout péché, l'exercice de
toute vertu, l'âme plus pure que la lumière, le corps en tout spirituel, plus
lumineux que le soleil, plus pur que le ciel, plus saint que le trône des
chérubins ; un envol de l'esprit ne craignant aucune hauteur, surpassant même
les ailes des anges ; un désir de Dieu anéantissant tout emportement de l'âme ;
une prise de possession par Dieu, une intimité avec Dieu excluant toute pensée
créée. Ayant orné son âme et son corps de tant de beauté, elle attira le regard
de Dieu et révéla la beauté de notre commune nature par sa propre beauté ; elle
a ainsi attiré l'impassible, et celui que l'homme avait rebuté par le péché est
devenu Homme par la Vierge.[...]
Lorsque vint le moment où parut celui qui apportait l'annonce,
elle crut, fit confiance et accepta le service. Car c'est cela qui était
nécessaire, et il le fallait en tout cas pour notre salut. Si en effet elle
n'en avait pas été capable, la Bienheureuse n'aurait pu voir la bienveillance
de Dieu pour l'homme, car il n'aurait pas désiré descendre sans qu'il y eût
quelqu'un pour le recevoir, quelqu'un qui fût capable de servir l'économie du
salut - et la volonté de Dieu sur nous n'aurait pas pu passer en acte si la Vierge
n'avait pas cru et acquiescé. Et la preuve en est que Gabriel s'est réjoui
lorsque, s'adressant à elle et l'appelant pleine de grâce, il lui expliqua
tout le mystère (Lc 1,26-33). Mais Dieu ne descendit pas sans que la Vierge eût
demandé à savoir de quelle manière elle enfanterait. Dès qu'il l'eut persuadée,
dès qu'elle eut accepté la requête, tout l'oeuvre se réalisa aussitôt : Dieu
revêtit l'homme et la Vierge devint Mère de son Créateur.
Si la Toute-Pure a observé devant Dieu tout ce qu'il faut
observer, si elle s'est montrée aussi sainte comme homme sans rien omettre de
ce qui se doit, comment n'eût-elle pas convenu à Dieu ? Et si rien n'a échappé
à la Vierge de ce qui pouvait la désigner comme Mère de Dieu, si elle en a
conçu un ardent amour pour lui, encore plus Dieu devait-il observer le juste
retour et devenir son Fils. lui qui donne aux princes méchants selon leur
coeur, comment n'aurait-il pas pris comme mère celle qui s'était montrée en
tout selon son désir ? C'est ainsi que ce don fut approprié et convenable en
tout pour la Bienheureuse. C'est pourquoi, pour lui annoncer clairement qu'elle
allait enfanter Dieu, Gabriel lui dit : Il régnera pour les siècles sur la
maison de Jacob et son règne n'aura pas de fin (Lc 1,33). Comme si ce
qu'elle venait d'apprendre n'était ni étrange ni inhabituel, elle reçut cette
annonce avec joie. Et d'une voix bienheureuse, l'âme exempte de trouble et dans
le calme des pensées, elle répond : Voici la servante du Seigneur, qu'il
m'advienne selon ta parole ! (Lc 1,38).
Tels furent ses mots, et la réalité suivit : Et le Verbe
est devenu chair, et il a fait son habitation en nous (Jn 1,14). Ayant
donné sa réponse à Dieu, elle en reçut l'Esprit, artisan de cette chair
consubstantielle à Dieu. Sa voix fut une voix puissante, comme le dit David
(cf. Ps 67,34), et le Verbe du Père fut formé par le verbe d'une mère, le
Créateur par la voix d'une créature. Et de même que Dieu dit : Que la
lumière soit !, et aussitôt la lumière fut (Gn 1,3), de même la vraie lumière
se leva à la voix de la Vierge, et Il s'unit à la chair et fut enfanté, Celui
qui illumine tout homme venant en ce monde (Jn 1, 9).
Ô voix sainte ! Ô majesté de tes paroles puissantes ! Ô bouche
bienheureuse rassemblant de l'exil l'univers entier ! Ô trésor de ce coeur qui
déverse en quelques mots sur nous l'abondance de ses biens ! Ces mots ont
transformé la terre en ciel et vidé l'enfer de ses prisonniers, ils ont fait du
ciel l'habitation des hommes, des anges leurs compagnons, ils ont fondu en un
seul choeur la race des cieux et celle de la terre.
Quelle action de grâce t'adresserons-nous pour ces paroles ?
Oh, que peut-on te dire, toi dont rien n'est digne parmi les hommes ? Nos
paroles viennent de ce qui est, mais toi tu excèdes tout ce qui surpasse le
monde. S'il faut te présenter des mots, ce doit être oeuvre des anges, oeuvre
de l'intellect chérubique, oeuvre de langues de feu. Aussi pour parler
dignement de ta puissance, ayant commémoré par la bénédiction ce qui est de
toi, t'ayant chanté comme notre salut autant qu'il nous est possible, nous
voudrions encore emprunter la voix des anges, et nous terminerons notre
discours en t'honorant par ces mots de la salutation de Gabriel : Réjouis-toi,
pleine de grâce, le Seigneur est avec toi !