Vu de
l'étranger :
Que
signifie la restauration
de
Notre-Dame de Paris ?
09 décembre
Auteur: Kirill Aleksandrov
UOJ/ spzh.eu
Trad : Google
L'ouverture de Notre-Dame restaurée marque-t-elle un pas vers
le christianisme ? Photo : UOJ
La cathédrale Notre-Dame restaurée a été inaugurée en France.
Il y a cinq ans, l'UOJ écrivait pourquoi elle avait brûlé. Il est désormais
temps d'écrire sur ce que signifie sa réouverture.
L'article «
Pourquoi la cathédrale Notre-Dame a-t-elle brûlé ? » a été publié peu
après cet événement tragique, le 15 avril 2019. À cette époque, l'incendie
avait détruit tout ce qu'il pouvait dans la cathédrale, et sans l'action
héroïque des pompiers, ce monument vieux de 850 ans n'aurait peut-être jamais
pu être restauré.
L'incendie de Notre-Dame, 2019. Photo : Le Figaro
L'idée principale de l'article de l'époque était que
l'incendie pouvait servir de symbole de la renonciation de l'Europe au
christianisme. En France, comme dans d'autres pays européens, le christianisme
était devenu inutile, superflu, et les églises chrétiennes étaient donc
considérées comme superflues. Et c'est peut-être là la véritable cause de
l'incendie. Mais aujourd'hui, la cathédrale Notre-Dame a été restaurée. Est-ce
que cela signifie que nos hypothèses étaient fausses ? Y a-t-il encore de
l'espoir pour le renouveau de la foi chrétienne chez les gens ? Est-il possible
que tout puisse être ressuscité dans sa gloire d'antan, comme Notre-Dame ?
Examinons cela et réfléchissons.
La
cérémonie d'ouverture
La
cérémonie d'ouverture a été grandiose . Environ 1 500 invités ont été
conviés à l'événement, parmi lesquels des hommes politiques, des hommes
d'affaires, des personnalités publiques et religieuses. Parmi eux se trouvaient
des présidents et des premiers ministres de plus de 40 pays, dont le prince
britannique William, le président élu américain Donald Trump, l'actuelle
première dame des États-Unis Jill Biden, le président allemand Frank-Walter
Steinmeier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le roi Mohammed VI du
Maroc, le président italien Sergio Mattarella et bien d'autres.
Le programme d'ouverture de la cathédrale a débuté à 19 heures
le 7 décembre 2024 et a été diffusé en direct par les chaînes de télévision de
plus de 20 pays. Au son des cloches, l'archevêque de Paris, Laurent Ulrich, a
frappé symboliquement aux portes de la cathédrale avec son bâton. Ce bâton est
inhabituel, il est constitué d'un élément en bois carbonisé de l'intérieur, qui
a survécu à l'incendie.
L'archevêque de Paris, Laurent Ulrich, frappe aux portes de la cathédrale. Photo : Le Figaro
Le président français Emmanuel Macron et ses invités sont ensuite entrés dans la cathédrale et les festivités ont commencé. Macron a prononcé un discours devant le public. La question de savoir où il prononcerait son discours est d’ailleurs devenue une pierre d’achoppement entre les autorités laïques et le clergé catholique. L’archidiocèse de Paris a insisté pour que Macron parle à l’extérieur, tandis que les autorités ont insisté pour qu’il prononce son discours à l’intérieur de la cathédrale. L’archidiocèse a fait valoir qu’il était inapproprié pour le président de se tenir devant l’autel et de prononcer des discours, que la cathédrale n’était pas un lieu pour des proclamations politiques. Finalement, Macron a prononcé son discours à l’intérieur.
Discours
de Macron
Le discours de Macron manque d'originalité. Il a exprimé sa
gratitude à la « nation française, à tous ceux qui ont sauvé, aidé et restauré
Notre-Dame de Paris », a évoqué l'héroïsme des pompiers et a rappelé le chiffre
de 340 000 personnes du monde entier qui ont fait des dons pour la restauration
de la cathédrale. D'ailleurs, la part du lion de ces dons est venue de quelques
milliardaires. Par exemple, la famille Bettencourt-Meyers, propriétaire de
L'Oréal, a contribué à hauteur de 200 millions d'euros. 200 millions
supplémentaires sont venus de Bernard Arnault, patron de LVMH (qui comprend
Christian Dior, Louis Vuitton, Givenchy et Hennessy et d'autres).
François-Henri Pinault, propriétaire de Kering (qui comprend Saint Laurent,
Gucci et Balenciaga et d'autres), a fait don de 100 millions d'euros. Au total,
environ 1 milliard d'euros ont été dépensés pour la restauration.
Macron a remercié les bâtisseurs et les restaurateurs, nommant
les responsables du projet qui ont conduit le processus. La fin du discours du
président français a sonné pathétique : « La cathédrale est une métaphore
heureuse de ce que devraient être une nation et le monde. <...>
Notre-Dame nous dit que nos rêves, même les plus fous, ne sont possibles que
grâce à la volonté de chacun et à l'engagement de tous. <...> Les cloches
sonneront, l'orgue s'éveillera, les fidèles viendront prier, le monde verra la
cathédrale reconstruite et transformée. Et nous devons chérir cette leçon de
fragilité, d'humilité et de détermination et ne jamais oublier combien chaque
personne est importante et combien la grandeur de cette cathédrale est
indissociable du travail de tous. »
Cette phrase – « les fidèles viendront prier » – était
peut-être la seule mention de quelque chose de religieux dans le discours
prononcé à l’occasion de la réouverture de la cathédrale restaurée. On y
trouvait de belles paroles sur la grandeur de la culture française, le
patrimoine historique, le courage des sauveteurs et le travail acharné des
restaurateurs. Mais il n’y avait aucune mention du christianisme, du Sauveur du
monde, ni de la Très Sainte Théotokos, qui est la Mère de tous les croyants en
Christ. Le président français a terminé son discours par trois exclamations : «
Vive Notre-Dame de Paris ! Vive la République ! Vive la France ! » Et une
question naturelle se pose : à quoi la cathédrale est-elle dédiée ? À la Vierge
Marie ou à l’État français ? De quoi est-elle le symbole : de la grandeur du
Christ ou de la grandeur de la nation ?
La suite
de la cérémonie
Après le discours de Macron, l'archevêque de Paris, Laurent
Ulrich, est monté sur scène et a adressé un joyeux salut « à tous ceux qui
viendront à l'église : chrétiens, non-chrétiens et non-croyants ». Là encore,
selon les normes laïques et diplomatiques, tout était parfaitement conforme.
Venez tous, voyez la beauté de la cathédrale, émerveillez-vous devant les
vitraux et les fresques, admirez les colonnes et les statues. Mais qu'en
est-il, en fait, de la foi au Christ et de la prédication de l'Évangile ? Et
que dire du fait que Notre-Dame de Paris a été construite, en fait, pour y
célébrer une liturgie, à laquelle ne peuvent assister tous « ceux qui viennent
à l'église », mais seulement ceux qui sont fidèles au Christ ? Monseigneur
Ulrich a également lu un salut du pape, qui brillait par son absence, mais nous
y reviendrons plus tard.
Ensuite, une messe a eu lieu, d'une quarantaine de minutes.
Ensuite, il y a eu un concert de plus de deux heures, un documentaire sur la
restauration de la cathédrale, etc. Curieusement, de nombreux médias européens
n'ont même pas mentionné la messe, comme si elle n'avait pas eu lieu ou était
si insignifiante qu'elle ne méritait pas d'être mentionnée. Au lieu de cela,
ils ont fait de longs reportages sur les stars qui se sont produites lors du
concert, sur les invités qui étaient présents et sur ceux qui ne voulaient pas
s'asseoir à côté de qui. Par exemple, on a pris grand soin de ne pas placer
Jill Biden, l'épouse de l'actuel président américain, à côté de Donald Trump.
L'absence
du pape François
Le président français Emmanuel Macron avait adressé il y a
longtemps une invitation publique au pape François pour la cérémonie de
réouverture de la cathédrale Notre-Dame. Mais en novembre 2024, le pape a
publiquement décliné l’invitation. Son refus a été formulé de telle manière
que, pour le dire clairement, il a été ressenti comme une gifle aux autorités
françaises. Officiellement, le Vatican n’a pas donné de raisons pour ce refus,
ni n’a cité l’état de santé du pape, ce qui aurait semblé quelque peu plausible
(il a 87 ans). Par ailleurs, juste avant la grande réouverture de Notre-Dame,
le pape s’est rendu en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor
oriental et à Singapour. Et une semaine après la cérémonie à Paris, le 15
décembre 2024, le pontife devait se rendre en Corse pour participer à une
conférence « Religiosité populaire en Méditerranée ». Sentez-vous la différence
d’échelle ?
Selon Le Figaro, qui cite ses sources, le refus diplomatique
du Vatican s'explique par le fait que le pape ne voulait pas participer au
spectacle politique orchestré par Macron, qui a utilisé le thème de la
restauration de la cathédrale pour renforcer son image quelque peu ternie et,
par extension, son influence politique. À l'été 2024, Macron a dissous le
Parlement et convoqué des élections anticipées, au cours desquelles son parti
politique a subi une défaite retentissante, tandis que les partis d'extrême
droite sont sortis victorieux. Deux jours avant la réouverture de Notre-Dame,
le Parlement a voté une motion de censure contre le gouvernement, entraînant sa
démission. En fait, toute la présidence de Macron peut difficilement être
qualifiée de réussie. Il n'y a eu aucune réalisation réelle, seulement des
échecs et des revers. La France est honteusement expulsée d'Afrique, les
problèmes internes restent non résolus, les agriculteurs sont mécontents,
l'immigration clandestine augmente, etc. La seule réalisation positive notable,
son soi-disant héritage politique, est la restauration de Notre-Dame de Paris.
En réalité, il n’y est pour rien : la plupart des fonds proviennent d’autres
personnes, sans compter que ce sont d’autres personnes qui ont sauvé la
cathédrale pendant l’incendie et qui ont travaillé à sa restauration par la
suite.
Le Figaro écrit que le pape François n'a pas voulu être «
marginalisé » lors de la cérémonie d'ouverture et a refusé de participer à une
célébration du dirigeant français, qui s'est transformée en « un acte politique
international en l'honneur de la France ».
Il s’agit du même dirigeant qui, cet été, a donné une
performance véritablement sacrilège à l’ouverture des Jeux olympiques,
ridiculisant le Christ, l’Église et les chapitres tragiques de l’histoire de
France.
La scène symbolisant la Cène lors de la cérémonie d'ouverture
des Jeux olympiques de Paris, le 26 juillet 2024. Photo : une capture d'écran
de la retransmission
Dans l’article « Pourquoi la cathédrale Notre-Dame a brûlé »,
déjà mentionné, il est question de la fermeture et de la démolition d’églises
chrétiennes par les autorités locales, qui ne peuvent plus se permettre de les
entretenir et de les réparer. Sans fidèles, les églises sont jugées inutiles et
peuvent être soit démolies, soit réaffectées à d’autres fins. Personne
n’envisage de les restaurer, contrairement à Notre-Dame de Paris, car il serait
impossible d’utiliser cela à des fins de relations publiques politiques.
Notre-Dame a été restaurée, mais la fermeture des églises dans toute la France
s’est poursuivie, et même accélérée. C’est ce que note le rapport sur
l’inventaire des bâtiments religieux de l’archidiocèse catholique de France,
préparé à la demande des sénateurs français Pierre Uzulias et Anna Ventalon en
juillet 2022. Les principaux points de ce rapport, intitulé « États généraux du
patrimoine religieux », ont été publiés par le journal catholique La Croix deux
semaines avant la grande cérémonie de réouverture de Notre-Dame. Les résultats
de l'enquête menée auprès de tous les diocèses français ne sont pas
encourageants : à ce jour, près de 1 700 églises dans 69 diocèses français sont
fermées et attendent leur sort. Elles pourraient être vendues, transformées en
bars ou restaurants ou démolies car jugées inutiles.
En mars 2021, par exemple, l'église Saint-Joseph de Lille,
vieille de 135 ans, a été démolie pour laisser la place à une résidence
étudiante. L'église Saint-Germain-Couzan de Calais est vouée à la démolition.
Elle devrait être remplacée par un lotissement. Le même sort attend l'église
Saint-Sloi du Poirier de Trit Saint-Liège, construite en 1902, et bien d'autres
églises.
Conclusions
L’hypothèse émise il y a cinq ans selon laquelle l’incendie de
Notre-Dame pourrait symboliser la fin de l’ère chrétienne en Europe n’a
apparemment pas été confirmée. Cependant, la restauration de la cathédrale
après l’incendie est également loin d’être un symbole de la résurrection du
christianisme. La fermeture des églises se poursuit, les défilés de la fierté
rassemblent dix fois plus de participants que les services religieux et la
moquerie publique de la foi a atteint de nouveaux sommets. La cérémonie
d’ouverture de la cathédrale restaurée symbolise elle-même les réalisations
politiques de Macron, la puissance financière des milliardaires français, la
fierté nationale, la grandeur de la culture, etc. Bref, elle représente tout
sauf un retour à la foi chrétienne en France. Cependant, il ne s’agit pas d’une
question de symboles ; le terme « ère post-chrétienne » est utilisé depuis
longtemps pour décrire la réalité actuelle. Et les chrétiens restants se
rendent compte qu’ils ne sont qu’un petit troupeau.