mercredi 16 juillet 2025

 

De la participation des fidèles à l’Eucharistie


 

1. Bref rappel historique 
Aux premiers siècles il y eut la tradition de l'Eucharistie hebdomadaire, voire quotidienne pour saint Basile le Grand, mais St Jean Chrysostome notait qu'on pouvait aussi communier plus rarement, jusqu'à une fois tous les deux ans pour les ascètes du désert… Le jeune eucharistique total est fixé dès le IVe siècle (41 canon du Concile de Carthage) mais St Jean Chrysostome condamne ceux qui lient l'Eucharistie au Grand Carême pascal et ne communient qu'une fois l'an. 

Au XIIe-XIIIe siècles apparait la tradition d'un jeune de 7 jours précédant la Communion en dehors des 4 carêmes annuels et, devant la difficulté de tenir cette pratique, nombre de fidèles espacent exagérément les Eucharisties. Avant la révolution (en Russie) les saints comme Théophane le Reclus ou Jean de Kronstadt appellent les fidèles à communier plus souvent et l'exploit des Néomartyr durant l'oppression athée a amené les fidèles à communier plus souvent. 

2. Règle préparatoire  
La préparation à la communion, qui fait partie de la tradition de l'Église, est établie par le père spirituel et dépend de la fréquence des communions et de l'état spirituel du Chrétien. Il ne suffit pas de jeûner, il faut aussi mieux participer au Offices Divins, et lire des prières (canons, acathistes, etc.) dont la liste peut être modifiée par le père spirituel en fonction des conditions de vie du Chrétien. La participation aux vêpres et matines précédant la Liturgie est une partie importante de la préparation. 

"L'important n'est pas l'exécution "extérieure" de conditions formelles mais l'obtention d'un état de repentance de l'âme, le pardon sincère et la réconciliation avec son prochain" précise le document. 

3. Semaine Lumineuse 
La semaine qui suit Pâques constitue un cas particulier dans la règle de préparation à l'Eucharistie. L'ancienne règle de la Communion générale obligatoire le dimanche a été étendue à tous les jours de la Semaine Lumineuse au VIIe siècle (66e canon du concile in Trullo, 691 à 692) et, "comme il est de règle de ne pratiquer aucun jeune durant cette semaine qui suit les sept semaines de l'exploit du Grand Carême et de la Semaine Sainte, il est bon de reconnaitre comme canonique la pratique de nombreuses paroisses de l'Église de limiter la préparation de la Communion au jeune eucharistique pour ceux qui ont respecté le Carême. 

4. Jeune eucharistique 
Il se distingue de la règle préparatoire et consiste en l'abstinence totale de toute nourriture et boisson depuis minuit précédant la Sainte Communion. Ce jeune est canoniquement obligatoire et ne peut être annulé, mais il ne s'applique pas aux nourrissons, aux personnes gravement malades, pour qui la prise d'aliments et de médicaments est indispensable, et aux mourants. 

Pour la liturgie des Dons Présanctifiés, qui a lieu le soir, le début du jeune eucharistique reste fixé à minuit, sauf pour ceux qui ne peuvent physiquement supporter une abstinence aussi longue; ils doivent néanmoins le respecter pendant six heures pleines. 

Les canons interdisent les relations conjugales pendant le jeune eucharistique et les réponses 5 et 13 de St. Timothée d'Alexandrie prolongent l'abstinence jusqu'à 24 heures. 

5. Confession et Communion. Obstacles à la Communion aux Saints Dons 
Le repentir sincère et la confession fait intrinsèquement partie de la règle de préparation à l'Eucharistie. Exceptionnellement le père spirituel peut dispenser de la confessions systématique avant chaque Communion ceux qui communient plusieurs fois par semaine, en particulier pendant les Semaines Sainte et Lumineuse. 

Ne peuvent pas communier ceux qui sont en colère, qui ont des pêchés graves non confessés, des offenses non pardonnées. Ceux qui osent communier dans un tel état subissent le jugement divin selon la parole de l'apôtre: "car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même." (Cor 11.29) 

6. Communion et vie familiale et aussi morale individuelle 
L'Église insiste sur la nécessité du mariage religieux mais ne prive pas de la communion aux Saints Dons ceux qui, mariés civilement et respectant toutes les obligations de cette union, ne l'ont pas consacrée par un mariage religieux. Cette mesure d'économie (cf. Cor. 7.14 et canon 72 du concile in Trullo) vise à faciliter la participation à la vie religieuse de ceux qui se sont mariés civilement avant de participer en toute conscience aux sacrements de l'Église. Elle reconnait la validité de ce mariage (à l'exclusion des cas d'interdiction canonique comme les mariages entre parents proches ou entre personnes du mêmes sexe, admis dans certains pays mais inacceptables pour l'Église) et les distingue de la fornication peccamineuse qui constitue un obstacle canonique à la communion. Toutefois il est du devoir des pasteurs de rappeler aux croyants la nécessité du mariage religieux. 

La préparation des enfants à la Sainte Communion est spécifique et se fait sous la responsabilité des parents qui doivent consulter le père spirituel; elle dépend de l'âge, de la santé et du degré d'"éclésiation" de l'enfant. La réponse 18 de St. Timothée d'Alexandrie indique que la première confession a lieu à 10 ans, mais la tradition de l'Église russe ramène ce début à 7 ans. Le carême eucharistique n'est pas obligatoire avant 3 ans. 

7. Conclusion 
Le sacrement de l'Eucharistie est le sacrement central de l'Église et la Communion régulière est donc indispensable au salut du croyant. En ce qui concerne la fréquence St. Théophane le reclus préconise de le faire "le plus souvent possible, selon l'autorisation du père spirituel. Mais efforcez-vous à chaque fois d'approcher avec une bonne préparation et, surtout, avec crainte et anxiété, pour que cela ne devienne pas une simple habitude."

Source : les VCO