samedi 7 décembre 2024

 

Vivre les Béatitudes 4

- Bienheureux ceux qui ont faim de justice


La béatitude : « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés » (Matthieu 5, 6) est un appel profond au désir et à la transformation spirituelle. Pour vraiment comprendre cet enseignement, nous devons en approfondir le sens, les implications pour nos vies et la promesse qu’il contient pour ceux qui le poursuivent avec ferveur.


Que signifie avoir faim de justice ?

La soif de justice va bien au-delà de l’obéissance aux lois ou de la recherche de la justice du monde. Elle nous appelle à cultiver un désir profond et sincère de la volonté de Dieu, en alignant nos désirs et nos actions sur son dessein divin. Le mot grec original utilisé dans ce passage, dikaiosyne (δικαιοσύνη), peut être traduit à la fois par « droiture » et « justice ». Ainsi, cette béatitude nous invite à nous efforcer d’atteindre une union plus profonde avec Dieu, en faisant du Royaume des cieux la plus haute priorité de notre vie.

Saint Grégoire de Nysse enseigne que cette faim n'est pas une aspiration à la richesse matérielle, au pouvoir ou à la gloire terrestre, mais une aspiration à la « justice aux yeux de Dieu, à la justice divine ». Cette faim de droiture nous conduit à rechercher ce qui est nécessaire pour être digne de la vie éternelle dans le Royaume de Dieu.

Le chemin vers la faim spirituelle

Avant de pouvoir avoir faim de justice, nous devons nous débarrasser des passions et des désirs mondains qui nous distraient de Dieu. Ce processus commence par l’humilité, la douceur et le deuil de notre nature pécheresse. Tout comme le sol doit être débarrassé des mauvaises herbes pour permettre à une graine de s’épanouir, nos âmes doivent être débarrassées des distractions pour laisser place au désir de Dieu.

La véritable faim spirituelle se développe lorsque nous reconnaissons la vacuité des activités terrestres et commençons à aspirer à la plénitude que seul Dieu peut nous offrir. Saint Grégoire souligne que la nourriture du Christ – faire la volonté du Père – doit aussi devenir notre nourriture (Jean 4, 34). Cela signifie donner la priorité à la volonté de Dieu dans nos vies par la prière, le jeûne et les actes de charité, plutôt que de rechercher le réconfort, le plaisir ou la reconnaissance.

Les vertus de la faim et de la soif

Lorsque nous avons soif de justice, nous commençons à aspirer à la vertu. Comme l’explique saint Grégoire, ce désir englobe toutes les formes de vertu, y compris la prudence, la force, la tempérance et la justice. Notre soif de justice et de droiture de Dieu transforme notre cœur, nous guidant pour aligner nos choix sur les commandements de Dieu et son désir de salut.

La nature éphémère des plaisirs terrestres est comparée à un « tonneau plein de trous », comme le décrivent les écrits sur la sagesse. Ces activités n’offrent qu’une satisfaction temporaire et nous laissent souvent un sentiment de vide. En revanche, la poursuite de la vertu apporte une joie et un épanouissement durables, car la bonté que nous atteignons devient une partie durable de qui nous sommes.

La promesse d'accomplissement

L’une des plus grandes promesses de cette béatitude est que ceux qui ont faim de justice seront rassasiés. Cet accomplissement n’est pas passager ou superficiel, mais une satisfaction profonde et durable qui vient de la communion avec Dieu. À mesure que nous progressons dans des vertus telles que l’amour, la patience et l’humilité, nous éprouvons un sentiment durable de paix et de joie. Saint Grégoire nous assure que cet accomplissement est un processus continu : « Ayons faim de la justice de Dieu, afin d’en être rassasiés dans le Christ Jésus, notre Seigneur, à qui soit la gloire pour les siècles des siècles. »

Une quête de toute une vie

La soif de justice n’est pas un accomplissement ponctuel, mais un processus de croissance continuel. Comme l’écrit saint Paul : « Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix ou que j’aie déjà atteint la perfection ; mais je cours » (Philippiens 3:12). Ce cheminement exige une repentance constante et des efforts pour atteindre la sainteté tout en reconnaissant nos propres limites et faiblesses.

Conclusion : un appel à la transformation spirituelle

« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice » est une invitation à une vie de profond désir spirituel et d’engagement envers la volonté de Dieu. Elle nous met au défi de réorienter nos désirs, en faisant de la poursuite du Royaume de Dieu la priorité absolue de notre vie. En nous débarrassant des distractions du monde, en nous alignant sur la volonté de Dieu et en cultivant la vertu, nous trouvons l’épanouissement dans cette vie et nous nous préparons à la communion éternelle avec Dieu.

Efforçons-nous d’avoir faim de ce qui est éternel, confiants que le Christ remplira nos âmes de la nourriture qui mène à la joie et à la paix éternelles.