De la
participation des fidèles à l’Eucharistie
1. Bref
rappel historique
Aux premiers siècles il y eut la tradition de l'Eucharistie hebdomadaire, voire
quotidienne pour saint Basile le Grand, mais St Jean Chrysostome notait qu'on
pouvait aussi communier plus rarement, jusqu'à une fois tous les deux ans pour
les ascètes du désert… Le jeune eucharistique total est fixé dès le IVe siècle
(41 canon du Concile de Carthage) mais St Jean Chrysostome condamne ceux qui
lient l'Eucharistie au Grand Carême pascal et ne communient qu'une fois
l'an.
Au XIIe-XIIIe siècles apparait la tradition d'un jeune de 7 jours précédant la
Communion en dehors des 4 carêmes annuels et, devant la difficulté de tenir
cette pratique, nombre de fidèles espacent exagérément les Eucharisties. Avant
la révolution (en Russie) les saints comme Théophane le Reclus ou Jean de
Kronstadt appellent les fidèles à communier plus souvent et l'exploit des Néomartyr
durant l'oppression athée a amené les fidèles à communier plus souvent.
2. Règle préparatoire
La préparation à la communion, qui fait partie de la tradition de l'Église, est
établie par le père spirituel et dépend de la fréquence des communions et de
l'état spirituel du Chrétien. Il ne suffit pas de jeûner, il faut aussi mieux
participer au Offices Divins, et lire des prières (canons, acathistes, etc.)
dont la liste peut être modifiée par le père spirituel en fonction des
conditions de vie du Chrétien. La participation aux vêpres et matines précédant
la Liturgie est une partie importante de la préparation.
"L'important n'est pas l'exécution "extérieure" de conditions
formelles mais l'obtention d'un état de repentance de l'âme, le pardon sincère
et la réconciliation avec son prochain" précise le document.
3. Semaine Lumineuse
La semaine qui suit Pâques constitue un cas particulier dans la règle de
préparation à l'Eucharistie. L'ancienne règle de la Communion générale
obligatoire le dimanche a été étendue à tous les jours de la Semaine Lumineuse
au VIIe siècle (66e canon du concile in Trullo, 691 à 692) et, "comme il
est de règle de ne pratiquer aucun jeune durant cette semaine qui suit les sept
semaines de l'exploit du Grand Carême et de la Semaine Sainte, il est bon de
reconnaitre comme canonique la pratique de nombreuses paroisses de l'Église de
limiter la préparation de la Communion au jeune eucharistique pour ceux qui ont
respecté le Carême.
4. Jeune eucharistique
Il se distingue de la règle préparatoire et consiste en l'abstinence totale de
toute nourriture et boisson depuis minuit précédant la Sainte Communion. Ce
jeune est canoniquement obligatoire et ne peut être annulé, mais il ne
s'applique pas aux nourrissons, aux personnes gravement malades, pour qui la
prise d'aliments et de médicaments est indispensable, et aux mourants.
Pour la liturgie des Dons Présanctifiés, qui a lieu le soir, le début du jeune
eucharistique reste fixé à minuit, sauf pour ceux qui ne peuvent physiquement
supporter une abstinence aussi longue; ils doivent néanmoins le respecter
pendant six heures pleines.
Les canons interdisent les relations conjugales pendant le jeune eucharistique
et les réponses 5 et 13 de St. Timothée d'Alexandrie prolongent l'abstinence
jusqu'à 24 heures.
5. Confession et Communion. Obstacles à
la Communion aux Saints Dons
Le repentir sincère et la confession fait intrinsèquement partie de la règle de
préparation à l'Eucharistie. Exceptionnellement le père spirituel peut
dispenser de la confessions systématique avant chaque Communion ceux qui
communient plusieurs fois par semaine, en particulier pendant les Semaines
Sainte et Lumineuse.
Ne peuvent pas communier ceux qui sont en colère, qui ont des pêchés graves non
confessés, des offenses non pardonnées. Ceux qui osent communier dans un tel
état subissent le jugement divin selon la parole de l'apôtre: "car celui
qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un
jugement contre lui-même." (Cor 11.29)
6. Communion et vie familiale et aussi
morale individuelle
L'Église insiste sur la nécessité du mariage religieux mais ne prive pas de la
communion aux Saints Dons ceux qui, mariés civilement et respectant toutes les
obligations de cette union, ne l'ont pas consacrée par un mariage religieux.
Cette mesure d'économie (cf. Cor. 7.14 et canon 72 du concile in Trullo) vise à
faciliter la participation à la vie religieuse de ceux qui se sont mariés
civilement avant de participer en toute conscience aux sacrements de l'Église.
Elle reconnait la validité de ce mariage (à l'exclusion des cas d'interdiction
canonique comme les mariages entre parents proches ou entre personnes du mêmes
sexe, admis dans certains pays mais inacceptables pour l'Église) et les
distingue de la fornication peccamineuse qui constitue un obstacle canonique à
la communion. Toutefois il est du devoir des pasteurs de rappeler aux croyants
la nécessité du mariage religieux.
La préparation des enfants à la Sainte Communion est spécifique et se fait sous
la responsabilité des parents qui doivent consulter le père spirituel; elle
dépend de l'âge, de la santé et du degré d'"éclésiation" de l'enfant.
La réponse 18 de St. Timothée d'Alexandrie indique que la première confession a
lieu à 10 ans, mais la tradition de l'Église russe ramène ce début à 7 ans. Le
carême eucharistique n'est pas obligatoire avant 3 ans.
7. Conclusion
Le sacrement de l'Eucharistie est le sacrement central de l'Église et la
Communion régulière est donc indispensable au salut du croyant. En ce qui
concerne la fréquence St. Théophane le reclus préconise de le faire "le
plus souvent possible, selon l'autorisation du père spirituel. Mais efforcez-vous à chaque fois
d'approcher avec une bonne préparation et, surtout, avec crainte et anxiété,
pour que cela ne devienne pas une simple habitude."
Source : les VCO