Comment
faire face à l’omniprésence de la grossièreté et de la vulgarité dans notre
société ?
Source : P. Christophe
Levalois
Il est un sujet qu’abordent très rarement les hommes
politiques, sinon jamais, qui est absent des débats électoraux, et qui pourtant
affecte en profondeur et négativement la société : la grossièreté et la
vulgarité, sous toutes leurs formes possibles, ainsi que les conséquences de
celles-ci, dont la violence et la pornographie. C’est pourtant aujourd’hui une
réalité massive, omniprésente et profondément destructrice.
« Sa bouche est pleine de malédiction, De tromperie et de
violence ; Il a sous la langue forfait et méfait. » (Psaume 10 (9)
,7)
La
grossièreté gangrène les relations humaines
La grossièreté gangrène les relations humaines. Elle fait
partie du paysage sonore quotidien que chacun subit. Elle s’est installée dans
le langage à tel point qu’elle n’est guère remarquée, sauf s’il s’agit d’un
excès, et semble aller de soi pour le plus grand nombre. Mieux, ou plutôt pire,
elle devient posture, voire snobisme, un passage obligé pour faire montre d’un
parler supposé vrai et authentique ! En somme la vulgarité s’érige en
modèle et un mimétisme écervelé le propage. Les films, les séries, certaines
émissions en regorgent, les réseaux sociaux l’étalent.
Peu se posent la question des conséquences d’un tel langage
sur tout un chacun. Bien sûr, la grossièreté, qui est aussi un langage, n’est
pas ici considérée comme un outil maitrisé, employé sciemment à des fins
chirurgicales, mais comme une réalité qui domine et même possède celui qui en
use et en abuse. D’une part, ce langage est pauvre, stéréotypé, répétitif, on
est très loin de l’argot ou d’expressions populaires à la fois drôles,
inventives, colorées, pertinentes tout en étant pleines d’une grande sagesse.
D’autre part, il blesse, obscurcit et divise jusqu’au conflit. Mais surtout,
trop peu imaginent à quel point les répercussions sont négatives sur la
psychologie et plus généralement sur l’âme de chacun. Le mot grossier employé n’est
pas un son neutre, il est à l’origine de bien des émotions, de perceptions qui
perturbent et altèrent la vie intime, mais aussi parasitent et modifient
durablement le regard porté sur le monde et la relation construite avec
celui-ci ainsi qu’avec autrui.
Aussi, constater que bien des enfants, dès leur plus jeune
âge, subissent ces agressions verbales et gestuelles, quand il ne s’agit pas
d’actes, est profondément affligeant, d’autant plus qu’elles installent
solidement en eux un terrible handicap, car ils construisent alors leur
personnalité en absorbant cette pesanteur destructrice.
Quelle
nourriture pour l’âme ?
Cette grossièreté se décline sous tous les modes d’expression
de l’être humain. Il y a certes les mots, mais s’y ajoutent aussi les gestes,
les attitudes, les images et toutes les productions où les êtres humains se
parlent à eux-mêmes et aux autres, plus ou moins consciemment, en écho au
présent pour édifier l’avenir.
Tout cela est d’abord une nourriture pour le psychisme et
l’âme. En effet, de même que le corps se nourrit de nourritures matérielles qui
lui apportent des éléments indispensables à son existence, le psychisme et
l’âme se nourrissent aussi d’éléments qui sont eux plus subtils, mais tout
aussi importants pour leur édification, pour la vie intérieure présente et son
évolution. Si l’on note aujourd’hui une tendance générale à préconiser, à juste
titre, une nourriture plus saine pour la bonne santé du corps, par contre, de
manière tragique, cette démarche salutaire n’est pas étendue aux autres types
de nourritures qui pourtant jouent un rôle tout aussi décisif pour l’être.
L’être humain édifie par ses paroles et ses actes, son univers
au quotidien. Quel monde construisons-nous avec de tels mots et de tels modes
d’expression marqués par la grossièreté ? Les obscurcissements de la
pensée, puis les destructions intérieures qu’ils engendrent finissent par se
concrétiser à l’extérieur, de manière tangible, en tragédies, petites et
grandes, aussi bien individuelles que collectives.
La
pornographie et la violence, installées dans le quotidien
La violence et la pornographie, qui est elle-même une violence
associée à la grossièreté, sont très répandues dans notre société et
inévitables au quotidien. Cela à tel point que l’on peut considérer que le flot
continuel des mots, des images et des actes constitue un véritable harcèlement
pour tous. Violence dans les relations humaines, dans les médias, les jeux, les
films, les séries, toutes les sortes d’images, etc., trop souvent même hyper
violence, car ce gouffre est sans fond ! L’autre, privé du respect, est
souvent soit un gibier, un domestique, voire un esclave en puissance !
Violence des mots, des gestes, des images, des sonorités, des actes. Tout est
lié. Le monde que l’on construit décline ensuite l’esprit qui l’habite sous ses
multiples aspects.
La pornographie est un fléau qui ne cesse de se développer en
inondant les différents vecteurs de communication tout en se banalisant. Elle
est parfois explicite, d’autre fois implicite et insidieuse. Pourtant, depuis
bien des années des rapports tirent la sonnette, notamment pour les enfants,
concernant le déferlement de la violence et de la pornographie diffusées par
les différents médias et l’impact ravageur sur les comportements. Ce fut le
cas, par exemple, en 2002, dans deux rapports, l’un commandés par le ministre
de la Culture et de l’Information, l’autre par le ministre de la Justice.
Récemment, un sondage de l’Ifop, pour l’Observatoire de la
parentalité et de l’éducation numérique (OPEN), publié en mars 2017, révélait
que « la moitié des adolescents âgés de 15 à 17 ans ont déjà surfé sur un site
pornographique (51%) ». Un pourcentage en hausse par rapport à un sondage
effectué il y a quatre ans où il s’établissait à 37%. Le même sondage montre
aussi que pour près d’un adolescent sur deux (45%), le film pornographique a
participé à l’apprentissage de sa sexualité… Aussi le décret de la ministre de
la Culture, en février dernier, stipulant que les films avec des scènes de sexe
non simulées ne seront pas automatiquement interdits aux mineurs suscite
l’incompréhension et ne va assurément pas dans le bon sens.
«
À chacun je demanderai compte de la vie de son frère » (Genèse 9, 5)
Les mots ouvrent le chemin aux gestes et aux attitudes, ils
accaparent et stimulent les pensées, pour finir, au terme de cette logique, par
des actes d’une violence parfois extrême dont les effets destructeurs pour la
personne peuvent persister durant tout le restant de l’existence.
Les grossièretés enferment peu à peu l’être dans un monde à
l’image de celles-ci. Ce n’est pas une libération, ni une croissance, encore
moins une élévation, mais une chute et un emprisonnement dans la souffrance et
l’absurde, car l’horizon se dérobe toujours plus et le sens disparaît. De plus,
sans respect de l’autre, pas non plus de véritable respect de soi-même… agonie
continuelle de l’âme !
L’éveil d’une nouvelle conscience partagée par le plus grand
nombre, des citoyens et des responsables politiques, est indispensable.
Celle-ci commence par la prise de conscience de l’ampleur de ce phénomène, de
ses effets ravageurs et de ses conséquences dramatiques ; les
chiffres très élevés des violences diverses et des agressions
sexuelles ainsi que des viols témoignent du caractère massif de cette réalité.
Elle se concrétise par la capacité de chacun à dire « non » et à être
vigilant, y compris et d’abord vis-à-vis de soi-même, aux grossièretés, à la
vulgarité des gestes et des comportements, aux émissions, films, images et
textes qui s’en font les serviteurs, et « oui » à ceux qui œuvrent
pour le respect, en paroles et en actes, de la personne. Il y a urgence !
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Jurer
est-il un péché ?
Le fait de jurer, ou d'utiliser un langage grossier, est
mentionné à de nombreuses reprises dans la Bible.
Dans la culture populaire d’aujourd’hui, jurer, ou utiliser un langage
grossier, est extrêmement courant. À première vue, cela ne semble pas être un
péché car le juron ne vise pas forcément à blesser quelqu’un. Mais cette
« mauvaise » utilisation du langage se retrouve dans différentes
lectures de la Bible comme du catéchisme.
1/Utiliser le nom du Seigneur en vain
Tout d’abord, chaque fois que quelqu’un utilise le nom du
Seigneur dans ses jurons, il s’agit d’une violation directe du deuxième
commandement.
Le deuxième commandement interdit l’abus du nom de Dieu,
c’est-à-dire tout usage inconvenant du nom de Dieu, de Jésus Christ, de la Mère
de Dieuet de tous les saints.
C’est probablement la manière la plus évidente dont les jurons
peuvent être un péché, car ils ne traitent pas le nom de Dieu avec respect.
2/Injurier d’autres personnes
L’autre façon dont les jurons peuvent être un péché est
d’appeler les autres par des noms vulgaires :
Dieu appelle chacun d’entre nous par son nom. Le nom de chacun
est sacré. Le nom est l’icône de la personne. Il exige le respect comme signe
de la dignité de celui qui le porte.
Appeler quelqu’un par un quelconque nom d’oiseau est ainsi
considéré comme une violation du deuxième commandement.
3/Le langage grossier en général
Au-delà des exemples ci-dessus, il existe encore une zone
grise car l’Église n’énumère pas tous les mots grossiers faisant l’objet d’un
péché. Cependant, la Bible souligne à plusieurs reprises la nécessité d’éviter
tout « langage grossier ».
Mais
maintenant, vous aussi, débarrassez-vous de tout cela : colère, emportement,
méchanceté, insultes, propos grossiers sortis de votre bouche. (Col
3:8)
Ce n’est
pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur ; mais ce qui sort de la
bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. (Mt 15:11)
Enfin, comme c’est le cas pour tout péché, une personne doit
savoir que c’est un péché et dire ces mots avec en pleine connaissance de
cause. Sous le coup de la colère ou de l’agacement, il arrive de laisse passer
un ou deux jurons. Et ils est parfois difficile d’arrêter le flot de noms plus
ou moins grossiers qui nous viennent à l’esprit. Mais chacun doit garder à
l’esprit que notre langage a pour but d’élever les autres, au lieu de les rabaisser.
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