Vivre les
Béatitudes 4
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Bienheureux ceux qui ont faim de justice
La béatitude : « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice,
car ils seront rassasiés » (Matthieu 5, 6) est un appel profond au
désir et à la transformation spirituelle. Pour vraiment comprendre cet
enseignement, nous devons en approfondir le sens, les implications pour nos
vies et la promesse qu’il contient pour ceux qui le poursuivent avec ferveur.
Que
signifie avoir faim de justice ?
La soif de justice va bien au-delà de l’obéissance aux lois ou
de la recherche de la justice du monde. Elle nous appelle à cultiver un désir
profond et sincère de la volonté de Dieu, en alignant nos désirs et nos actions
sur son dessein divin. Le mot grec original utilisé dans ce passage, dikaiosyne
(δικαιοσύνη), peut être traduit à la fois par « droiture » et « justice ».
Ainsi, cette béatitude nous invite à nous efforcer d’atteindre une union plus
profonde avec Dieu, en faisant du Royaume des cieux la plus haute priorité de
notre vie.
Saint Grégoire de Nysse enseigne que cette faim n'est pas une
aspiration à la richesse matérielle, au pouvoir ou à la gloire terrestre, mais
une aspiration à la « justice aux yeux de Dieu, à la justice divine ». Cette
faim de droiture nous conduit à rechercher ce qui est nécessaire pour être
digne de la vie éternelle dans le Royaume de Dieu.
Le chemin
vers la faim spirituelle
Avant de pouvoir avoir faim de justice, nous devons nous
débarrasser des passions et des désirs mondains qui nous distraient de Dieu. Ce
processus commence par l’humilité, la douceur et le deuil de notre nature
pécheresse. Tout comme le sol doit être débarrassé des mauvaises herbes pour
permettre à une graine de s’épanouir, nos âmes doivent être débarrassées des
distractions pour laisser place au désir de Dieu.
La véritable faim spirituelle se développe lorsque nous
reconnaissons la vacuité des activités terrestres et commençons à aspirer à la
plénitude que seul Dieu peut nous offrir. Saint Grégoire souligne que la
nourriture du Christ – faire la volonté du Père – doit aussi devenir notre
nourriture (Jean 4, 34). Cela signifie donner la priorité à la volonté de Dieu
dans nos vies par la prière, le jeûne et les actes de charité, plutôt que de
rechercher le réconfort, le plaisir ou la reconnaissance.
Les
vertus de la faim et de la soif
Lorsque nous avons soif de justice, nous commençons à aspirer
à la vertu. Comme l’explique saint Grégoire, ce désir englobe toutes les formes
de vertu, y compris la prudence, la force, la tempérance et la justice. Notre
soif de justice et de droiture de Dieu transforme notre cœur, nous guidant pour
aligner nos choix sur les commandements de Dieu et son désir de salut.
La nature éphémère des plaisirs terrestres est comparée à un «
tonneau plein de trous », comme le décrivent les écrits sur la sagesse. Ces
activités n’offrent qu’une satisfaction temporaire et nous laissent souvent un
sentiment de vide. En revanche, la poursuite de la vertu apporte une joie et un
épanouissement durables, car la bonté que nous atteignons devient une partie
durable de qui nous sommes.
La
promesse d'accomplissement
L’une des plus grandes promesses de cette béatitude est que
ceux qui ont faim de justice seront rassasiés. Cet accomplissement n’est pas
passager ou superficiel, mais une satisfaction profonde et durable qui vient de
la communion avec Dieu. À mesure que nous progressons dans des vertus telles
que l’amour, la patience et l’humilité, nous éprouvons un sentiment durable de
paix et de joie. Saint Grégoire nous assure que cet accomplissement est un processus
continu : « Ayons faim de la justice de Dieu, afin d’en être rassasiés dans le
Christ Jésus, notre Seigneur, à qui soit la gloire pour les siècles des
siècles. »
Une quête
de toute une vie
La soif de justice n’est pas un accomplissement ponctuel, mais
un processus de croissance continuel. Comme l’écrit saint Paul : « Ce n’est pas
que j’aie déjà remporté le prix ou que j’aie déjà atteint la perfection ; mais
je cours » (Philippiens 3:12). Ce cheminement exige une repentance constante et
des efforts pour atteindre la sainteté tout en reconnaissant nos propres
limites et faiblesses.
Conclusion
: un appel à la transformation spirituelle
« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice » est une
invitation à une vie de profond désir spirituel et d’engagement envers la
volonté de Dieu. Elle nous met au défi de réorienter nos désirs, en faisant de
la poursuite du Royaume de Dieu la priorité absolue de notre vie. En nous
débarrassant des distractions du monde, en nous alignant sur la volonté de Dieu
et en cultivant la vertu, nous trouvons l’épanouissement dans cette vie et nous
nous préparons à la communion éternelle avec Dieu.
Efforçons-nous d’avoir faim de ce qui est éternel, confiants
que le Christ remplira nos âmes de la nourriture qui mène à la joie et à la
paix éternelles.