Posons-nous
la question du salut !
22 novembre 2025
Tel tu
es, tel tu seras –
Ce qui nous attend après la mort nous préoccupe-t-il ?
Nous n’y pensons pas trop. La mort elle-même, nous la laissons souvent
s’occulter. Le salut, nous en parlons rarement. Mais l’Église est la
gestionnaire de la vie et de la mort et nous trouvons dans sa liturgie, ses
prières et ses sacrements, à méditer sur la proximité de la mort et à nous
préparer sur notre prochaine condition de défunts… Selon saint Jean Damascène,
nous serons, au-delà de la mort, ce que nous sommes quand le Seigneur vient
nous redemander notre vie.
L’enfer de la frustration
Le tourment de certains défunts ne vient pas de punitions
infligées par un dieu vengeur. Si nous ne prenons pas au sérieux l’après-vie,
nous serons tourmentés par les passions et les péchés que nous n’aurons pas guéris.
L’enfer provisoire intercalé entre le trépas et le Jugement ultime est marqué
par la frustration. Nous ne pourrons y assouvir nos désirs parce que l’objet de
ceux-ci sera absent et parce que nous serons privés du corps, qui met en œuvre
les passions de l’âme. Nous ne pourrons satisfaire ni la haine, ni la
convoitise, ni la vanité, ni l’avarice, ni la gourmandise ! Les obsessions
et les addictions qui tourmentent notre âme en cette vie la tourmenteront
là-bas sans aucun espoir de les assouvir. « Pour nous, dit Jean Damascène,
le supplice n’est rien d’autre que le feu de l’appétit insatisfait » (cité
par Dumitru Stàniloae, Théologie Dogmatique Orthodoxe, 3, p. 237).
Le
tourment de l’irréparable
Une autre souffrance est celle qu’inspirera aux plus conscients
d’entre nous le souvenir de leurs fautes. Le sentiment de l’irréparable,
l’impossibilité de faire que n’existe pas le mal que nous avons commis,
l’impuissance à consoler ceux que nous avons fait souffrir, fait le désespoir
des damnés. Dans cette vie déjà, nous connaissons le sentiment de
l’irrémédiable : comme nous voudrions ne pas avoir prononcé telle
parole ! Comme je voudrais ne pas avoir commis tel acte ! Comment
ai-je pu faire cela ? Quelle marche-arrière activer pour reprendre ma vie
dans le bon sens ? Dans l’au-delà, la souffrance sera celle d’un repentir
sans solution, puisque les personnes que nous avons blessées ne seront pas là
pour que nous implorions leur pardon. Mourir sans être pardonné, c’est
s’exposer à la privation de l’amour, grande souffrance des damnés (saint Isaac
le Syrien).
L’ascèse
libératrice
Mais nous pouvons dès cette vie nous préparer à la vie qui
vient. Plutôt que d’être tourmentés dans l’au-delà, nous pouvons dès maintenant
nous affranchir de nos passions, de nos désirs et de nos addictions. C’est tout
le sens de l’ascèse chrétienne, ascèse libératrice, préparation à franchir le
seuil de la mort en toute liberté, en état de communion avec le Père et avec le
prochain ; à regarder le monde avec amour et compassion. L’ascèse sert à
la conversion du désir. Le jeûne, l’aumône, l’amour des ennemis, le repentir
forment un état de dépossession et de liberté. Les saints meurent sans laisser
de dettes !
L’indispensable
absolution
Plutôt que d’être tourmentés par des fautes irrémédiables,
nous pouvons le plus vite possible, pour prendre de vitesse l’heure de notre
mort, confesser, c’est-à-dire avouer tous les péchés de notre vie, surtout ceux
qui pèsent le plus sur notre conscience. Hâtons-nous d’en obtenir l’absolution.
Le Seigneur Christ a, dès sa résurrection corporelle, donné à ses apôtres la
grâce de délier « au ciel comme sur la terre ». Nos péchés les plus
impardonnables, ceux dont nous ne pouvons plus demander pardon aux personnes
que nous avons fait souffrir ou que nous avons trompées, nous pouvons en
demander pardon au Père céleste ; nous pouvons en être pardonnés par la
grâce du saint Esprit et par la parole du Verbe. Nous pouvons également
rechercher ces personnes pour leur demander pardon quand il est temps, ou bien
dire au Christ : Pardonne-moi pour ton serviteur N… ! Dans la vie
après la vie, nous pourrons alors rencontrer ces personnes ; ce ne sera
pas l’Enfer d’un remords sans solution ; ce sera le Paradis des pécheurs
pardonnés qui peuvent se regarder en face.
Faire
tout le bien possible
Et encore, « tant que nous en avons l’occasion,
pratiquons le bien à l’égard de tous », dit saint Paul (Galates 6,
1). Nous ne sommes pas sûrs d’être de ceux qui, depuis le Paradis, prient avec
amour pour ceux de la terre. « Quand la fête se termine, on n’échange plus
de biens, écrit Jean Damascène. Où sont, en effet, les pauvres ? Où, les
donateurs ? Avant cette heure, nous pouvons nous aider les uns les autres…
offrir au Dieu ami des hommes des signes de notre amour pour les frères »
(p. 223).
Non seulement, sortons de nos péchés anciens et actuels, mais
ne nous exposons pas à regretter, une fois morts, le bien que nous aurions pu
faire, le bonheur dont nous n’aurons pas joui par ingratitude ou que nous
n’aurons pas offert à autrui. « Ainsi, commente saint Dumitru (p. 225),
notre existence terrestre revêt une importance unique, décisive ».
(a.p. Marc-Antoine –
23/11/2025)
Source / https://www.sagesse-orthodoxe.fr